Dans cette interview exclusive avec Malha, la talentueuse artiste, elle a parlé de ses anecdotes inédites et des perspectives passionnantes sur son parcours et ses projets futurs. L’icône de la nouvelle génération d’artistes a beaucoup travaillé dans le but de laisser des empreintes sur la scène musicale.
Vous êtes dans le top 3, si ce n’est la toute première femme comorienne a rentré dans l’afrobeat, qu’est-ce qui vous a initialement inspiré à vous lancer dans ce style de musique ?
Depuis toujours, l’Afrique a été une immense source d’inspiration pour moi. Les Comores, en tant que carrefour de cultures, offrent une richesse musicale unique. J’ai grandi en écoutant de grandes voix africaines qui ont façonné mon identité artistique. Aujourd’hui, avec l’émergence de styles comme l’afrobeat, l’afro house et l’amapiano, je ressens une connexion profonde avec ces genres qui résonnent à l’échelle mondiale. La musique évolue sans cesse, et je souhaite contribuer à cette dynamique en apportant ma propre vision et en célébrant la diversité de notre patrimoine culturel.
Comment décrivez-vous l’impact que vous avez laissé sur la scène nationale en tant que première femme à avoir suivi un autre chemin que celui de Zaïnaba, Chamsia … ?
Je respecte profondément les contributions de figures emblématiques comme Zaïnaba et Chamsia, qui ont ouvert la voie pour nous toutes. Leur impact est indéniable et continue de résonner. Aujourd’hui, dans un monde où la communication est omniprésente, il est essentiel d’aller au-delà du simple rôle de chanteuse. Nous devons devenir des marques à part entière, capables de raconter notre histoire et d’inspirer les générations futures. Mon objectif est de fusionner notre héritage culturel avec des influences contemporaines pour créer quelque chose d’unique et de puissant sur la scène nationale.
Quel moment de votre carrière vous a le plus marqué ?
En Égypte, j’ai été accueillie de manière incroyable, et les conditions de travail étaient exceptionnelles. Cela a renforcé mon admiration pour la musique et son pouvoir de créer des connexions. Avec mes musiciens, j’ai vécu des moments intenses qui m’ont montré à quel point notre art peut transcender les frontières.
Que pouvez-vous nous dire à propos de votre récente tournée en Tanzanie ?
Ma tournée en Tanzanie a également été marquante, révélant une autre facette de notre métier, axée sur le professionnalisme et la communication. Ces expériences m’ont appris que la musique va bien au-delà de chanter ; c’est une vocation qui demande passion, collaboration et dévouement.
Bien que vous ayez récemment été en tournée, qu’on vous a surtout vu en studio. On ne vous voit clairement plus sur scène ces derniers temps. Pourquoi ?
J’ai pris le temps de réévaluer mes objectifs à moyen terme. J’ai voulu me concentrer sur la production pour préparer et peaufiner mon premier projet. Cette phase en studio est essentielle pour moi, car elle me permet de créer une musique qui me ressemble et d’apporter quelque chose de nouveau et d’authentique sur scène.
« Ngamina power », que veut réellement dire cette expression ? Que cache-t-elle derrière ?
« Ngamina Power », littéralement ‹‹ j’ai le pouvoir”, revêt pour moi une signification profondément révolutionnaire. Ce slogan incarne l’émancipation des femmes et la force féminine. Il vise à inspirer les femmes en leur rappelant qu’elles sont puissantes et capables de surmonter tous les obstacles. « Ngamina Power » leur dit : n’acceptez plus le dénigrement, ne vous limitez pas à la résilience. Vous avez le contrôle de votre destin et êtes capables de réaliser tout ce que vous désirez.
Comment pensez-vous que vous avez évolué, à la fois en tant qu’artiste ambassadrice et personne, durant ces dernières années ?
Mon parcours n’a pas été facile, surtout après le décès de mes parents, ce qui m’a obligé à me relever seule. En repensant à la jeune Malha d’il y a dix ans, je réalise le chemin parcouru. Aujourd’hui, je suis mariée et mère de quatre enfants, et je fais un métier qui me passionne malgré les défis. Je suis fière de ma trajectoire, qui m’a non seulement permis de grandir en tant qu’artiste et ambassadrice, mais aussi en tant que personne. Chaque étape m’a renforcée et m’a appris à croire en mes rêves et en ma capacité à inspirer les autres.
Sur les réseaux, vous semblez toujours avoir une grande influence auprès de vos fans malgré encore une fois l’absence de projets récents. Comment arrivez-vous à garder des relations saines avec les fans ? Vous n’avez pas le sentiment de les manquer un peu plus ?
Le secret pour maintenir une relation saine avec mes fans réside dans l’authenticité et la sincérité. Je reçois tellement d’encouragements que cela me pousse à être toujours vraie avec eux. J’éprouve un profond respect et un amour pour les personnes qui me soutiennent, même si ma pudeur me rend parfois réservée.
Récemment dans un wukumbi, vous avez lancé un slogan comme quoi « osons les live, fini la facilité ». Qu’avez-vous à dire de plus à ce cela ?
Le slogan « Osons les live, fini la facilité » reflète une réalité alarmante : notre culture du live est en danger. De nombreux artistes ont quitté le pays pour diverses raisons, et nous manquons cruellement de musiciens. De plus, il semble que la quête du perfectionnisme fasse défaut. Peu à peu, notre patrimoine musical s’éteint, et cela ne choque personne. Il est temps de redynamiser notre scène et de célébrer la musique live pour préserver notre héritage et inspirer les générations futures.
Avez-vous des projets en cours ou prévus pour un retour sur scène ?
Oui, j’ai plusieurs projets en cours. Mon album sortira avant la fin de l’année 2024, c’est certain. Quant à mon retour sur scène, je prévois un grand événement en décembre et je tiens à donner rendez-vous au peuple comorien. La date exacte sera bientôt annoncée, et j’ai hâte de partager ces moments uniques avec mon public.
Comment voyez-vous l’avenir de votre carrière ? Un retour progressif ou un changement radical dans votre approche artistique ?
Je prône un changement radical dans ma carrière. Mon objectif est de surprendre mon public en leur proposant des textes forts et engagés, accompagnés de musiques entraînantes qui donnent envie de danser et de faire la fête. Je veux créer une expérience qui allie réflexion et célébration.
Quel est votre regard sur la nouvelle génération d’artistes dans le pays ? Autrement dit parmi tant d’artistes évoluant actuellement laquelle vous vous retrouvez n’est ce reste qu’un petit peux chez elle ?
Pour être honnête, la nouvelle génération d’artistes regorge de talents innés. Leur créativité et leur simplicité sont remarquables. Cependant, pour franchir les prochaines étapes de leur carrière, il est essentiel qu’ils travaillent encore plus et qu’ils bénéficient d’un accompagnement à la hauteur de leur potentiel.
Que pensez-vous de l’évolution de l’industrie musicale et artistique dans le pays depuis vos débuts jusqu’à maintenant ?
L’évolution de l’industrie musicale comorienne depuis mes débuts est marquante. Nous sommes loin de l’époque où la vente physique des CD était la norme. Aujourd’hui, je crois fermement que l’avenir de notre musique réside dans le numérique. Pour tirer parti de cette transformation, il est crucial d’avoir des professionnels compétents qui maîtrisent les outils adéquats.
Quel conseil donneriez-vous à la nouvelle génération d’artistes qui aspire à laisser une empreinte sur la scène nationale ?
Mon conseil pour la nouvelle génération d’artistes est simple : chanter est un métier exigeant, qui demande sacrifice et travail acharné. Acceptez la remise en question et entourez-vous des bonnes personnes. Ne lâchez jamais prise et croyez fermement en vous-même. Votre passion et votre détermination seront vos meilleurs atouts pour laisser une empreinte durable sur la scène nationale.
Propos recueillis par Inmadoudine Bacar