Quelques mois après le dialogue national, Said Ahmed Said Abdillah a répondu à nos questions. Selon lui, c’est le chef de l’Etat qui a sciemment exclu le G10 du dialogue national. Toutefois, il annonce que son parti Comores Alternatives se prépare d’ores et déjà aux prochaines échéances électorales.

Le G10 avait boudé le dialogue national, alors quelle est sa stratégie politique à mettre en place plus particulièrement votre parti politique, Comores Alternatives ?
Le dialogue national initié par le colonel Azali Assoumani marque un virage à la politique qu’il a mené depuis 2016. Il a fait le choix de rester avec ceux qu’il pense être ses vrais alliés et collaborateurs et ceux qu’il a sciemment ignorés et méprisés dont fait partie le G10. Le G10 n’a pas boudé le dialogue national comme vous le dites. Le G10 a été parmi les premiers à demander et à montrer la nécessité du dialogue national afin d’apaiser les climats politiques et sociales de notre pays. Le G10 avait demandé un dialogue national inclusif, en faisant surtout venir le camp de l’opposition jusqu’au plus radical. Le chef de l’Etat a fait son choix nominativement en signant un décret convoquant le dialogue national et les partis politiques conviés et le G10 n’en faisait pas partie. C’est le chef de l’Etat qui a sciemment exclu le G10 du dialogue national. N’ayant pas pris part au dialogue national, le G10, j’ose croire, a juste pris acte de la volonté du chef de l’Etat. Pour la stratégie politique qu’elle compte mener, il y a un bureau exécutif de G10 à Moroni, vous pouvez la contacter pour la connaître. En ce qui concerne, le parti Comores Alternatives dont j’ai l’honneur de diriger, nous nous préparons aux futures élections présidentielles de 2024. Nous avons soutenu le référendum constitutionnel et l’élection du président Azali Assoumani dont le mandat prendra fin d’ici une année et demie. Pour nous, Azali Assoumani est le président de l’Union des Comores. Comme dit Napoléon Bonaparte : « le vainqueur est celui qui est maître du champ de bataille. ». Celui ou celle qui ignore ou feint d’ignorer son échec ne peut pas espérer gagner un jour. Pour y espérer gagner un jour, il faudra d’abord reconnaître son échec pour y remédier. Nous croyons que le G10, dont nous faisons partie, organisera un primaire interne pour choisir un candidat qui ne sera pas Azali Assoumani, aux prochaines élections présidentielles. Nous nous préparons pour y participer.
Si le bureau exécutif du G10, dont le président Mohamed Abdoulwoihabi, décide de soutenir la candidature d’Azali Assoumani ?
Le bureau exécutif ne peut pas décider seul pour prendre une décision très importante comme le choix d’un candidat aux élections présidentielles. C’est le bureau national qui prendra ses décisions et je suis confiant que le G10 n’est pas dupe et ne jouera pas la chaise vide aux prochaines échéances électorales. Le prophète Muhammad Ibn Abdillah, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui et sa famille a dit « la main d’un musulman n’est pas mordu par un serpent dans un même trou. ». Nous sommes convaincus et les déclarations de certaines personnes proches du régime prouvent que les élections présidentielles seront très tendues. C’est pourquoi nous nous préparons à un combat électoral rude, violent voire sanglant.
Quelle est votre réaction par rapport à la différente synthèse du dialogue national ?
Le pays a perdu du temps, de l’énergie et de l’argent pour rien. Il n’y a eu aucune proposition nouvelle, ni d’importance capitale pour notre pays. Le pays ne fait que tourner au rond or la misère sociale augmente et la population également. Le comorien n’arrive pas à acheter de quoi à manger facilement. Le peuple a même perdu confiance en la parole politique, surtout celle du régime.
La douane est pointée du doigt sur la hausse des produits de première nécessité, elle rejette ces accusations qu’elle prétend infondées et se base sur l’arrêté ministériel d’avant covid. Qu’en dites-vous ?
Le problème n’est pas la douane, qui est une direction sous tutelle du ministère des finances et du budget. C’est le ministre des finances qui pilote notre politique fiscale en collaboration, en principe du ministre de l’économie et du commerce. Un pays ne vit que de ses recettes fiscales dont la douane est notre meilleure vache à lait et le peuple le sait. Le fait que nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui continuent à croire qu’on peut gouverner un pays, voire le développer en se basant uniquement sur la politique budgétaire et la mendicité internationale est le drame de notre jeune nation. Or pour gouverner un pays, vous verrez partout ailleurs, le dirigeant a besoin d’une politique budgétaire et une politique monétaire qui doivent se combler et se compléter. Le malheur de notre pays est qu’on se demande, jusqu’à aujourd’hui le rôle de certains ministres et ministres. Le ministre de l’économie devrait, par exemple, nous expliquer les urgences de sa politique du développement pour mener le pays vers l’émergence. Car l’émergence est le fameux discours projet du chef de l’Etat. Or on constate que notre pays est piloté à vue et on ne sait pas ce que fait un tel ministre pour assurer le bien-être des Comoriens. Un Etat, ou un gouvernement doit faire le maximum pour résoudre les problèmes de la population afin qu’elle puisse mieux vivre. Il ne peut pas tout faire, mais le peuple peut sentir quelques améliorations dans son quotidien. Or aujourd’hui, on constate qu’après six ans de règne, de mai 2016 à mai 2022, on ne voit rien de palpable qui a été fait.
Il y a eu des routes qui ont été faites, par exemple le tronçon Moroni Mitsoudjé, la ville du chef de l’Etat, c’est un œuvre que le régime s’en glorifie comme une réalisation.
Il faudra donner à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, disait le chrétien. La réfection des routes de trois îles des Comores indépendantes et libres a été un projet initié et budgétisé depuis le régime du Dr Ikililou Dhoinine. Le premier tronçon celui menant vers Mitsamiouli a été inauguré par le président Azali Assoumani au début de son mandat. Par contre le régime d’Azali Assoumani a initié la construction de l’hôpital El- maarouf, moderne et de sept étages, après six ans, on n’a pas fini de le construire. Ce sont des immeubles qui se construisent en six mois au maximum dans d’autres cieux. Je ne vous dis pas le problème de Galawa, en chantier depuis six ans et une compagnie aérienne, et l’exploitation du pétrole comorien. Il y a aussi la conférence des bailleurs de fonds de Paris, dont jusqu’alors, on ne voit pas l’ombre d’une réalisation.
Votre dernier mot
Je profite de cette occasion pour faire un appel aux politiciens comoriens , hommes et femmes de tout bord que nous devons tout faire pour participer aux élections présidentielles et des gouverneurs fin 2023 et début 2024 et les rendre plus transparentes et démocratiques possibles. Pour y arriver, nous devons nous mobiliser dès maintenant pour convaincre les pays voisins et les organisations régionales, comme la CEA, Communauté économique des pays d’Afrique de l’Est, la COI et la SADC afin qu’ils nous assurent de l’envoie l’assistance militaire de nos voisins Tanzaniens, Malgaches et autres afin de sécuriser les processus électorales. Il sera aussi utile de mobiliser l’Union Africaine et l’Union Européenne pour qu’ils soutiennent financièrement l’envoie des militaires étrangères aux Comores, pendant les processus électoraux.
Propos recueillis par KDBA








