ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

2020, une année de toutes les peines !

« Je suis un être humain et rien d’humain ne m’est étranger. » écrit THRENCE, le philosophe Ethiopien, IVe siècle av. J. C

Oui, j’ai attendu que l’année 2020 s’en aille pour en parler et vous dire tout le mal que j’en pense. Quelles que soient leur âge, leur couleur, leur pays, leur continent, leurs croyances ou leurs convictions, les sept (7) milliards d’êtres humains qui vivent sur notre planète terre, ont pour caractéristique commune : la souffrance, le deuil, le chagrin d’avoir perdu un(e) proche parent à cause du COVID19 ou à la suite d’un assassinat barbare, d’un viol, d’un emprisonnement Politique.

Je sais, bien sûr, qu’il est de bon ton parmi les intellectuels de désigner et de qualifier l’année 2020 qu’elle a été celle de la pandémie de coronavirus qui a arraché la vie de plusieurs milliers d’individus, ou plutôt le 3ème mandat de certains présidents d’Afrique qui a dévoré plusieurs âmes.

Je n’oublie pas non plus que 2020 a été l’année de plusieurs conflits limités mais impliquant les grandes puissances et d’une multitude de guérillas, de guerres civiles, émaillées d’éruptions de violences qui ont touché tous les continents.

Pas un jour, pas une semaine, la paix n’a régné sur le monde pendant cette année 2020 ; les marchands de canons et, depuis peu, d’armes légères n’ont eu, par voie de conséquence, que l’embarras du choix parmi les clients, et le nombre de personnes chassées de leur pays par la guerre ou par un conflit politique n’a cessé d’augmenter.

Cette année 2020, a été celle des emprisonnements arbitraires des journalistes, celle également où la torture s’est généralisée et banalisée, au point de devenir, dans chaque police, dans chaque armée (ou milice ou guérilla) aussi indispensable que le sel en cuisine, au point que ceux qui l’ont pratiquée ne craignent pas de l’avouer publiquement et de défendre leur décision de l’utiliser.

Mais, en dépit de tout cela, l’année 2020, a été pour les Cœlacanthes des Comores, une année de progrès éclatants. L’évolution de notre équipe nationale a été si rapide, l’accélération si grande que l’espoir, tous les espoirs (y compris celui de participer à la CAN en 2022) sont désormais permis.Et la population comorienne ne cesse d’applaudir ce beau cadeau venant du ciel.

A ces maux que je viens de décrire un peu plus haut, il faut ajouter, pour faire bonne mesure, quelques autres que le nouvel an (2021) reçoit en héritage : l’intégrisme religieux et ses méfaits, le mariage pour tous dans l’île sœur de Mayotte, la banalisation de la consommation des drogues dures qui tend à se généraliser avec l’influence des pays voisins, l’augmentation du chômage, ne peut laisser personne indifférent.

Dans les pays du nord, notamment, l’Europe et l’Amérique, on peut difficilement admettre que l’année 2020, était une bonne année. Et pour cause, plusieurs milliers d’individus sont morts à cause du COVID 19. Le vaccin tant attendu ne commence que maintenant. Dans les pays pauvres et les pays moins avancés, le système sanitaire a miraculeusement trahi tous les pronostics : il y a eu moins de morts par rapport aux pays du nord, contrairement à ce qui a été annoncé par nombreux organes de presses.

Espaces de liberté

Au nord de la planète d’abord, au sud ensuite, les peuples, les minorités, les plus modestes parmi les habitants, les individus, ont voulu être plus libres et beaucoup ont réussi à le devenir, plus ou moins complètement pendant cette année 2020.

En tout, les espaces de liberté se sont élargis au détriment des partis uniques et des pouvoirs militaires surtout dans les pays du sud : l’aspiration à une vraie démocratie est devenue un phénomène politique mondial qui fait vibrer toutes les nations du monde.

Certes, aujourd’hui encore, nous savons tous que le combat pour la liberté des peuples, des minorités, des damnés et tous ceux qui ont soif de démocratie et qui souhaitent le changement, n’est pas gagné ; la liberté coûte cher, les murs à abattre sont encore nombreux et épais, raison pour laquelle, l’année 2020 n’était pas du pain benni. Espérons autre chose pour 2021.

Toutefois, on peut dire que l’Histoire retiendra de cette année 2020 qu’elle a été dominée par le corona virus. Et que Grâce à la récente découverte du vaccin contre ce virus, une étape substantielle et décisive a été franchie dans la bonne direction, celle de la libération progressive des êtres humains de leurs peurs, de leurs préjugés et des forces d’oppression. Cette année a vu aussi quelques présidents de la République, mis en accusation, dont les plus dictateurs d’entre eux se préoccupaient d’éviter le tribunal pénal international et la prison.

L’élan ayant été pris, il ne s’agit plus que de continuer du même pas dans la même direction.

Professeur Djaffar MMADI

Universitaire

Ancien Ministre

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