Ahmed Ali Amir, conseiller spécial du Président de la République en charge de la communication, parle ici du Covid à Mwali mais effleure aussi le bilan de l’année écoulée. Il nous assure que sur ce point que chaque ministre aura à faire son bilan devant la presse ce mois de janvier. Dans la gouvernance actuelle, le Chef de l’Etat privilégie le dialogue public-privé pour établir des passerelles pour une convergence sur les enjeux, dit-il. Interview.

Nous assistons ces derniers jours à une crise sanitaire majeure à Mwali. On a l’impression que la situation échappe aux autorités.
La crise sanitaire est là et le bilan n’est pas reluisant à Mwali. Le Président de la République a toujours privilégié l’anticipation et la prise des mesures préventives sur le cas de la Covid 19. La première vague, malgré la panique des premiers jours et la psychose générale, a été contenue grâce aux mesures barrières, l’interdiction de tout rassemblement, la mise en place des structures de prise en charge des malades, au protocole de traitement adopté, et à la fermeture rapide des frontières entre autres. Aujourd’hui, la flambée de la pandémie à Mwali, la virulence du virus a surpris plus d’un, démontrant que la vigilance est toujours de mise.
Mais là-dessus aussi, le Président a fait le déplacement et tenu une réunion urgente à Mwali pour évaluer la situation. Il a justement demandé si l’ile n’avait pas besoin d’un renfort immédiat de médecins et d’infirmiers, de matériels et des forces supplémentaires de sécurité. Je pense comme le dit souvent Dr Sounhadj, que la lenteur de nos services et le manque d’anticipation tuent ce pays.
Mais ce jour-là, la Président s’est convenu avec le Gouverneur de l’ile de renforcer les mesures de protection de la population, décidant ensemble de confiner les Mohéliens, de fermer les établissements scolaires, d’interdire tout rassemblement etc… Une équipe de renfort a été dépêché à Mohéli et des lots de matériels et de médicament ont été envoyés par avion et par bateau.
Deux médecins testés positifs ont pris l’avion avec des hauts responsables de l’Etat.
Le Président avait envoyé une mission de haut niveau d’évaluation. Tous les passagers de cet avion ont été confinés, les deux responsables en question ont été suspendus par la ministre de la santé. L’acte est grave et irresponsable. Personne n’est au dessus des lois. Je félicite la ministre pour la promptitude et le courage de la décision.
Malgré tout la pandémie sévit gravement à Mwali. Qu’elle est la situation aujourd’hui.
Le denier communiqué rendu public, parle de 100 nouveaux cas de Covid-19, mais aussi de 58 nouveaux guéris, mais regrette 2 nouveaux décès du Covid. Nous comptabilisons 1150 cas de COVID -19 dont 147 cas importés, 18 décès et 860 guéris.
La situation est donc préoccupante à Mwali qui compte 145 cas actifs sur les 272 répertoriés au niveau national.
A mon niveau de responsabilité, nous tentons de coordonner les actions de communication. Parce que les groupes engagés sur ce terrain là travaillent en solo, chacun y va avec son plan et son financement propre. A Mwali des caravanes sont organisées par le ministère de la santé et l’OMS pour sensibiliser en permanence les populations sur les dangers de la pandémie, il y a aussi des reportages financés par le BIT qui sont diffusées sur Ortc pour rapporter les témoignages des personnes touchées et continuer à alerter la population et les familiariser sur les mesures barrières…
A partir de demain, un point de presse sera tenu chaque jour à Mwali par le Directeur de la santé et le président du comité scientifique pour faire état de la situation, annoncer les nouvelles mesures et sensibiliser sur les attitudes à observer. Sur l’ile, les malades ne se rendent pas souvent dans les dispensaires dès la parution des premiers symptômes, fièvre, toux sèche ou fatigue. Le plus souvent, c’est après les symptômes graves, difficultés à respirer ou essoufflement, douleurs au niveau de la poitrine ou la perte totale de motricité que les familles conduisent les malades à l’hôpital. Cette situation doit changer.

Que faire alors ?
C’est à ce niveau là, que les professionnels des communications et des relations publiques doivent jouer un rôle important, assurer une communication optimale. Ils doivent dans les ministères, les entreprises publiques et privées, les villes et villages, les places publiques, les lieux de prières et d’activités culturelles, aider les populations et les employés, à acquérir d’abord une bonne compréhension des risques réels encourus, acquérir les reflexes de protection. La Banque Centrale des Comores n’a pas attendu des consignes du gouvernement pour protéger ses employés et ses clients. C’est un exemple à suivre. Exemple à prendre aussi, l’appel de Mme Abbad Djoussouf de stopper les festivités du grand mariage à Moroni, appel accueilli à Moroni par la communauté.
Le souci premier et de communiquer sans arrêt en faisant preuve de transparence totale, car les leaders d’opinion ont parfois le même niveau d’information que les plus hauts responsables sur la Covid et son évolution dans le monde. Rien ne sert de mentir dans le monde d’aujourd’hui.
Je reconnais de graves défaillances au niveau de la couverture médiatique accordée au COVID-19, parce qu’aucun rond jusqu’ici n’a été mobilisé à cet effet. Frappée aussi par la crise sanitaire, la presse surtout indépendante a besoin d’un soutien conséquent. La presse consacre moins de 5% de leur espace au Covid 19, sauf si l’information relève du sensationnel. Malgré les formations soutenues par le Pnud, le plus souvent sur les fondamentaux du journalisme, le manque de journalistes formés sur le sujet est également criant.
On note que depuis la flambée de la pandémie, l’Etat est complètement paralysé. Plus rien ne se fait.
Durant le mois de janvier, les ministres vont tenir des conférences de presse pour présenter leur bilan de l’année écoulée et les perspectives 2021. Il faudra vous préparer à les interpeller.
Mais je peux à titre indicatif, affirmer ici que la mobilisation des ressources de la Conférence des partenaires au développement est plus que satisfaisant, malgré la crise sanitaire mondiale qui a impacté les économies. Vous vous rappelez que 1,1 milliard d’Euros était déjà disponibles avant la conférence et correspond à des ressources budgétaires du gouvernement, des dons extérieurs et des emprunts. Le besoin de financement des projets présentés à la CPAD représentait 3,5 milliards d’Euros alors que les annonces des partenaires à CPAD avoisinaient les 3,9 milliards d’euros. Au jour d’aujourd’hui, 421 millions d’euros sont déjà mobilisés pour financer les projets déjà engagés, un montant représentant près de 11% du montant total des annonces de la CPAD. Mais quand on s’intéresse qu’aux élections, on ne s’informe pas assez ou pas du tout sur l‘essentiel, ce qui touche à la vie des populations.
Dans le domaine budgétaire, le ministre des finances a accordé des facilités fiscales pour soutenir les entreprises et malgré cela, il est parvenu à payer les salaires de l’Etat sans aides budgétaires et à assurer le fonctionnement de l’Etat sans aucune subvention. Faut-il vous rappeler que le régime précédent a réglé six mois d’arriérés de salaires grâce à l’argent de la citoyenneté économique et construire des routes par la même voie ?
Dans le domaine des mobilisations spécifiques du ministère en charge de l’économie et de l’énergie, le Projet hôtelier du Galawa de 56 millions €, est en cours de finalisation. En matière d’énergie renouvelable, une centrale solaire de 6 MW à Ngazidja est déjà opérationnelle, quatre autres supplémentaires en Grande-comore seront lancés avec le concours de la même société « Innovent ». A Anjouan également une centrale est lancée (Vigor et Engie), trois autres sont prévues pour couvrir l’ile, un est prévue à Mohéli. Comme vous le voyez, les Comores deviendront sous peu, un pays à énergie propre. C’est un total de 277,35 millions € qui sont engagé.
Malgré tout cela l’économie tourne au ralenti. Les chiffres sont au rouge selon les spécialistes ?
Quels spécialistes et sur la base de quels chiffres ou de quelles sources. Selon la Banque centrale et le FMI, les activités économiques du pays se sont contractées au premier semestre de l’année écoulée, suite aux mesures prises par les autorités pour lutter contre la propagation de la Covid 19. La croissance économique est projetée à 0,9% en 2020 après 2% en 2019.
Il faut souligner qu’en dépit de la pandémie, les programmes d’investissements stratégiques du Gouvernement ont continué. Ainsi dans le secteur routier, le programme 2020 a été exécuté. A fin 2020, on comptabilise 270 km de nouvelles routes construites ou en cours de construction depuis 2016 sur l’ensemble des trois iles. Dans le secteur santé, la Construction du nouvel hôpital El Maarouf a atteint près de 20% de réalisation des travaux à fin 2020. Nous sommes sur la bonne voie. Quand il s’agit de chiffres bien sûr. Pas des palabres.
Lors du discours des vœux, le Président a tendu la main, Or Mouigni continue de clamer le départ du Président.
Je tiens tout d’abord à souligner, que la main tendue du Président ne s’adresse pas à une personne, mais aux forces vives de la nation, aux personnalités de la société civile, toutes les formations politiques, au monde de l’entreprise, à la jeunesse surtout, pour accompagner le gouvernement dans sa quête d’émergence. Dans la gouvernance actuelle, le Chef de l’Etat privilégie le dialogue public-privé pour établir des passerelles pour une convergence sur les enjeux, une implication dans les grandes décisions. Si des personnes pensent qu’ils ne sont pas concernés, on n’y peut rien! Cela n’empêchera pas le Chef de l’Etat de souhaiter à tous et à toutes des vœux de bonne et heureuse année.
Propos recueillis par S.A.C