ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Culture : Djani-slam, incarne la lutte pour la protection de la femme comorienne

De son vrai nom, Djania Mohamed, et de son nom de scène, Djani-slam, elle vient de Ouani. Du haut de ses 1 m 59, elle fait exactement 22 ans. Titulaire d’une licence en Lettres Modernes Françaises à l’université de Patsy en 2021. Membre fondatrice du collectif Pomwezi en 2019, elle mène un combat pour les femmes. Timide, elle accepte de répondre à nos questions. Interview.

Parlez-nous de vous. Depuis quand vous êtes membre de Pomwezi ?

Déjà, Pomwezi regroupe et forme des slameurs. J’y fais partie depuis toujours. J’ai toujours été passionnée par le monde littéraire. J’ai fait de l’écriture une passion, un loisir. J’adore créer des fictions. Au collège, j’ai été membre du club Joal de Ouani, là-bas, j’ai approfondi mes connaissances dans la littérature. J’ai appris à écrire plus artistiquement. Alors qu’Ibrahim Mohamed, actuel président du collectif POMWEZI, cherchait des gens pour fonder un groupe de slam, je n’ai pas hésité un seul instant, voulant à tout prix découvrir cet univers du slam qui m’était encore inconnu. Ainsi avec six volontaires, le collectif POMWEZI à vu le jour.

Parmi vos textes, quel est celui dont vous êtes le plus fier ? Et dites-nous pourquoi ?

Cela paraîtra étrange, mais il n’existe pas encore. Parmi tous les textes que j’ai écrits, aucun ne m’a filé encore ce bonheur. Cela part d’un principe qu’en tant que slameuse, je ne me sens pas encore accompli. Je n’ai pas atteint le degré que j’espère avoir. Je considère également que mes textes ne sont pas encore à la hauteur d’une fierté. Toutefois, il y en a un d’entre eux que j’apprécie. Il s’intitule « Âme Inassouvie ». Il me touche particulièrement, car au travers d’un petit garçon de 10 ans, je parle des victimes du kwasa, un sujet extrêmement sensible pour moi. J’ai une colère amère quand je pense que des milliers de gens ont trouvé et trouve la mort au détriment d’une meilleure vie. À chaque fois,  que je slame ce texte, il me permet de libérer la frustration qui m’habite et rien que pour cela, il fait partie de mes appréciés.

D’où vient cette inspiration dans tes textes ?

Mes inspirations, je les définirai comme des vagabonds. Ils me viennent comme ça, à n’importe quel moment et par conséquent, je suis toujours obligée de traîner avec un stylo et un bloc note, pour pouvoir écrire quand l’envie me vient. Sinon, une histoire peut m’inspirer, une situation que je vis ou que j’ai vécu, un mot, un documentaire, mon entourage, mes sentiments, etc. Je ne me suis pas stagné sur un thème précis, ce qui fait que j’ai des idées développées en ce qui concerne mes écrits. Je me souviens de l’année où je passais le brevet, un prof m’avait grondé, car je m’étais mise à écrire de la poésie au lieu de me concentrer sur mon épreuve de mathématiques. C’est drôle, en réalité, attristée de ne pas arriver à remplir ma feuille d’examen, j’ai griffonné mon désespoir dans de la poésie sur ma feuille de brouillon.

Qu’est-ce que vous pensez du combat de lutte contre les VBG ?

Une bonne cause ! À l’heure actuelle, la violence porte le même grade que le virus Corona, elle n’a pas de limite, pire elle déborde. Elle est une énorme plaie presque incurable, et le fait qu’il y ait des personnes qui s’engagent malgré tout ça à y lutter me fait tirer mon chapeau. En tant que slameuse, je me suis engagée dans cette lutte contre la violence, j’écris sur ça. Mais, récemment, j’ai eu la chance de prendre part à une formation sur les VBG. J’ai appris des choses qui ont changé ma vision. Dans cette lutte dont moi-même, j’en garde quelques séquelles, moins grave, ce n’est plus une question d’écriture. Je veux faire plus qu’écrire, j’aimerais agir, et d’ailleurs, j’affirme vouloir être actrice de la lutte contre les VBG.

Quelles sont les réalisations du collectif Pomwezi en 2021 ?

Sincèrement, je dirais peu de chose, la situation sanitaire à quelque chose à avoir dedans. Je dirai par exemple que POMWEZI n’a pas manqué à son devoir de faire la promotion du slam au niveau d’Anjouan. Je parlerai également des différentes sensibilisations de lutte contre la violence et la drogue que POMWEZI a effectuées. Nous ne disposons pas d’une baguette magique qui puisse effacer les cruautés du monde, néanmoins nous ne doutons pas du fait que notre plume aide ne serait-ce que minime à réduire les cas et rien que pour ça, nous en sommes extrêmement fiers.

Propos recueillis par Ahmed Zaidou

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