ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Député Msaidié : « Ce ne sera pas facile pour Azali de quitter le pouvoir »

Quelques jours avant le 26 mai, l’ancien député de Juwa, Msaidié sort de son silence. Le député est convaincu que ce ne sera pas facile pour Azali de quitter le pouvoir ni le 26 mai 2021 ni en 2030  comme il a déjà fixé son agenda.  Mais selon lui, le peuple souverain lui contraindra car c’est lui qui l’a élu en 2016.

Deux ans déjà depuis que votre président d’honneur est en prison, pourquoi le parti est en silence ?

Je vous rectifie. Le président Sambi est séquestré il y a 1100 jours, c’est à dire 3 ans et 7 jours, 4 mois de ramadan sans jugement c’est trop et on n’en peut plus de cette injustice.

Vous exagérez quand même lorsque vous dites que le parti Juwa ne s’exprime pas. A plusieurs reprises nous nous sommes prononcés, dénoncer cette arbitraire dans des déclarations, communiqués ou lors de conférences de presses et su. Les dirigeants du parti n’arrêtent de parler dont moi-même. Dernièrement lorsque l’ancien vice-président Dhoihir Dhoulkamal a souillé l’Assemblée nationale au sujet de la procédure qu’a empruntée le dossier de la citoyenneté économique, je me suis prononcé par un communiqué et accordé une interview sur Ortega Lives. La réalité de votre question n’est pas le silence que faites allusion. Comme le disent des citoyens qui nous interpellent, vous voulez voir les militants et sympathisants de  Juwa envahir les rues et se diriger vers Voidjou pour libérer l’ancien président. Certes cela pourrait être une solution tenant compte de la trajectoire où es conduit ce dossier et le Juwa, en a les capacités. Mais le Juwa est un parti légaliste qui respecte les institutions de son pays et veut voir son président d’honneur sortir vivant de cette affaire devenue politico religieuse. Nous n’allons pas tomber dans le piège tendu  par ce pouvoir qui mate toute contestation par l’usage excessif de la force contre des citoyens qui se battent par la bouche.

Sambi est ancien président de ce pays et son cas ne préoccupe pas seulement le Juwa. Tout le monde est préoccupé du niveau national et même international. Aujourd’hui c’est lui qui subit cette injustice mais demain ce sera le tour de tout comorien contestataire de payer les frais si ce pouvoir arrive à se maintenir au-delà de son mandat légal de 5 ans obtenu en 2016. Des organisations de la société civile, la diaspora, des personnalités politiques de tout bord et des citoyens lambda non Sambiste dénoncent cette détention arbitraire.

À quelques jours du 26 mai, certains partis de l’opposition appellent à un dialogue national inclusif, quelle est la position du parti Juwa ?

Des dialogues il y en a eu sous président Azali et il en a fait une passerelle pour asseoir son pouvoir. Il dit vouloir dialoguer mais veut à tout prie imposer sa vision et tirer profit des conclusions à l’image des assises partisanes. Et la suite on en connait. Wasaya wadja wasaya kwadjadja ou le chien abois la caravane passe c’est son crédo. Le parti Ulezi doit battre de nouveau les cartes. Que les dirigeants de ce parti sachent qu’Azali ne négocie pas que pour des résultats qui ne seront pas à son avantage. Le récent dialogue inter comorien sous la facilitation de l’UA et conduite par le brillant diplomate, l’ambassadeur Lamamra s’est terminé en queue de poisson. Ce dialogue était sensé préparer la présidentielle de 2019. Au Juwa nous avons tiré les leçons et savons la suite des compromis avec le président Azali. Le parti Juwa fait partie du Front Commun et ce dernier s’est déjà prononcé sur ce sujet.

Le 26 mai approche à grand pas, êtes-vous optimistes du départ du colonel Azali Assoumani ?

 Ce ne sera pas facile pour Azali de quitter le pouvoir ni le 26 mai 2021 ni en 2030  comme il a déjà fixé son agenda. Le peuple souverain lui contraindra car c’est lui qui l’a élu en 2016.Vous savez qu’Azali a regretté d’avoir quitté le pouvoir en 2006, pour preuve il est retourné aux affaires en 2016. Ce qui est intéressant est que cette date du 26 mai 2021 ne préoccupe pas seulement les partis d’opposition et les défenseurs de la tournante d’Anjouan. Le conseil de ministre du mercredi 28 avril, si je ne me trompe pas de date s’en est penché. C’est le pouvoir qui a lancé en premier les hostilités. Intimidations, arrestations arbitraires s’opèrent dans le territoire national surtout à Anjouan. L’affaire Ba Palé en était au début. Des militaires et des simples citoyens dont des dirigeants et militants du Juwa à Anjouan font parti du lot des arrestations. Je me demande pourquoi tout ce bruit pendant que des ténors du régime parlent d’un non évènement et le directeur de cabinet du chef de l’Etat demande aux opposants de préparer leurs testaments ? 

L’opposition manque de stratégie politique dans son combat. Le régime ne profite pas votre absence dans la politique nationale pour aller de l’avant ?

Toutes les composantes de l’opposition visent un seul objectif et tant mieux car c’est un signe que le rassemblement ne tardera pas à venir.  Le pouvoir se trompe d’une autre époque de vouloir gagner le cœur des Comoriens par les intimidations, le harcèlement, les arrestations et emprisonnements des opposants. C’est ce climat de terreur qui vous empêche de sentir des actions visibles. Les rencontres et les manifestations publiques de l’opposition  sont pratiquement impossibles, les quelques médias qui osent critiquer le pouvoir sont harcelés ou fermés. Tout le monde n’a pas accès aux réseaux sociaux qui reste le seul moyen que l’opposition s’exprime. En terre libre les opposants de la diaspora font un très bon boulot et grâce à eux le monde est bien averti. Qu’ils soient encouragés.

Les partis d’opposition sont-ils prêts à affronter Azali Assoumani dans les urnes en 2024?

Ce que je sais, comme en 2019 Azali n’organisera pas une élection pour la perdre. Il voudra gagner par tous les moyens. Le spectre de GWA NDZIMA  est toujours d’actualité dans son esprit et ses partisans. Tous les scrutins organisés depuis 2018 ont laissé une tache d’huile. Le pays a perdu sa crédibilité en matière de bonne gouvernance et de transparence électorale.  J’ai l’impression de me réveiller dans les années 60 aux temps des partis uniques en Afrique. Le rang de bon élève qu’occupaient les Comores ces 15 dernières années en matière d’élections honnêtes et acceptables  s’est brusquement dégringolé. Il faudra plusieurs années et des hommes et des femmes viennent nous restituer cette  distinction honorable. Avec des élections à l’image du scandale électoral du 24 mars 2019 Allah nous évitent cela.

Propos recueillis par Kamal Saïd Abdou

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