ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Natuk Mouzaoir : « Nous ne voulons pas un mars 2019 bis »

Dans une interview qu’il a accordée à Al-fajr, Natuk Mohamed Mouzaoir, secrétaire national du parti Ulezi revient sur les élections présidentielles du 24 mars 2019 lesquelles des irrégularités ont été enregistrés. Pour lui l’opposition a bien raison de poser des préalables pour les échéances 2024 au vue de ce qui s’est passé en 2019. Le leader du parti Ulezi dénonce le décès d’Ayman, ce jeune mortellement tabassé par des militaires lors d’un garde à vue.

Presque une semaine, les comoriens résidents dans l’île comorienne de Mayotte sont menacés d’expulsion. La France compte accroître le nombre des policiers. Quelle est votre réaction ?

Entant que responsable politique attaché à la dignité humaine et l’intégrité territoriale des Comores composée des quatre îles, je ne peux qu’être indigné par rapport à cette situation et j’appelle à l’État français de revoir son projet. L’opération « Wuambushu » lancée par le ministre Mr DARMANIN qui viserait à expulser massivement des citoyens comoriens et détruire leurs habitations doit être abandonnée. Les personnes considérées comme clandestines par la France sont toutes chez eux. Les différentes résolutions des nations unies attestent l’intégrité territoriale des Comores. Il est temps pour un vrai dialogue sincère et constructif entre la France et les Comores pour cesser les tragédies dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte. Les gouvernements successifs comoriens ont une lourde responsabilité dans la mesure où ils n’ont jamais pensé à mener une politique ambitieuse de développement des trois autres îles.

Le prix des billets d’avion ne cessent d’augmenter du jour en jour. Ce qui a provoqué la colère de la diaspora comorienne de France de décider de ne se rendre au pays cette année. Comment expliquez-vous le silence du gouvernement comorien face à cette question ?

Cela dure depuis des années le comorien paye une somme abusive pour se rendre au pays, surtout dans les périodes estivale.  Plusieurs alertes ont été données à travers des différents mouvements,  collectifs et associations de la diaspora depuis des années. Ni les compagnies aériennes,  ni les gouvernements successifs n’ont jamais proposé une solution qui peut alléger le portefeuille de la Diaspora. Le pouvoir politique national ne s’est jamais intéressé aux problématiques auxquels sont confrontés la diaspora comme la cherté des billets. Or, un des leviers du développement du pays est l’investissement des comoriens de l’extérieur. Le silence assourdissant du pouvoir politique national face à cette question des prix excessifs des billets est un véritable aveu d’échec.

 

L’opposition dit qu’il n’y aura pas des élections l’année prochaine, quelle est la position du parti Ulezi dont vous êtes le secrétaire national ?

L’opposition dont vous parlez ne dit pas vraiment cela, elle pose des préalables qui sont légitimes, et obligent le pouvoir à prendre en considération. Depuis 2019, notre pays traverse une crise de confiance et de légitimité politique très profonde qui empêche toute initiative de développement. Comme réponse à cette crise le parti Ulezi avait initié le projet de dialogue national. Suite aux textes de loi, on constate avec inquiétude que le gouvernement a trahi l’esprit et les résolutions issues du dialogue. À travers cette tribune j’appelle le président de l’Union africaine à respecter les valeurs et la charte de cette institution et inviter les différents acteurs pour un processus inclusif et transparent. Nous ne voulons pas un 2019 bis.  J’appelle donc toutes les forces de l’opposition au pragmatisme. C’est-à-dire on doit allez nous-même arracher ces conditions démocratiques, car 2024 doit être le rendez-vous de l’alternance politique pour faire des Comores un pays où il fait bon d’y vivre et travailler.

Aymane, jeune de 24 ans de Vouvouni tabassé jusqu’à mort par les forces de l’ordre mais l’enquête reste l’ombre d’elle-même, quel constat faites-vous ?

Ce qui est arrivé au jeune de Vouvouni révolte, c’est une honte pour notre pays. C’est une suite malheureuse des dérives autoritaires de ce régime. Depuis 2016, notre pays a enregistré un triste record des massacres non élucidé. Mais ce qui est plus inquiétant, c’est la succession des bavures policières. Pour nous, ce n’est pas seulement une question de sentiment. C’est d’abord une remise en cause des principes de « Dawula Ya Haki » qui signifie l’état de droit. Notre pays a besoin d’une Justice forte et indépendante pour mettre fin à cette impunité généralisée. Les forces de l’ordre sont là pour protéger la population et non le contraire…

Propos recueillis par Kamal Said Abdou

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