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Prostitution dans les boîtes de nuit : Une pratique qui s’installe dans l’indifférence des autorités

Bien que la prostitution soit formellement interdite et passible de sanctions aux Comores, elle demeure une réalité dans plusieurs établissements nocturnes de Moroni et de Mutsamudu. Longtemps considérée comme un sujet tabou, cette pratique gagne en visibilité dans un pays à majorité musulmane, où des femmes – souvent vulnérables économiquement – se tournent vers le commerce du sexe, dans un contexte de silence institutionnel.

Dans ces lieux festifs, où se mêlent alcool, musique et lumières tamisées, certaines femmes comoriennes ou venues de l’étranger  se livrent à la prostitution de manière plus ou moins discrète. Des tenues provocantes, des allures étudiées, et des interactions explicites témoignent de cette activité que beaucoup préfèrent ignorer.

Un phénomène clandestin… mais de moins en moins invisible

Si la loi comorienne interdit clairement la prostitution, la réalité semble toute autre. Plusieurs établissements servent de points de rencontre entre clients et femmes en situation de prostitution, dans une ambiance où la transgression des normes sociales est devenue presque banale.

« Parfois, on y croise même des mineures », confie une source proche du milieu, sous couvert d’anonymat. Des témoignages concordants font état de pratiques régulières dans certains bars et boîtes de nuit, où des arrangements sont conclus à l’abri des regards ou, parfois, au vu et au su de tous.

Pauvreté, migrations et absence d’alternatives

Derrière ce phénomène se cachent des causes profondes : la pauvreté, le chômage, les inégalités de genre et l’attractivité d’une clientèle étrangère fortunée.

« Ces jeunes filles espèrent souvent trouver un soutien financier ou une opportunité de changer de vie. Certaines viennent pour s’amuser, mais finissent par se laisser entraîner », explique un habitué de ces établissements.

Pour nombre d’entre elles, il s’agit moins d’un choix que d’une solution imposée par les circonstances économiques.

Risques sanitaires et violences

Outre les implications sociales et religieuses, la prostitution clandestine comporte de réels risques sanitaires : propagation des IST (Infections sexuellement transmissibles),  rapports non protégés, consommation excessive d’alcool, agressions…

« Certaines femmes couchent avec des étrangers sans protection, souvent sans connaissance réelle des dangers. C’est une bombe à retardement sanitaire », alerte notre interlocuteur.

Dans un contexte où les structures de santé sont fragiles, ces pratiques posent un risque important pour l’ensemble de la population.

Une urgence sociale et politique

Dans une société comorienne où les valeurs religieuses et traditionnelles jouent un rôle central, la banalisation progressive de la prostitution dans les espaces publics crée un malaise profond. Elle met en lumière un fossé entre les discours officiels et les réalités sociales.

Hadji Soilihi, un jeune Comorien qui connaît ces milieux, appelle à une prise de conscience collective : « Fermer les yeux, c’est accepter cette réalité. Or, la prostitution nuit à notre image, à nos valeurs et expose nos jeunes à des dérives graves. Il est temps d’agir. »

Face à cette problématique complexe, les solutions ne peuvent être uniquement répressives. Elles doivent inclure des politiques sociales, sanitaires et éducatives adaptées, ainsi qu’un accompagnement concret des jeunes femmes concernées.

Sans une action concertée de l’État, des collectivités et de la société civile, la prostitution clandestine continuera d’exister dans l’ombre… en plein jour.

Kamal Saïd Abdou

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