Un atelier national de validation du nouveau Code de l’information et de la communication s’est tenu jeudi dernier à l’hôtel Retaj, marquant une étape importante dans la réforme du cadre juridique des médias aux Comores. Le texte, une fois finalisé, sera transmis au circuit officiel pour promulgation. Objectif affiché : adapter le code à l’ère du numérique et aux nouvelles réalités du secteur de l’information. Mais l’exclusion des médias privés du processus de validation soulève des interrogations.
Face à l’émergence des réseaux sociaux et des plateformes en ligne, le paysage médiatique comorien connaît une transformation rapide. Le nouveau code ambitionne d’encadrer ces évolutions, en intégrant notamment les médias numériques, en renforçant la lutte contre la désinformation, les discours de haine et la manipulation de l’opinion publique.
« Nous avons entamé un toilettage du code en vigueur grâce à une analyse approfondie », a expliqué le consultant Soultane Chizour. Il évoque un texte désormais « en phase avec les réalités actuelles » et mieux armé pour faire face aux défis du numérique.
La ministre de l’Information, Fatima Hamada, a souligné l’urgence d’assainir un secteur « fragilisé par la montée en puissance des plateformes numériques ». Elle insiste sur le renforcement du rôle du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA) et la nécessité de réguler un espace médiatique où les dérives sont devenues préoccupantes.
Polémique sur l’exclusion des médias privés
Mais cette réforme, bien qu’ambitieuse, n’échappe pas à la controverse. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’exclusion des médias privés du processus de validation. Radios communautaires, journaux indépendants et médias insulaires n’ont pas été conviés aux débats, seuls les deux médias d’État ayant été représentés.
« Nous n’avons pas été invités. On nous a seulement informés pour couvrir l’événement », a déploré un responsable de média privé. Certains dénoncent un processus à sens unique, où les médias non étatiques sont marginalisés, alors même qu’ils représentent une part importante du pluralisme médiatique du pays.
Le Syndicat national des journalistes comoriens (SNJC), présent à l’atelier, a pour sa part gardé le silence, une attitude qui suscite l’incompréhension parmi les professionnels du secteur privé, souvent confrontés à des conditions précaires, loin des subventions accordées aux organes publics.
Une réforme légitime mais incomplète ?
Si la réforme du Code de l’information apparaît comme une nécessité dans un contexte numérique en pleine mutation, le manque d’inclusivité pourrait nuire à sa légitimité. L’ambition de faire de ce texte un instrument universel de régulation reste mise à mal par l’absence de concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur.
Pour qu’il soit véritablement porteur de modernisation et de cohésion, le nouveau code devra s’ouvrir à un dialogue plus large, garantissant la représentativité de tous les médias publics comme privés et préservant ainsi le pluralisme indispensable à une information libre et équilibrée aux Comores.
Dalia Abdou









