Dans cet entretien, un des opposants du parti au pouvoir et président de Comores Alternatives, Saïd Ahmed Saïd Abdillah a répondu à nos questions sur l’affaire dite Bashar. Interview.

Vous n’êtes pas sans savoir que la justice comorienne a mis la main sur un jeune influenceur en la personne de Bashar. Comment réagissez-vous par rapport à cette affaire ?
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour souhaiter des joyeuses fêtes de sacrifice à tous les musulmans du monde entier en particulier les Comoriens sans exclure ceux de Mayotte. Nous osons espérer, avec l’aide de Dieu, que la prochaine fête de sacrifice nous l’accomplirons sans ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani inchallah. Que Dieu nous aide – après sa chute- de mettre en place un regime stable et paisible avec une alternance démocratique et favorisante le développement économique et social des Comores. Par ailleurs, en ce jour de la fête de sacrifice, ma pensée va également au peuple palestinien qui meurt sous les bombes du gouvernement israélien. Nous ne pouvons que partager leurs tristesses et condamner fermement les silences complices des pays musulmans.
Pour votre question, le régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani a réussi à plusieurs reprises à détourner l’attention de la population comorienne et surtout celle des leaders politiques de l’opposition. C’était l’objectif initial -de cette affaire de basse couche -c’est de détourner les comoriens en prenant une affaire de basses besognes en le transformant à une affaire d’Etat. Mais, après la suite des événements, on comprend qu’il s’agissait au fond d’un règlement des comptes entre les courtisans du dictateur.
Plusieurs personnalités sont citées comme présumées coupables dont certaines sont en détention provisoire, quelle lecture faites-vous à cette soi-disant complicité ?
C’est le début de la fin du régime macabre et dictatorial d’AZALI Assoumani. Le peuple comorien doit se réveiller et ouvrir grand les yeux pour mieux appréhender que personne n’aime le colonel AZALI Assoumani sauf sa femme et ses enfants. Ils se maintiennent au pouvoir par le sang et la terreur pour étouffer tout esprit démocratique. Le pays est donc mûr pour une révolution populaire et nous avons le devoir de le hâter. Comme le dit l’écrivain, poète et romancier français Victor Hugo (1802-1885) : “ Quand la dictature est un fait, la révolution devient un droit”. Ceux et celles qui croyaient que le dictateur macabre Azali Assoumani est mieux entouré, découvrent -peut-être par surprise pour certains – qu’il est seul avec ses rejetons. Cela, certes, ne concerne pas uniquement ceux qui ont été cités ou pris au piège dans cette affaire de basses couches. Mais il y a surtout ceux qui l’entourent et qui prient en silence pour sa fin rapide. Nous autres, aimerions qu’il soit déchu vivant et jugé, et nous l’espérons cette année, c’est à dire d’ici peu. Inchallah.
Quelle leçon peut-on tirer de cette affaire ?
Pour cette affaire, en dehors de ce que je viens de dire ci-dessus, je tire pour le moment- en attendant son évolution – quatre leçons tant politiques que sociales en se référant un peu à l’histoire de notre monde. N’oublions pas que nous faisons partie de ce monde, et les hommes et les femmes qui le composent ont souvent les mêmes réactions aux évènements semblables avec quelques variantes.
La première est que, contrairement à ce qu’on croyait, Azali Assoumani n’a pas des vrais fidèles et il n’a autour de lui que des charognards. La question que certaines personnes, voire des leaders politiques nationaux ou étrangers peuvent se poser est la position de l’armée. Je suis convaincu que notre armée nationale – par plusieurs démonstrations- ne soutient pas la dictature. On a su que lors de l’attaque du martyr Ahmed Abdou dit Fano, c’est un civil qui s’était interposé pour sauver le dictateur et non un militaire. Cela doit aussi nous rappeler l’armée du généralisme Chinois, Tchang Kai-Chek (31 octobre 1887- 5 avril 1975), président de la république de Chine quand il s’est cru fort – surtout en comptant sur la garnison nationaliste de Pékin avec 250.000 hommes et le fait qu’il a été collaborateur du Japon pendant que ce dernier occupait une partie de la Chine- comme le Colonel Azali Assoumani aujourd’hui. Et après la défaite du Japon, il s’est allié aux américains. Mais le peuple, reste un peuple patriotique y compris ses enfants militaires et au lieu de combattre le communisme mené par Mao Zedong, toute l’armée nationaliste du généralisme décida, le 31 janvier 1949, avec ses commandants à rallier la cause révolutionnaire. Le généralisme a été obligé de fuir vers l’île de Taiwan jusqu’à sa mort le 5 Avril 1975. C’est le même état d’esprit qui anime l’armée comorienne aujourd’hui, elle n’attend que le peuple par le biais de leaders de l’opposition pour agir.
La deuxième est que ce régime macabre et dictatorial a montré d’une manière éclatante que la justice s’occupe uniquement sur des affaires des basses couches de la famille royale. Hikimat a été tuée et l’assassin a été arrêté mais aucun empressement pour le régime de faire une justice à une jeune femme qui n’avait aucune attache avec la famille royale. On peut citer plusieurs des affaires criminelles que la justice a classé sans suite du moment qu’il ne touche pas à la monarchie.
La troisième est le fait que la population comorienne a compris que ce qui intéresse le régime macabre et dictatorial n’est pas leur quotidien ; chômage de masse, licenciement massif avec plus des cinq cent personnes licenciées et une société aéroportuaire liée à notre souveraineté nationale a été privatisée pour trente ans sans qu’on puisse savoir les intérêts des Comores et du peuple comorien dans ce genre de contrat. Par ailleurs, le peuple Comorien a vu que le régime a été prêt à réduire un ambassadeur – qui est le défenseur de notre image à l’extérieur voire même notre chef de l’Etat – dans le pays où il est accrédité et censé protéger le citoyen comorien – à un simple agent de service secret comorien pour une histoire de basse couche.
La quatrième est que cette affaire a renforcé ma conviction que ce régime vit ses derniers jours. C est un régime finissant et nous devons tout faire pour accélérer le processus de sa chute. Personne n’est le soutien et surtout pas ceux qui sont avec lui qu’il est entrain de malmener.
Quel message adressez-vous aux comoriens ?
J’aimerais rappeler aux Comoriens qu’il y a eu dernièrement l’assassinat barbare d’une jeune femme de Mbeni, -Hikimat -pour ne pas parler que d’une affaire de femme. Le régime macabre et dictatorial n’a rien mobilisé pour que la justice aille jusqu’au bout. Au contraire le dictateur se contenta de dire que « les assassinats sont fréquent mais ce sont les réseaux sociaux qui ont gonflé le crime. » Aujourd’hui la justice a été accélérée, tous les moyens de l’Etat ont été déployés afin de protéger la famille royale de toute vilénie. Ce n’est pas notre conception de l’Etat et nous appelons le peuple comorien à se réveiller, à se mobiliser et à se prendre en charge pour l’avenir de notre pays. Le temps de sultanat est révolu et nous n’en voulons pas d’une monarchisation des Comores. Il ne faudra surtout pas avoir peur de notre armée nationale, elle est républicaine et non monarchique et défenseure du peuple sauf qu’elle ne fait pas de politique. A nous les politiques de faire notre devoir et à elle de faire le leur.
Votre dernier mot.
Mes derniers mots sur cette interview s’adresse à la classe politique comorienne, surtout à celui ou celle qui a été sali ou traité de traitre à tort ou à raison, que vous voyez comment on vous traite après plusieurs années des loyaux services. La porte de l’opposition est grandement ouverte et vous serez la bienvenue même à la dernière minute pour accélérer la chute de ce régime macabre. Pour nous de l’opposition, nous devons savoir que la monarchie est de faite aux Comores actuellement, on n’a plus le temps de se préparer mais de l’affronter frontalement. Dans ce monde, la loi de la force a toujours primé à celui de droit et nous devrions nous y adapter pour y arriver.
Propos recueillis par KDBA







