ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Société : Montée de l’insécurité et de la violence

Depuis quelques mois, l’archipel des Comores est secoué par une montée inquiétante de violence et d’insécurité. En l’espace de deux mois seulement, pas moins de quatre meurtres ont été enregistrés, ainsi que de multiples infractions de différentes natures. Cette série d’incidents traumatise la population et alimente les débats sur la sécurité publique dans le pays et le rôle des organes de sûreté.

La situation sécuritaire aux Comores est explosive. L’archipel est secoué par une montée inouïe d’insécurité qui inquiète la population. En l’espace de deux mois, le pays a enregistrés 4 homicides. Deux jeunes hommes assassinés de sang-froid à Koimbani et Ntsudjini, une fillette violée et découpée puis mise dans un sac en plastique à Anjouan et un homme mortellement tabassé à coup de pierre à Mbadjini.

Tous les coupables sont  aux mains de la justice mais ces arrestations ne semblent-ils pas convaincre l’opinion publique. Certains appellent à des réformes en profondeur, notamment dans le domaine de la justice et de la réinsertion sociale.

Dans ce contexte, certains ulémas (figures influentes de la communauté religieuse) ont pris la parole pour exprimer leur désaccord face à ce qu’ils considèrent comme une absence de justice réelle et dissuasive. Pour eux, la recrudescence de la violence s’explique en partie par la faiblesse des sanctions appliquées aux coupables. Ils estiment qu’il est temps de réformer le système judiciaire afin de garantir que les malfaiteurs reçoivent des peines justes et équitables, en adéquation avec la gravité de leurs crimes. C’est le cas d’Ustadh M’hadjou, un érudit et prêcheur de la place. « L’arrestation des coupables n’est pas tout à fait la réponse adéquate. Il ne faut pas espérer qu’enfermer quelqu’un et le libérer le lendemain va nous sauver››, a-t-il indiqué.  « Comment espérer enrayer cette montée de la violence si les coupables ne reçoivent pas les châtiments qu’ils méritent ? », s’est-il  interrogé. Selon lui, la clémence excessive à l’égard des criminels ne fait qu’encourager d’autres individus à enfreindre la loi.

Pour ces figures religieuses, la justice doit non seulement être rendue, mais elle doit également être perçue comme un exemple dissuasif pour la société. Les ulémas rappellent que dans la tradition islamique, le châtiment doit être à la fois équitable et exemplaire, dans le respect des droits des victimes et des coupables.

L’arrestation des coupables dans ces récentes affaires de meurtres qui ont secoué l’archipel des Comores, ne convainc pas la population locale qui demeure méfiante. Si la réponse des autorités semble rapide, une grande partie de la population doute de l’efficacité des peines infligées. Selon plusieurs témoignages, l’inquiétude persiste quant à l’équité des jugements et à l’application des sentences d’autres même privilégie l’idée de se faire justice sois même que d’attendre infiniment la justice. « C’est peut-être la quatrième fois en ce même mois mais là énième fois que la justice n’applique pas les bonnes méthodes pour ces cas de figures. Peut-être ce qu’ils veulent de nous c’est de se faire soigneusement justice sois même, bien-sûr si l’on survit devant son agresseur », a-t-il confié un citoyen lambda.

Le gouvernement comorien devra naviguer entre les attentes de fermeté exprimées par une partie de la société et la nécessité de garantir une justice respectueuse des droits et libertés individuelles. La réponse qu’il apportera à cette crise pourrait bien déterminer l’avenir de la sécurité et de la stabilité aux Comores.

Inmadoudine Bacar

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