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80e sommet des Nations Unies –Question de Mayotte : La Russie et la Chine, deux poids lourds pour le retour de Mayotte

Alors que la 80ᵉ session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est ouverte le 9 septembre dernier à New York, la question de Mayotte devait être inscrite à l’ordre du jour. Une nouvelle occasion pour les Comores de plaider pour la restitution de l’île, avec le soutien désormais affirmé de deux grandes puissances : la Russie et la Chine.

Depuis plus de 50 ans, l’Union des Comores réclame la souveraineté sur Mayotte, une revendication soutenue par plusieurs résolutions onusiennes mais qui reste, jusqu’à ce jour, sans effet concret. Pendant ce temps, la présence française sur l’île ne cesse de se renforcer. Dernier exemple en date : l’annonce du président Emmanuel Macron d’un projet de « mur de fer » à Mayotte, présenté comme un outil de lutte contre l’immigration clandestine. Un symbole fort qui illustre la volonté française de consolider son autorité sur l’île, au mépris, selon Moroni, des principes du droit international.

La diplomatie comorienne, parfois jugée timide ou inefficace, n’a jamais pour autant abandonné sa position historique. Les Comores continuent de considérer Mayotte comme une partie intégrante et indivisible de leur territoire national, héritée de l’époque coloniale. Malgré de nombreuses démarches diplomatiques restées vaines, la position de l’État comorien reste inflexible.

Un test pour l’ONU

Au-delà du différend bilatéral entre Paris et Moroni, la question de Mayotte s’impose comme un véritable test pour les Nations Unies, qui doivent démontrer leur capacité à traiter équitablement les contentieux post-coloniaux. À l’occasion de cette 80ᵉ session, les Comores espèrent replacer le dossier au centre des débats internationaux. La France, de son côté, cherche à se positionner comme garante de la stabilité régionale dans l’océan Indien, tout en verrouillant son discours sur la souveraineté de Mayotte.

Entre souveraineté nationale, diplomatie d’influence et intérêts géopolitiques, les discussions à New York s’annoncent tendues. Et derrière les déclarations officielles et les échanges protocolaires, une question essentielle demeure : à qui revient légitimement la souveraineté sur Mayotte ?

L’appui stratégique de Pékin et Moscou

Dans ce contexte, le soutien grandissant de la Chine et de la Russie constitue une carte diplomatique majeure pour les Comores. Pékin, dont les relations avec Moroni sont historiquement solides, a réaffirmé son attachement à l’intégrité territoriale des Comores, composées de quatre îles. En retour, les Comores soutiennent la position de la Chine sur Taïwan, renforçant ainsi un partenariat stratégique.

En mai dernier, l’ancien ambassadeur chinois aux Comores, Guo Zhijun, déclarait: « La République populaire de Chine soutient les Comores dans leur lutte pour la sauvegarde de l’indépendance nationale, de la souveraineté de l’État et de l’intégrité territoriale, ainsi que pour le développement économique. »

De son côté, la Russie affiche une position tout aussi claire. L’ambassadeur russe à Madagascar et aux Comores, Andrey Andreev, a déclaré : « La Russie a toujours soutenu, de manière continue et constante, le droit légitime de l’Union des Comores à restaurer sa souveraineté sur l’île de Mayotte. »

Une déclaration appuyée en mars dernier par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qui dénonçait la « militarisation » croissante de Mayotte par la France et son « occupation illégale » de l’île. « La Russie s’oppose systématiquement à la militarisation injustifiée de tout territoire, aux conséquences dangereuses pour la paix et la sécurité régionales », avait-elle affirmé.

Vers une reconfiguration diplomatique ?

Dans un contexte mondial en pleine mutation, où les équilibres géopolitiques se redessinent, la 80ᵉ session de l’ONU prévue en novembre pourrait bien marquer un tournant. Forte du soutien de Pékin et Moscou, Moroni espère désormais faire bouger les lignes et peser plus lourd dans les débats.

Le dossier Mayotte reste un point de friction historique entre Paris et Moroni. Mais pour les Comores, l’alignement de grandes puissances telles que la Chine et la Russie pourrait offrir un levier inédit pour faire valoir leur cause sur la scène internationale.

Kamal Said Abdou

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