Alors que le 6e Congrès Panafricain, s’est ouvert, hier, au Palais du Peuple à Moroni, les débats sur l’art et la culture dans les sociétés africaines ont résonné particulièrement fort. Pour bien comprendre, l’humoriste comorien Fouad Salim a partagé une réflexion sincère sur l’état de la culture dans le pays, touchant à la fois à sa propre expérience en tant qu’artiste et à la perception culturelle générale des Comoriens.
« Le principal problème réside dans une confusion persistante : les Comoriens peinent à distinguer la culture du simple divertissement », a souligné l’humoriste Fouad. Selon lui, cet amalgame dévalorise l’importance de l’art et empêche une véritable reconnaissance des artistes et de leur contribution à la société. « Trop souvent, on ne voit dans l’art qu’une distraction, un simple passe-temps, alors qu’il peut être un puissant vecteur de transformation sociale. Il existe en ce sens un paradoxe. D’une part on a un art moins développé, d’un autre côté, on dirait que c’est ancré en nous et ça nous pousse à mettre les deux distractions : art et culture dans le même pied d’escale en ce sens qu’on fait ça tous les jours », a-t-il expliqué.
Bien qu’il soit parfois incompris dans son propre pays, Fouad garde la tête haute et continue de défendre son art. Son objectif n’est pas uniquement de faire rire, mais aussi de transmettre des messages profonds. À travers ses spectacles, il prône l’espoir, la paix et l’émancipation des jeunes.
« L’humour est pour moi un moyen de parler des sujets graves sans être moralisateur. Dans mon domaine à moi plus spécifiquement, je monte sur scène et je raconte des blagues, chose que tout le monde ici le fait à la maison et dans les places publiques et j’en profite de même à travers mes sketchs, vidéos, faire comme un travail supplémentaire qui est de transmettre au moins un message », a-t-il confié.
Ce témoignage met en lumière un enjeu majeur dans le développement culturel des Comores : la nécessité d’une meilleure compréhension et valorisation de l’art comme outil de changement. Il est urgent que les institutions culturelles et le public comorien apprennent à reconnaître l’importance des artistes dans la construction de l’identité nationale et dans la promotion des valeurs de paix et de cohésion sociale.
« Pour le bien de l’art et la culture comorienne, il doit avoir un dialogue avec les bonnes personnes afin de structurer, l’encadrer et c’est plus un travail du gouvernement que nous bien qu’ils ne pourront pas y parvenir sans nous », a conclu l’humoriste.
Alors que ce congrès se déroule sous le signe du patrimoine, des arts et de l’éducation, les paroles de Fouad rappellent que l’art ne doit pas être relégué au simple divertissement. Il joue un rôle clé dans la transmission des idées et des valeurs qui forgent une société. La culture, loin d’être un luxe, est un levier indispensable pour le progrès social.
Inmadoudine Bacar