ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Évacuation sanitaire : Les cris de détresse des patients

Nombreux comoriens préfèrent se soigner à l’étranger, Madagascar, Maurice ou Dar es Salam malgré les coûts élevés des soins dans ces pays. La raison est que le pays n’est toujours pas doté d’un système sanitaire efficace et un personnel de santé qualifié. Ce qui ne donne pas assez de confiance aux comoriens pour des soins sur place.

Il suffit d’une simple maladie pour partir à l’étranger. La population des Comores a longtemps souffert des services de santé insuffisants, en termes de médicaments, d’équipements, d’infrastructures, de personnel de santé qualifié et une meilleure prise en charge.

Et cela a multiplié les évacuations sanitaires des comoriens vers les pays de la région, notamment Dar  es Salam, Madagascar ou encore Maurice.

Malgré les coûts de soins élevés dans ces pays, les comoriens préfèrent aller se faire soigner à l’étranger plutôt qu’aux Comores et cela continue à baisser l’économie du pays. « C’est une honte pour notre pays. Plus de 40 ans d’indépendance, le pays n’a toujours pas un système de santé adéquat ni des médecins spécialisés. On est obligés de faire le déplacement vers l’étranger pour se soigner d’une maladie moins grave qui ne nécessite que la prise de quelques comprimés », a réagi Soilihi Abdallah qui est venu se soigner à Antananarivo.

Par rapport aux Comores, le système de santé à Madagascar est plus avancé. Aux Comores le système sanitaire est malade et cela n’inspire pas un climat de confiance pour les patients comoriens qui souhaitent bénéficier d’une meilleure couverture sanitaire adéquate et appropriée.

« Bien que les coûts des soins demeurent élevés, nous sommes obligés de venir ici pour se soigner. Au moins on est tranquille et confiants du traitement que le professeur ou le docteur nous a prescrit », dit-il.

Abdallah Soilihi ne pointe du doigt personne mais il pense que le gouvernement a une part de responsabilité. « Chaque jour il y a des décès dans nos hôpitaux à cause de mauvais traitements ou de mauvaises prises en charge et personne n’en parle, c’est inacceptable. Quand prendra fin ce laxisme dans notre pays », s’interroge-t-il.

Le pays doit se relever car l’émergence prônée par le gouvernement rime avec un système de santé adéquat et des hôpitaux de qualités. Abdallah Soilihi est revenu sur la hausse des billets d’avion et le long trajet pour aller dans ces pays. « Deux jours de trajet pour aller à Madagascar par avion pour un pays à 1h30 minutes de trajet. Mais la plupart de nous, n’ont pas d’autres choix. De plus, c’est une perte de notre économie. Les autorités ne s’en rendent pas compte », déplore-t-il.

Une autre patiente comorienne rencontrée à HJRA, un hôpital public de Madagascar remet en cause les compétences de nos médecins et les examens médicaux  faits aux Comores qui n’arrivent pas à détecter la maladie. « Ce que je ne comprends pas, si on vient ici à Madagascar avec les analyses et échographies faites aux Comores, les médecins Malgaches ne s’en tiennent pas compte. On se demande pourquoi ça. Manque de compétence ou mauvais travail  de la part de nos médecins ? Il faut une enquête approfondie pour comprendre les causes de cela », précise Madame Zainaba Aboubakar.

L’heure est grave, selon cette dame comorienne. Selon elle, le gouvernement doit se réveiller. La santé est un domaine clé et malheureusement elle est à l’abandon. A l’en croire, les hôpitaux publics sont devenus des cimetières et sont laissés au profit des cliniques privées. « Ceux qui n’ont pas les moyens de partir à l’étranger ou aller se soigner dans une clinique privée ici au pays meurent dans leurs domiciles », regrette Zainaba Aboubakar.

Bientôt un hôpital universitaire aux Comores. Mais cela ne résoudra pas toujours le problème, selon cette dame. Il faut du personnel qualifié pour mettre à terme ces évaluations sanitaires. 

Kamal Said Abdou

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