ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Justice : Sambi refuse d’être jugé « illégalement » 

Présent hier matin pour son procès sur l’affaire de la citoyenneté économique jugé par la cour de sûreté de l’Etat, un des accusés, l’ex-président Sambi, inculpé pour haute trahison n’est pas jugé. Convaincu que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas constructifs avec « une cour de sûreté incompétente », Sambi déclare que « je ne suis pas prêt à être jugé par une justice illégale et des juges illégitimes. » 

Hier matin, le procès de la longue attente est ouvert sous haute surveillance. Il s’agit du procès sur la vente des passeports comoriens à des étrangers. Les anciens vice-présidents, Nourdine Bourhani et Mohamed Ali Soilihi, l’ancien ministre Mohamed Bacar Dossar et l’ancien président Sambi sont tous concernés de ce procès. L’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est accusé de « haute trahison » après avoir été inculpé de « détournement de deniers publics, corruption et faux et usage de faux. Les anciens vice-présidents ainsi que l’ancien ministre sont inculpés pour « corruption, faux et usage de faux et détournement de fonds publics ». Ils sont jugés par la cour de sûreté de l’Etat. Une haute juridiction dénoncée par les avocats de la défense.

Sambi en colère

Tout ne s’est pas passé comme on l’aurait souhaité. L’accusé Sambi s’est retiré de l’audience parce que les observations de ses avocats ont été vidées par la cour de sûreté de l’Etat. Après concertation avec ses avocats, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi s’est autorisé à une déclaration. Il a haussé le ton et s’est emporté dans une colère saine. « J’ai suivi les débats de mes avocats et ont fait des observations que vous venez de les rejeter. J’ai entendu dire que les assesseurs de la cour ne sont pas nommés légalement et le président et illégitime. Je vous demande de me prouver les documents montrant que j’ai détourné des fonds publics et/ou j’ai reçu des pots de vin. Tout le peuple comorien m’écoute. Et si vous ne me donnez pas la parole, peut-être vous ne m’écouterez jamais », a souligné l’ex-président Sambi.

L’accusé pour haute trahison, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, a déclaré que « je ne suis pas prêt à être jugé par une justice illégale et des juges illégitimes ». L’ex-président vit un enfer depuis plus de quatre ans. Et son procès est l’un des procès les plus attendus et les plus marquants de l’histoire. Toutefois, Sambi refuse d’être jugé par une cour « illégale ». Rappelons que Sambi avait déclaré que : « je ne suis pas peur de la justice, j’ai peur de l’injustice. »

Les avocats de Sambi « non désirés » ?

Sur ce, les avocats de Sambi solidaires, se sont également retirés car leur client a refusé d’être jugé « illégalement. » « Nous sommes là pour défendre notre client. Et s’il quitte la salle d’audience, logiquement, nous ne pouvons pas rester », a soutenu Me Mahamoudou. Pour un des avocats de Sambi, « monsieur le président, on est venu ici pour assister à un procès indépendant dans le respect du droit de la défense. Il vous a été soulevé des exceptions ce matin, oui, pardonnez-moi, vous êtes en droit de le faire, mais ça n’empêche ; je peux vous répondre que je n’ai jamais vu un président de Cour d’appel de chambre d’accusation statuer uniquement sur la liberté sans examiner les faits. A chaque début d’audience, il y a un examen des faits. J’estime que nous sommes non désirés dans cette affaire. Nous nous estimons que le conseil n’est pas équitable. Il n’y a pas d’indépendance, donc nous sommes obligés de nous retirer », a-t-il également soutenu.

Rappelons que l’ancien président a été mis en résidence surveillée depuis le mois d’avril 2018 par une note signée par le secrétaire général du ministère de l’intérieur avant d’être mis en détention provisoire dans sa résidence considérée comme annexe de la prison de Moroni. Il faudra rappeler aussi que l’accord initial portait sur 4000 familles pour un montant de 200 millions de dollars d’investissements. L’enquête parlementaire remise au président de la République (mise en cause par certains parlementaires) mentionne 48 000 passeports dont 971 millions de dollars de recettes ne sont jamais versés dans les caisses de l’Etat.

Le procès renvoyé

Après plusieurs observations de la défense vidées, la cour de sûreté de l’Etat a décidé de renvoyer le procès jusqu’à ce mardi matin. Sachant que les avocats de la défense pointent du doigt cette haute juridiction et dénonce « une cour incompétente. » Bien que la partie civile a demandé de maintenir le procès pour que la vérité soit connue. 

Nassuf. M. Abdou

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