ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Madagascar: Rivo Rakotovao passera le pouvoir à Andry Rajoelina ce vendredi

La passation de pouvoir entre le président de la République par intérim, Rivo Rakotovao, et le président nouvellement élu, Andry Rajoelina, s’effectuera ce vendredi au palais d’Etat à Iavoloha. Des sources concordantes confirment que la cérémonie se déroulera dans le strict minimum. La fête proprement dite n’aura en effet lieu que le lendemain de cette passation, lors de la cérémonie officielle d’investiture du nouveau chef de l’Etat au stade de Mahamasina où près de 5000 invités, des personnalités politiques et publiques de différentes nationalités, sont attendues.

La passation de pouvoir symbolique entre le président sortant, Hery Rajaonarimampianina qui s’est porté candidat à sa propre succession lors du premier tour de la présidentielle, et Andry Rajoelina s’effectuera lors de la cérémonie d’investiture à Mahamasina, conformément aux dispositions de la Constitution.Du côté de Mahazoarivo, le gouvernement de Christian Ntsay posera sa démission samedi prochain au plus tard, le jour où le président de la République entrant présentera son nouveau Premier ministre. Les pronostics donnent favoris l’actuel chef du gouvernement d’autant plus que les parlementaires acquis au cause d’Andry Rajoelina sont favorables au retour de ce natif d’Antsiranana à son poste actuel. Néanmoins, le nom de Richard Fienena, grand technicien issu du parti de VPM /MMM de Hajo Andrianainarivelo est présenté comme concurrent direct de Christian Ntsay dans cette course à la primature.

Andry Rajoelina : Des tâches lourdes et des priorités nombreuses

Andry Rajoelina, le nouveau président malgache, prendra ses fonctions dans quelques jours. Les tâches qui l’attendent sont déjà lourdes : le rétablissement de la sécurité, en centre-ville comme à la brousse, le redressement de l’économie qui se conjugue avec le comportement de la monnaie nationale sur le marché des devises, la mise en œuvre des projets sociaux visant à améliorer le quotidien des citoyens, la santé ou encore le renforcement de l’éducation et la politique qui constitue toujours un écueil pour le développement dans les pays pauvres.

Le partage du gâteau

A l’heure où le nouveau président se prépare à son investiture, il devrait également faire-face à un dilemme titanesque relative au partage du gâteau. Rien qu’au niveau de la désignation du Premier ministre et la composition des membres du gouvernement, la tâche promet d’être ardue. Sa première expérience en tant que président de la Transition risque de ne pas être évidente, vu qu’il faudrait peut-être composer avec l’ancienne équipe de la Haute autorité de la Transition et celle de l’Initiative pour l’émergence de Madagascar, (IEM), son cheval de bataille pendant la campagne.L’éventuel report des élections législatives qui devraient permettre à Andry Rajoelina de placer et de replacer ses lieutenants qui ne pourront pas tous entrer dans le gouvernement ne lui est pas d’une grande aide.

Le mandat des parlementaires expirera toutefois au mois de mars et un vide institutionnel qui risquerait de fragiliser la stabilité politique est lourdement à craindre. D’autant plus que pendant la campagne électorale, il a déjà martelé la dissolution du Sénat dès sa prise de pouvoir.Mais il n’y a pas que la politique, car dans la situation actuelle où se trouve le pays, tout devient prioritaire. En matière de sécurité, la recrudescence des kidnappings des ressortissants étrangers ces derniers mois dans les grandes villes et celle des vols de zébus dans la campagne ainsi que la multiplication des vindictes populaires sont gaves. Certes, la réponse à ces problèmes devrait se trouver déjà dans l’IEM, mais reste à savoir, comment va-t-il s’y prendre pour les réaliser et quand est-ce qu’il va commencer à les mettre en œuvre ?

Madagascar ne s’est pas encore relevé des impacts de la crise de 2009 se trouve depuis dans une situation économique catastrophique qu’il faudra relancer dans l’urgence. Tous les secteurs qui devraient supporter cette économie semblent être en décadence : l’agriculture dans laquelle se trouve la majorité de la population est en chute libre à cause des différents problèmes techniques et juridiques liés notamment au pullulement des litiges fonciers, l’industrie qui a dû mal à être productif à cause entre autres des problèmes d’électricité et d’énergie en général dans le pays et la faiblesse du pouvoir d’achat de la population.

L’ariary en chute libre

Il y a également le secteur tertiaire dans lequel se trouve le commerce et services ainsi que le tourisme. Il s’agit notamment d’un secteur tributaire du marché de devises, car sa stabilité dépend notamment de celle de la monnaie nationale. Or, depuis plusieurs années, l’ariary a tendance à se dévaluer par rapport aux devises de référence comme l’euro qui coûte actuellement plus de 4 000 ariary et le dollar américain. Comment renverser cette tendance et améliorer cette situation ? Andry Rajoelina doit s’y affairer dans l’immédiat car, même le prix du carburant sur le sol malgache en dépend. Avec la faiblesse du pouvoir d’achat et à cause de la pauvreté grandissante de la population actuelle pourtant, une nouvelle hausse des produits pétroliers synonyme d’une augmentation des frais des transports en commun ne sera plus supportable.La construction des logements sociaux, la métamorphose de certaines villes comme Toamasina sont entre autres des projets auxquels la population attend d’Andry Rajoelina. Mais le domaine de la santé semble être plus urgent avec l’épidémie de rougeole qui affecte plusieurs régions de la Grande île. En cette saison de pluie, le risque de propagation de la maladie de la peste qui a fait des centaines de victimes deux ans plus tôt n’est pas négligeable. Contrairement à l’époque de la Transition, Andry Rajoelina ne devrait plus avoir aucune excuse concernant notamment le déblocage des financements étrangers ou des aides de la communauté internationale car, l’élection qui l’a replacé à la tête de la nation, lui a déjà donné la reconnaissance internationale qui lui aurait manqué pour agir 10 ans plus tôt. Bientôt, le nouveau président aura la « clé » du pays et on attend beaucoup qu’il fasse ses preuves.


Source : Tribune de Madagascar

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