ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Said Ahmed Said Abdillah : « Azali mord et souffle »

Quelques jours après la nomination d’un nouveau gouvernement composé des jeunes, Al-fajr s’est entretenu avec Said Ahmed Said Abdillah, président de Comores Alternatives. Il est pessimiste quant à un changement du pays avec cette nouvelle équipe. Selon lui, Azali laisse son fils continuer comme dans  une monarchie en méprisant le peuple comorien plus particulièrement l’opposition comorienne et aussi ceux qui lui ont servi des années.

Le président Azali a procédé à la nomination de son premier gouvernement avec plusieurs jeunes. Comment expliquez-vous le choix de jeunes à la place des dinosaures ?

Permettez-moi aussi de profiter de  cette occasion pour souhaiter à tous les Comoriens, – de Mayotte  d’Anjouan, de Mohéli et de la Grande Comore-, une meilleure fête de l’indépendance  – proclamée le 6 Juillet  1975 sur la base de quatre iles, Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore et reconnue par les Nations Unies le 12 novembre 1975  – même si elle est inachevée. C’est notre devoir, nous la génération suivante des pères de notre indépendance, de la parachever en dotant les Comores d’une monnaie nationale et en libérant Mayotte de l’occupation française. Quant à votre question sur le  nouveau gouvernement d’Azali Assoumani et l’arrivée de la jeunesse et surtout de son fils comme chef du gouvernement sans être précisé, cela ne nous surprend à rien. Azali Assoumani a eu ce qu’il a voulu avec l’aide des dinosaures de la politique comorienne et pour les remercier, il leur  dit  d’aller voir ailleurs. Espérons qu’il ne va pas les mettre en prison  ou les faire subir le sort du Dr Djazza. Ce n’est pas nouveau chez Azali Assoumani. En ce qui concerne la jeunesse politique, il y a deux remarques à faire. La jeunesse africaine -surtout des pays francophones-s ‘est mobilisée en politique pour parachever l’indépendance- libérer le territoire national de la mainmise de l’ancien colonisateur- acquise par leurs aînés et en prônant le panafricanisme, c’est à dire l’amour de son pays d’abord ( patriotisme) et de l’unité africaine contre toute ingérence étrangère. Aux Comores, les jeunes qui se sont engagés en politique, depuis le feu président Said Mohamed Djohar – qui sont aujourd’hui qualifiés des dinosaures- ont été dans la plupart de cas très avides des finances publiques, corruptibles et malléables, et surtout sans aucun patriotisme. C’est malheureusement  cette tendance  qui continue jusqu’à aujourd’hui dans notre pays contrairement aux vents qui soufflent en Afrique Francophone. La deuxième remarque est que  la jeunesse africaine des pays d’Afrique Francophone qui est arrivée aux pouvoirs et dans la plupart de cas, elle a été propulsée par l’armée. Car l’armée est l’un des piliers de la stabilité et de changement d’un pays. Malheureusement encore pour notre pays, quoique la plupart de nos officiers sont des jeunes, ils préfèrent se courber que de servir le peuple souverain. J’aurais aimé voir ces jeunes élites qui viennent d’être nommés, être plus  aptes à  servir  notre pays et le  peuple comorien. Je leur souhaite bon vent.

Qu’en est-il de la nomination de son fils au poste de secrétaire général du gouvernement ?

Azali Assoumani a toujours pratiqué la stratégie de la souris : il mord et souffle pour voir la réaction de la cible et avance. Il a fait cela avec l’ancien président Ahmed Mohamed Abdallah Sambi et aussi  sur la tournante. L’objectif d’Azali Assoumani est de rester le plus longtemps possible au pouvoir afin d’y profiter-lui et sa famille-financièrement et de satisfaire la Françafrique en détruisant l’unité nationale du pays. Pour ce faire, il faudrait d’abord oublier totalement Mayotte et détruire tout ce qui peut consolider notre unité nationale, donc la tournante. Les trois premiers objectifs lui semblent atteints. Maintenant, il laisse son fils continuer comme dans  une monarchie en méprisant le peuple comorien plus particulièrement l’opposition comorienne et aussi ceux qui lui ont servi des années. Si les comoriens ne bougent pas en faisant tranquillement les hayassa-grands mariages- en espérant des anges – or Dieu ne les en enverra pas si on ne bouge pas- ou l’opinion internationale qui ne se mobilise sauf s’il y a des morts- pour venir sauver le pays, il intronisera son fils en tant que président  de la République  comme il l’a fait pour lui-même. Azali Assoumani ne cédera que par la force et le peuple comorien qui souffre en premier doit le savoir et s’y préparer. Soit on mène un combat frontal contre ce régime macabre et dictatorial ou nous périrons à petit feu jusqu’à la destruction totale de notre pays et de notre jeune nation.

Ses fidèles qui assurent la sécurité du pays sont reconduits alors que les comoriens se souviennent des actes criminels commis ces dernières années. Comment expliquez-vous cela?

Ce ne sont pas ses fidèles il n’y en a aucun mais des alliés encombrants qui connaissent trop de choses. Azali Assoumani ne fait confiance qu’à lui-même et à sa famille. La sécurité du pays est tenue par la Gendarmerie nationale dont l’un des fils d’Azali Assoumani en fait partie. Ce n’est pas par hasard que le Ministre de l’intérieur est un colonel actif de la gendarmerie, en même temps directeur des services des renseignements militaires (le fameux B2) et représentant de la CIA aux Comores contre le terrorisme, et le chef de l’État major de l’armée  comorienne  est aussi un gendarme. C’est au sein de la gendarmerie que la plupart des actes criminels ont été réalisés. Le ministre de l’intérieur avec toutes les casquettes qu’il a, ne peut pas être mis facilement à l’écart. Le cas du directeur de cabinet à la présidence, fait peur – il sait trop de choses et il risque de tout avouer dès qu’on lui retire la cuillère. Azali Assoumani a essayé, à  un moment, de le mettre à l’écart et il a vu comment il a commencé à faire une logorrhée. Ces deux qui sont restés, c’est uniquement parce qu’ils sont trop encombrants comme  a été le Dr Djazza.

Avec ce nouveau gouvernement, que voyez-vous le devenir du pays dans les deux prochaines années?

Le monde est dans une période très tendue partout et de replis sur soi ou vers des blocs. Je ne partage pas cette idée d’exclure l’expérience comme facteur important dans la gestion des affaires publiques. Nous avons vu l’exemple en France avec le gouvernement d’Emmanuel Macron-qui a plombé les dettes publiques françaises- qui a failli donner le pouvoir à l’extrême droite. Il y a des domaines régaliens qu’un chef d’État responsable et qui a une vision politique doit toujours confier à des hommes compétents et expérimentés comme les affaires étrangères, l’économie et les finances. Le monde nous observe et dans ce moment difficile surtout au niveau économique, on a besoin des hommes qui connaissent et qui sont connus pour relever notre pays. Malheureusement, Azali Assoumani les a tous exclus ou ignorés afin de s’entourer des courtisans qui mèneront le pays vers la ruine.

Que pensez-vous aux prochaines législatives et communales de 2025?

Chaque chose à son temps et nous n’avons pas fini avec l’histoire des mascarades électorales des gouverneurs et des  présidentielles. Il ne faut surtout pas croire, qu’on va se laisser intimider et accepter qu’on nous dise circuler  il n’y a rien à faire.

Votre dernier mot ?

Mes derniers mots s’adressent à mes frères et sœurs de l’opposition comorienne. Nous devons tirer la leçon de la gauche française pour unifier notre force. Chacun pourra garder son chapelet mais comme nous avons tous  ensemble  un seul objectif- sauver notre pays en lui débarrassant d’un régime macabre et dictatorial d’AZALI Assoumani. Cela est possible et nous devons agir vite car le temps est contre nous. C est pourquoi nous appelons ceux qui ont participé aux mascarades électorales et ceux qui se sont abstenus d’unifier leurs forces et taire leurs divergences afin de mobiliser le peuple comorien  pour un Sursaut national. Rien ne pourra se faire dans la division de l’opposition comorienne. Azali Assoumani n’est pas  fort et le peuple comorien ne veut pas  de lui .Mais il tire sa force de notre division qui caractérise notre faiblesse. Unissons-nous pour sauver notre pays et personne d’autre ne le fera à notre place. Que la paix soit sur celui qui suit la bonne voie.

Propos recueillis par KDBA

 

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