Comme il est d’usage, nous sommes entretenus avec le président de Comores Alternatives, Said Ahmed Said Abdillah sur l’actualité sociale, politique et économique du pays. Et selon lui, en ce qui concerne la crise diplomatique entre les Comores et Mdagascar, « on nous méprise partout même nos voisins qui jadis, au moins, nous respectaient. »
Une délégation française a séjourné à Moroni et rencontré certaines autorités. Comment qualifiez-vous ces rencontres ?
Permettez-moi de vous remercier pour m’avoir accordé cette interview, vous et l’équipe du journal Al-fajr. J’aimerais aussi profiter de cette occasion pour féliciter l’ancien président Américain Donald Trump de sa victoire aux élections présidentielles des Etats-Unis. Une victoire qui marque le poids de la volonté, de la persévérance et du patriotisme en politique. Nous osons espérer que son élection va donner un coup d’arrêt aux massacres perpétrés par le gouvernement Israélien au peuple Palestiniens et Libanais, et à la guerre en Ukraine. Pour votre question je suis très inquiet de voir des hommes et des femmes politiques comoriens de l’opposition espérer que la France, qui a façonné et imposé à Azali Assoumani aux Comores contre la volonté du peuple comorien et au détriment des intérêts de la nation et du peuple comorien, va l’aider à chasser son poulain le plus serviable. Et aux vues des informations que j’ai eues après les rencontres de ladite délégation française et une partie de l’opposition, je n’ai pas été surpris du résultat : rien que de la palabre pour endormir l’opposition et la faire rêver. Je crains qu’après plusieurs années de lutte contre ce régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani, on (nous opposition comorienne) n’a pas pris la leçon de nos faiblesses en croyant qu’il peut y avoir des forces sans les nôtres pour combattre ce régime. C’est le même refrain qu’on a eu avant les mascarades des élections présidentielles et des gouverneurs avec la venue de la délégation américaine. On a eu quoi, par la suite, avec toutes les garanties et les engagements qu’elle a donnés : le maintien du régime macabre et dictatorial d’Azali Assoumani qui a fini par nous montrer son vrai visage en monarchisant le pouvoir.
Quel regard portez-vous sur les relations entre les Comores et Madagascar ?
Je dois d’abord vous dire combien notre pays a reculé en arrière dans tous les domaines surtout au niveau diplomatique. On nous méprise partout même nos voisins qui jadis, au moins, nous respectaient. Nous n’avons plus d’Etat respectable et respecté par les autres à commencer par nos voisins qui reconnaissent Mayotte comme un territoire français. Or, aucun pays de la région n’a osé le faire auparavant. Nous avons une relation historique et de sang avec Madagascar que nous devons enrichir et protéger. Nous avons une forte communauté comorienne à Madagascar et nous ne devrions pas avoir ce genre de crise entre nos deux pays. Malheureusement l’absence de vision politique régionale et internationale de nos dirigeants actuels, qui ne font que suivre les dictas de la France et pour les intérêts de la France, nous amène au mur. Vous avez vu les deux « exploits diplomatiques » d’Azali Assoumani au cours de sept dernières années : – la première celle de la présidence de l’Union Africaine qui a été une volonté de la France pour trouver un pion malléable pour freiner la poussée du rejet de la France en Afrique Francophone. Les Comores se sont endettées pour assurer cette présidence pour faire le travail d’un autre pays – la France – en Afrique. Mais les Comores n’ont rien eu de cette présidence et la question de Mayotte n’a jamais été évoquée, à aucun moment. Pourtant, il a eu le culot de conduire une délégation vers Moscou pour la question de la guerre en Ukraine oubliant qu’entre Anjouan et Mayotte, il y a plusieurs milliers des comoriens qui meurent à cause de l’occupation française d’une partie de notre territoire national. La deuxième est l’introduction des Comores à l’OMC, l’organisation mondiale du Commerce, le 21 août 2024 en tant que 165èm membre. Les Comores, pour l’instant, n’ont aucun intérêt économique et commercial à intégrer cet organisme. Mais la France a voulu que les Comores, qui ont un certain Colonel Azali Assoumani à la tête, y adhèrent afin d’inscrire au sein de cet organisme des Nations Unies- qui a reconnu les Comores le 12 novembre 1975 sur la base de quatre îles- que nous sommes trois îles Anjouan, Mohéli et Grande Comore. En dehors de la question de l’île, il y a aussi la question des frontières maritimes que nos dirigeants actuels ont signées auprès de l’OMC que nos frontières maritimes se limitent au niveau des trois îles : Anjouan, Mohéli et Grande-Comore. Les succès ventés de notre diplomatie ces sept dernières années ne sont qu’une succession de trahison à la nation comorienne et un abandon de notre souveraineté nationale.
Pensez-vous que les deux nations se trouveront sur la même table de négociation pour mettre fin à la crise ?
Si vraiment, il y a une crise, entre ces deux régimes qui se sont félicités après avoir organisés chacun des élections contestées par leurs classes politiques, pourquoi, lors de ces deux rencontres, l’investitures d’Andry Rajoelena le 16 décembre 2023 et celui d’Azali Assoumani le 26 Mai 2024, ils n’ont pas résolu le vrai problème qui sème la discorde : la question de trafic des lingots d’or qui a impliqué, de part et d’autre de deux pays, des hauts responsables de l’Etat. Pourquoi les pauvres peuples comoriens et malgaches doivent en souffrir à cause des comportements mafieux de leurs dirigeants?
En tant politicien, boycotter les législatifs est la meilleure solution à s’opposer du régime?
La dernière fois que vous aviez posé cette question, je vous ai dit que le boycott ne doit pas constituer l’unique alternative pour combattre le régime macabre et dictatorial d’AZALI Assoumani. Toutefois, si nous participons aux élections municipales et législatives sans qu’il y ait un changement de régime, ni des instances de la Ceni (commission électorale nationale indépendante), ni de la cour suprême, nous ne serons pas compris par le peuple comorien, ni par ceux qui nous observent du fait que nous avons contesté celles qui viennent d’être organisées, il y a à peine quelques mois. Participer sans aucune confrontation, ni changement c’est donner au pouvoir une quitus de nous humilier encore et de lui donner une légitimité. J’ose espérer que mes frères et sœurs et amis de l’opposition n’ont pas encore refroidis les esprits des dernières mascarades électorales. C’est pourquoi il est vital que l’opposition comorienne, dans son ensemble, s’unifie et décide ensemble une stratégie unique de combat pour changer la donne politique aux Comores.
Ne sera-t-il pas un échec de l’opposition ?
Le succès ne viendra pas en participant dans une mascarade électorale, que l’on sait déjà comment sera la finalité, si nous ne nous unissons pas et nous préparer dans un combat frontal électoral, circonscription par circonscription. Dans un pays où l’opposition est unie, le peuple la suit et elle gagne. Notre succès n’est pas dans la participation ou non. Il est d’abord structurel et tactique. Nous ne devons pas nous cantonner à rassembler quelques partis en faisant des groupuscules des fédérations des partis, comme on a déjà, Front Commun, G10, Comred etc. On a l’impression que chacun veut avoir sa mosquée de vendredi, pour dire qu’il rassemble plus que les autres. Il nous faudra d’une manière urgente rassembler les responsables de ces mosquées de vendredi pour unir nos forces d’actions vers notre cible principale et en y mettant en place un directoire pour le piloter.
Étant aussi un économiste, comment réagissez-vous sur la non homologation du stade de Maluzini qui laisse perdre une somme conséquente ?
Le stade de Maluzini a été déjà homologué mais il parait qu’il n’a pas été entretenu. La réalité est ailleurs et n’est pas une question de moyens financiers – le coût d’un seul voyage du colonel Azali ASSOUMANI aurait pu entretenir le stade pendant quelques mois. Mais le vrai problème est que l’organisation des matchs au niveau international dans notre pays attire nos frères et sœurs de Mayotte et cela déplait à la France. Il ne faut pas avoir une mémoire courte et une vision qui se limite au bout du nez. Vous avez vu la question de la tournante qui a attiré nos frères et sœurs de Mayotte dont certains réclamaient leur tournante. Cela aussi n’a pas plu à la France, c’est pourquoi elle a fait retourner -par truquage au troisième tour- Azali Assoumani pour mettre fin à la tournante quel que soit la conséquence au niveau de notre unité nationale. C’est le malheur qui frappe notre pays : on est dirigé par une équipe qui le déteste. J’appelle aux supporters de notre équipe nationale à demander aux autorités compétentes de ce qu’il faut faire pour avoir une réhomologation de notre stade de Maluzini afin qu’en dehors de l’Etat nous y trouvions une solution si vraiment problème y est. Nous ne pouvons pas laisser la seule fierté qui nous reste -notre équipe nationale : les Cœlacanthes- nous unit tous et nous valorise au niveau mondial, être détruite par un système qui a déjà mis à terre notre jeune nation.
Propos recueillis par KDBA