ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Ali Azir Is-haack : « Nous exhortons un face à face républicain »

Le dialogue national est d’actualité. Le parti Ulezi ne cesse de contribuer pour la réussite de ce rendez-vous national. Ali Azir Is-haack, coordinateur régional de Ulezi exhorte un face à face républicain. « Nous appelons donc en urgence l’ensemble des acteurs à transformer les paroles de bonne volonté par des actes », lance-t-il. Interview.

Alors que le président Azali a pris en considération l’appel du parti Ulezi au dialogue national, quelles sont vos impressions ?

A la suite d’un courrier signé au mois de mars dernier  le parti Ulezi avait lancé un appel au chef de l’Etat et à l’ensemble des partis politiques comoriens, de la mouvance présidentielle à l’opposition, pour la tenue d’une rencontre inter comorienne en vue d’une réconciliation nationale. Notre persévérance est compensée, car le dialogue prend forme aujourd’hui. Tout le pays s’en approprie, les partis d’opposition adhèrent au débat et le président comorien l’accepte. Le parti Ulezi s’en félicite, mais il est conscient que ceci n’est qu’un début d’une étape d’un long processus. La volonté des comoriens de s’asseoir autour d’une table pour se parler est d’une importance capitale. Prions que le Tout Puissant nous accompagne dans cette démarche ô combien délicate pour la consolidation de la paix, de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale ainsi que de la sécurité des populations de nos îles tant impérative pour que le pays puisse décoller socialement et économiquement.

Selon vous, le dialogue peut se tenir sans la communauté internationale ?

Le dialogue est d’abord inter comorien. Il ne pourra se tenir que s’il y a une volonté politique manifeste de tous les acteurs comoriens à s’asseoir autour d’une table pour se parler face à face et les yeux dans les yeux. Nous exhortons un face à face républicain. Viendra ensuite la communauté internationale pour nous accompagner et soutenir notre démarche. La communauté internationale sera le facilitateur et garent d’un accord éventuel qui en ressortira. 

Dans vos préalables le parti Ulezi demande la libération des prisonniers politiques avant le dialogue. Et si ce n’est plus le cas. Que proposeriez-vous ?

Notre parti a toujours soutenu l’idée que l’Union des Comores aura tout à gagner si des gestes forts et de bonne volonté de la part du président Azali précèdent  la conférence inter comorienne, telle la libération des prisonniers politiques et le retour au pays de tous les exilés. Nous avons en mémoire le discours du chef de l’Etat à la veille du 1er jour du mois de Muharam, où il exprimait son attachement à un dialogue constructif, à un climat politique apaisé pour les Comores. Alors, nous savons tous qu’il n’y aura jamais un climat apaisé dans notre pays tant que la constitution ne sera pas respectée notamment, articles 1 et 2 : l’Union des Comores  est une République… démocratique qui garantit le respect de la dignité des personnes et reconnait l’inviolabilité et l’inaliénabilité des droits humains comme fondement… de paix et de justice, et l’Union des Comores reconnait… et assure la pleine jouissance des libertés fondamentales pour tous les citoyens. Dans ce cas précis, le droit à l’information et le droit à manifester font partie intégrante des libertés fondamentales. En conclusion, nous ne proposons rien si ce n’est que demander le respect et l’application pure et simple des dispositions de la loi fondamentale.

Vous savez bien que le pays ne traverse pas seulement une crise politique, mais une crise sociale, économique…N’est-il pas le temps de miser sur les maux qui rongent le peuple comorien ?

Aux Comores, les crises se suivent et se ressemblent mais ceux qui ont le pouvoir continuent à regarder ailleurs ! Lors de cette rencontre inter comorienne pour la réconciliation nationale, le parti Ulezi souhaite qu’on y aborde les questions relatives à l’amélioration des conditions de vie quotidienne de nos populations. Il est vrai que les difficultés qui rongent les Comores ne sont pas uniquement politiques, mais elles sont aussi d’abord économiques ensuite sociales. Pour les résoudre, nous avons besoin d’un pays apaisé qui permet au peuple de vivre en sécurité, d’une stabilité politique pour encourager les investissements y compris venant de l’extérieur et du respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale, pour que les comoriens restent unis et solidaires.

Qu’attendez-vous donc de ce dialogue national ?

Le parti Ulezi attend de ce dialogue que les comoriens en sortent forts, unis et réconciliés entre eux pour relever ensemble notre beau pays. Nous attendons de cette rencontre que ceux qui nous dirigent considèrent que les comoriens sont tous des acteurs de développement quelle que soit leur position politique et sociale. Et ceux de l’opposition doivent converger leurs luttes pour renforcer et rendre crédibles leurs revendications. Nous devons tous œuvrer pour les intérêts supérieurs de la nation en mettant de côté nos égos. Privilégions la diversité d’opinions et non l’animosité entre acteurs politiques. Pour qu’il soit une réussite il faudra privilégier les questions de fond et se poser les bonnes questions pour l’instauration des institutions fortes, sauvegarder l’unité nationale et respecter l’équilibre des îles dans un climat de confiance.

Etes-vous optimiste quant à la réussite du dialogue national pendant que le premier dialogue est voué à l’échec ?

Nous ne nous trouvons pas dans le même contexte. En février 2018, des assises nationales ont été organisées dans le but d’identifier la nature et la cause de nos difficultés empêchant le décollage économique des Comores depuis, le 6 juillet 1975. Les assises ont diagnostiqué la maladie, la rencontre d’aujourd’hui doit établir les ordonnances afin de l’éradiquer, même s’il faut reconnaitre que les assises avaient donné des recommandations, mais, nous semble-t-il, suivies de manière infime. Si les uns et les autres affichent honnêtement leur volonté de sortir le pays de l’eau, nous, parti Ulezi, sommes assez confiants quant à l’aboutissement heureux de notre dilemme. Nous appelons donc en urgence l’ensemble des acteurs à transformer les paroles de bonne volonté par des actes.

Propos recueillis par KDBA

 

 

 

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