ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Notre collaboratrice Séverine Kodjo-Grandvaux a accueilli l’écrivain franco-ivoirien, auteur de « Camarade Papa », lors du festival Lire à Douala, au Cameroun.

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Douala, au Cameroun, en 2015. Quelques amies, des femmes d’affaires, prennent le thé ensemble et devisent. Elles aiment se retrouver. Pour certaines, depuis plus de vingt-cinq ans. Et parler culture. Elles voyagent régulièrement à l’étranger, visitent les musées du monde entier, assistent aux grands rendez-vous littéraires internationaux, rapportent de leurs déplacements nombre d’ouvrages, des essais, des romans, des beaux-livres… Et constatent, amèrement, que Douala est un désert culturel. Pas de librairie ni de réelle bibliothèque. Aucune manifestation littéraire. Rien. Juste deux centres d’art, dont la galerie de l’une d’entre elles.

 « Et vous qui déplorez cette situation, que faites-vous pour y remédier ? », leur rétorque l’une de leurs connaissances. Piquées au vif, Marème Malong, directrice d’une agence de communication, et l’avocate Marie-Andrée Ngwe retroussent leurs manches et créent l’association Lire à Douala. Elles sont aussitôt rejointes par d’autres femmes, dont la gynécologue Monique Onomo, actuelle présidente de l’association, et des jeunes. Elles lancent ainsi un festival littéraire à destination du grand public et des enfants, pour « promouvoir la lecture ».

« Je ne décolonise personne »

Durant quatre jours, les auteurs invités rencontrent des élèves de lycées et d’écoles de quartiers défavorisés (New Bell, Oyack…), animent des ateliers d’écriture romanesque ou de slam, promeuvent le livre et la lecture, encouragent les enfants dans leurs efforts, transmettent leur passion. Le soir, ils échangent avec le grand public en divers lieux de la ville.

Mais Lire à Douala, c’est aussi un concours d’écriture (poésie, nouvelles…) pour les enfants des écoles participantes, des ateliers de bande dessinée menés par Jérémy Barla. Et une incroyable librairie éphémère qui a permis, cette année, de vendre en quelques heures plus de 2 000 livres de seconde main, récupérés à droite et à gauche, au Cameroun ou en France, à un prix unique : 1 000 francs CFA le kilo (environ 1,50 euro).

Depuis 2017, j’ai le privilège d’accompagner Lire à Douala dans cette formidable aventure. Et d’y avoir accueilli Kidi Bebey, Marc Alexandre Oho Bambe, Henry Lopès, Dany Laferrière. Et, cette année, du lundi 4 au vendredi 8 mars, l’intrépide Gauz, auteur du remarqué Debout-Payé et du remarquable Camarade Papa. Gauz, c’est l’art de la provocation et un goût certain pour les phrases choc.

« La colonisation est une fiction », s’est exclamé l’auteur franco-ivoirien devant l’auditoire médusé de la Galerie MAM, le 5 mars. Explication de texte : « Lorsque les Français ont décrété que la Côte d’Ivoire était leur colonie, ils étaient à peine cinquante sur ce territoire. Ils ont décidé que c’était chez eux. C’était d’abord une fiction – la colonie n’existait pas –, le fantasme de posséder l’autre. Cette idée s’est concrétisée beaucoup plus tard. Et ç’a été un cauchemar. »

Et de poursuivre, devant l’incrédulité de l’écrivaine béninoise Irène Assiba d’Almeida, professeure d’études françaises et francophones à l’université d’Arizona, venue à Douala présenter son ouvrage sur L’Enfant noir (1953), de Camara Laye : « On ne peut pas combattre une fiction avec les armes mais par une autre fiction. Mon travail n’est pas de déconstruire. Je ne décolonise personne. Car ça voudrait dire que moi, avant de commencer à vivre, je devrais d’abord démonter quelque chose. Je préfère bâtir pour moi, fabriquer une autre fiction en face de celle de la colonisation. »

Des élèves « ivres de livres »

Mais derrière la gouaille et les muscles, Gauz, c’est aussi une grande sensibilité et une profonde empathie. Devant les étudiants de l’Université catholique d’Afrique centrale ou les lycéens d’Oyack, il s’est montré moins provocateur, plus simple, sacralisant le livre : « Avec le livre, c’est tout un univers qui s’ouvre à vous. Ecrire, c’est ravir, donner du beau », a-t-il confié à des enfants emportés par son énergie. Des enfants rendus, ainsi que l’a exprimé une élève de troisième, « ivres de livres ».

Le succès de Lire à Douala est inestimable. Ce festival apporte, dans une ville de près de 3 millions d’habitants qui manque cruellement de structures culturelles, une véritable bouffée d’oxygène dans un climat camerounais actuel tendu. Des lieux de rencontre et d’échange qui, hélas, dépendent à ce jour uniquement de l’opiniâtreté des bénévoles de l’association, qui a peiné à réunir les fonds nécessaires pour l’organisation de cette quatrième édition.

Séverine Kodjo-Grandvaux


Issa ABDOUSSALAMI
Sociologue, doctorant à Aix-Marseille Université

Dans un récent article, j’ai posé les bases d’une interrogation et d’une réflexion sur les thèmes qui animeront la campagne électorale de ce moment. Dans le climat d’effervescence totale entre les candidats de l’opposition, les sujets qui animent les meetings et réunions publiques électorales semblent déjà formulés à l’avance. En analysant le contenu des coupures de presse et des interviews consacrés aux candidats aux élections présidentielles et gubernatoriales, il est évident de constater que les projets de nos courageux candidats se limitent à propositions encore abstraites, inexpliquées et encore floues. Retour des accords de Fomboni de 2001, fin des tribunaux d’exception, retour de Mayotte, fin des conflits de compétence, affectation de 30% du salaire présidentiel à la promotion du sport, attaque aux problèmes sérieux du pays…autant de sujets animent la trame des programmes politiques des candidats.

A travers ces discours mielleux se cachent des candidats sans projets crédibles. On se demande comment certains candidats de l’opposition tiennent des propos faisant l’éloge de l’immobilisme socioéconomique du pays. Les accords de Fomboni étaient une solution de dernière minute visant à éviter au pays de sombrer dans le chaos total. On le sait. Maintenant que les choses se sont apaisées,  il y a lieu de mettre le pays dans les rails du développement. Les preuves sont visibles, le pays connait une mutation socioéconomique importante grâce aux différentes réalisations effectuées par le Candidat-président Azali Assoumani. On se demande également comment un candidat de l’opposition se fixe uniquement sur le retour de Mayotte comme principale préoccupation politique. Par quels moyens et quelles stratégies ? Le contentieux mahorais ne demande-t-il pas une autre approche diplomatique de l’aborder ? Laquelle ?  N’y a-t-il pas encore d’autres choses à nous proposer ? Comment un candidat frondeur du pouvoir s’engage à promouvoir le sport en lui octroyant 30% de son salaire, alors qu’il n’a jamais été impliqué à la cause des jeunes pendant plus de vingt années d’exercice diplomatique ? Que signifie « s’attaquer aux problèmes sérieux du pays ? »   Toutes ces interrogations méritent d’être formulées. Il est temps. C’est le moment de nous conquérir. Nous avons soif de vos projets, chers candidats de l’opposition.

Des partis d’opposition avides de pouvoir

Le manque de crédibilité de l’opposition s’affiche tous les jours. Ces partis qui  ont fait front pour saboter les assises nationales, semer la terreur dans le référendum constitutionnel et s’investir pour des tentatives de déstabilisation du pays doivent maintenant être en mesurer de s’unir, s’allier pour une représentation unique et forte. En vain. Le seul discours qu’ils tiennent c’est de battre Azali. Mais, comment ? Les élections actuelles sont le parachèvement des assises qu’ils ont refusées de participer. Ces échéances électorales constituent un moyen important d’analyser la sociologie électorale et les pratiques politiques  aux Comores. La première hypothèse que l’on puisse formuler est que la maturité et les convictions politiques sont encore loin d’être ancrées dans le fonctionnement d’une opposition instable. L’inexistence d’un projet politique digne contribue à décrédibiliser l’opposition.

Le projet de l’émergence : une réponse crédible et visible    

Je l’ai souligné et le souligne encore : l’émergence n’est pas un rêve, elle se vit. Le projet du candidat de la mouvance présidentielle s’inscrit sur la continuité des projets de développement pour permettre au pays d’être au rendez-vous de l’émergence 2030. Au cours de ces deux dernières années, le bilan d’Azali à la tête du pays est plus que salutaire. Les différents chantiers engagés permettent au pays de viser loin. Fini le temps des promesses. L’heure est aux actes. Et on les voit. On y croit. Le pays reprend son souffle, consolide sa souveraineté et son honneur. Les Comoriens ont l’espoir d’améliorer leur quotidien par la fluidité de la circulation, la fourniture d’énergie électrique, la baisse des PPN…Il ne s’agit pas par là d’un projet de vote ou de promesses électorales, c’est un projet de développement dont les réalisations sont énumérées dans le document des assises nationales et le projet quinquennal du gouvernement. Ce n’est pas de la littérature mais plutôt un travail de terrain qui se réalise quotidiennement grâce à la coordination du secrétariat général du gouvernement. La campagne est lancée mais le développement du pays est en marche.

Issa ABDOUSSALAMI

Sociologue, doctorant à Aix-Marseille Université

 

Mlango 26

Mlango 26

 « … Celui qui fera des bêtises, nous ne le punirons pas seul. Il sera puni avec toute sa famille. ». Ces mots du président suppléant Moustadrane Abdou ont l’audace d’annoncer la couleur. Que la mascarade commence.

Welcome in the Jungle. Rien de surprenant !


Qui aurait fait mieux ? Surement pas le ministre Souef El-Amine, qui essaie malgré tout de garder une stature digne, sans jamais remettre en cause directement – sauf en off, parait-il – son gouvernement. Le président Azali a finalement pris congé et a choisi de confier les rênes de la république à Moustadrane. Drôle de choix pour le président, qui demande à la France, un dialogue franc. Pour l’ancien vice-président, Mayotte n’est pas une île comorienne, mais appartiendrait à un autre pays. En tout cas, c’est ce qui est ressorti de sa déclaration en août 2018, quand il a demandé aux opposants anjouanais mécontents, de « quitter le pays en kwassa kwassa vers un autre pays. Mayotte ». Telle est la personnalité que le chef a choisi pour sa suppléance. Loin d’unir ou de chercher l’apaisement, ce dernier est adepte des petites phrases stigmatisant, à l’endroit des concitoyens de l’autre bord. Son approche est brute et sans filtre.

 

Mais à y voir clair, il s’agit d’un choix stratégique. Dicté par la nécessité d’installer la peur dans le subconscient des candidats et leurs soutiens, le colonel a fait le choix de durcir la trajectoire des élections, en les confiant au tandem Moustadrane/Mohamed Daoudou. Le seul capable d’assurer la mission. Un duo de choc à la manette. On ne peut mieux faire. Le ministre a l’art de se faire passer pour le maître du temps et de l’espace. Affirmant sans sourciller, faire ce qu’il veut et n’en avoir que faire de la loi. Le président suppléant, s’est quant à lui, spécialisé dans les attaques directes contre les citoyens.

Tant pis pour le ministre des affaires étrangères, qui se voyait peut-être déjà à Beit-Salam.


Par la suite, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que Moustadrane lance les hostilités. Le 21 février, une journée après l’ouverture de la campagne électorale, il a encore une fois dérapé. Menaçant, dans une allocution officielle, de « punir » les familles de tous ceux qui feront « des bêtises ». Mais à qui et à quoi fait-il allusion ? Et quelle punition leur réserve-t-il ? Jamais nous n’aurions imaginé, entendre ceci de la plus haute autorité du pays. La parole du président ne devrait jamais se mettre en dehors de la loi. Mais à force de partir en freestyle, nos représentants ne mesurent que tardivement, l’impact de leur propos et leur prise de position. Parce que j’aime à croire que cette phrase de Moustadrane, ne lui a pas été écrite dans un discours. Mais on ne pouvait pas rêver mieux s’agissant de l’ancien vice-président. On se rappelle encore de ces paroles glaçantes, quand il disait en direction des Anjouanais, dans un meeting public en juillet 2018 : « … Celui qui sera rattrapé par la patrouille n’aura même pas la visite de sa femme. »

 

La couleur est ainsi annoncée et rien ne nous surprend. Mais nous ne manquerons de rappeler à monsieur le président suppléant, vu qu’il a sûrement oublié, qu’il est là pour un temps court. La nation ne devrait pas se rappeler de lui, comme du président de la haine. Les petites phrases qu’il a l’habitude de balancer ne sont pas dignes de sa stature. Nous lui rappelons aussi, qu’il travaille pour les citoyens comoriens et représente notre nation. Nous lui demandons de respecter cette haute institution qui est la présidence de la République. La stigmatisation des plus faibles est un honneur pour personne. Moustadrane a avant tout, la mission d’organiser des élections dans la paix. Il a donc un devoir de neutralité. La nation comorienne est entre ses mains. Puisse-t-il ne pas nous conduire vers une guerre ou des affrontements fratricides. En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.

 

Khaled SIMBA

Mlango 28: À en perdre les dents !

Mlango 28: À en perdre les dents !

Parce qu’il s’agit de dire que notre liberté n’aura jamais de prix. Que nos libertés ne peuvent pas être remises en cause. Jamais. Que s’il le faut, nous marcherons avec nos dents pour les réclamer…

 À en perdre les dents !

C’est la triste question que je me pose depuis maintenant une semaine. Depuis la mise sous silence d’Oubeidillah Mchangama. À quoi bon continuer, si le jeu est fait d’avance. Si nous ne sommes que des pions. Utiles pour les uns en temps de Pluie. Et pour les autres, quand le soleil brille de mille feux. À quoi bon écrire. Tenir une chronique toutes les semaines. Au mieux, le papier servira de contenant de « Njugu », ou d’emballage de viennoiserie et de « bajia ». Avant de finir dans une des déchetteries sauvages de Volo-volo. Les idées, les cris d’alarme, les espoirs, personne ne s’y intéresse. Le peuple, en premier lieu la jeunesse a abdiqué. Nous nous sommes embarqués avec eux, dans un voyage sans fin. Dans un navire avec une boussole cassée. Un équipage dépité, qui laisse le gouvernail aux meilleurs des bonimenteurs. Les plus habiles devenant des griots. Chantant à tue-tête, à enivrer les sirènes des eaux les plus profondes.


Croire à un idéal. C’est ce qui nous anime. Croire que c’est possible. Que c’est à nous de le faire. Que personne ne le fera à notre place. Mais à vrai dire personne ne veut le changement. Ou du moins peu sont ceux qui le souhaitent. Le bien commun n’intéresse personne. Les analyses et les propositions qui sont faites, ne changent rien. Et elles ne changeront rien. Il faut accepter l’évidence. La caste d’en haut, ne nous laissera jamais lui priver de son moment. « Son dimanche ». Ils ont du mal comprendre cet adage comorien qui dit « A chacun son dimanche ».
Notre idéal restera un leurre, tant qu’il ne sera porté par la masse. Je suppose que c’est ce qui animait aussi Oubeid et ses acolytes. Leur approche atypique, leur a donné une voix. Ils l’ont mise au service de l’information. Zéro calcul. Présent partout et à toute heure pour donner la parole à tous. Pas seulement aux politiciens. Au  peuple aussi, celui que d’aucun qualifie de «  bas ».Cette frange de la population, que l’on n’entend pas souvent. Très rarement. À part, quand on leur demande, au risque de leur vie, de monter dans des camions et scander à en perdre la voix, les noms des candidats aux diverses élections.

 

Triste et révoltant mais surtout dur à accepter. Dur de se dire que nos grands frères ne voient en nous, que des simples pièces d’un jeu d’échec, manipulable à souhait. Que notre voix et nos plumes ne peuvent service que leur plan de carrière. Que nos idées nouvelles, notre engagement, ne veulent rien dire, quand ils ne rejoignent pas les leurs. Qu’il leur suffira d’arriver en haut, pour nous réduire en animateur de toirab (comme si l’animateur de toirab ne pouvait avoir un esprit cartésien) et nous mettre en prison. Dur d’accepter que notre idéal n’intéresse personne. Qu’ils ont réussi à nous diviser. Au point de voir un responsable d’une association de « jeune », dire qu’il s’en fout de l’application stricte de la loi sur les marchés. A quoi bon continuer alors, l’espérance s’est fait la malle.

 

À y regarder de près, ils sont peu nombreux à souhaiter faire les choses autrement. Inverser la vision. Réduire la distance focale. Il faudrait un tsunami politique aux Comores pour espérer changer les mentalités. Parce qu’il s’agit avant tout de changer les mentalités. De comprendre que les gouvernants, ne sont que nos employés. C’est nous, les maîtres et pas eux. Nous le peuple. C’est à nous qu’ils doivent faire des salamalecs et non l’inverse. Il s’agit de comprendre que la culture du résultat n’est pas une option, mais une obligation. Qu’à défaut de résultats, nous devons demander un changement et non l’espérer. Parce qu’il s’agit de dire que nos libertés ne peuvent pas être remises en cause. Que notre liberté n’aura jamais de prix. Jamais. Nous marcherons avec nos dents s’il le faut, pour la réclamer. Même il est dur d’accepter que ma chronique n’y changera rien. Rien. Ni pour Oubeidillah Mchangama ni pour mes cousins et moi. Mais en attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.

 

Khaled SIMBA

Mlango 24

Mlango 24

Il ne suffit pas d’acheter une centrale faussement neuve –comme le pensent certains – pour espérer résoudre le problème. « Les coupures de plus en plus fréquentes constatées, ces derniers temps sans électricité (tour des régions et quartiers) sont de plus en plus longues depuis vendredi et continueront à subir des délestages  durant  une période de 45 jours pour des raisons de maintenance de nos centrales thermiques qui fournissent actuellement moins de la puissance demandée.»

SONOLEC : Incompétents et Intouchables.

C’est un bien triste anniversaire que l’Etat comorien s’apprête à célébrer. Un anniversaire avec pleins de bougies et pas du tout de courant électrique. Le courant n’est plus. Il va être difficile de faire campagne sur une centrale thermique qui ne cesse de démontrer ses limites. Le père autoproclamé de la lumière risque d’avoir du plomb dans l’aile. Difficile de continuer le mensonge. AZALI-II a suivi la même démarche qu’AZALI-I et on s’étonne que ça ne fonctionne toujours pas.

On continuera de s’endetter, encore et encore, pour acquérir d’autres moteurs, pour pallier l’urgence. Et si l’urgence était ailleurs ?
Le couperet est tombé mardi dernier (05/02), sous forme de communiqué : « Nous comptons procéder à une distribution rotative de l’électricité uniquement pendant la journée et comptons mettre en place une publication d’un programme de distribution périodique dans les périphériques en conformité de la puissance disponible ». Un communiqué venu confirmer les craintes des usagers, de faire un bon de deux ans en arrière. Hélas ! Désormais, c’est le noir total. En réalité depuis plus de deux mois, les régions étaient fortement délestées, parfois  durant plusieurs jours d’affilés. Chômage technique pour beaucoup de salariés du privé et du public. Les fichiers PDF de certains journaux de la place, ne sont plus distribués aux abonnées et on termine avec la SONEDE qui accuse son cousin la SONOLEC d’être l’origine de la pénurie d’eau qui s’intensifie dans la capitale et ses environs.

 

Cette nouvelle crise n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé après AZALI-I. Il n’a pas fallu beaucoup de temps, après que l’Etat se soit endetté pour équiper la Mamwé, pour  que le problème de la fourniture de l’électricité et de l’eau s’intensifie. Aujourd’hui, le gouvernement n’a même pas eu le temps de finir son mandat, que la nouvelle centrale, acquise dans un flou artistique (non-respect de la loi sur les marchés publics), pour pallier à l’urgence – nous dit-on – commence à montrer des limites. Des questions légitimes se posent, notamment sur la véracité de l’état de la centrale, censée être neuve. Sur le manque d’entretien des moteurs et sur les capacités techniques des employés. Nos techniciens et ingénieurs, sont-ils à la hauteur ? Les recrutements, sont-ils adaptés ? Le manque de ressource qualifiée n’est-il pas la vraie cause des crises à répétition dans cette société ? Ne manque-t-il pas de formation continue pour les employés ? Même s’il faut signaler que la société française (Atelier de Mécanique des Pertuis), chargée de la maintenance de  le « nouvelle centrale » devait, dans son contrat, former des agents de la Mamwe. Contrat qui est arrivé à terme et qui ne sera vraisemblablement reconduit. Mamwe, puis la SONELEC devrait plus de 500 millions de nos francs à la société française de maintenance, selon une information publiée par le Quotidien Masiwa en décembre dernier.

 

Toujours est-il qu’une  bonne gestion commence par accepter de changer de stratégie quand celle jusqu’ici utilisée ne fonctionne pas. Il est peut-être temps de faire autrement. Changer de moteur, encore et encore ne résout pas et ne résoudra pas le problème. Sans un entretien qualitatif, tout le parc de la SONELEC, va continuer à s’éteindre, et cela, qu’importe les investissements qu’on y mettra, pour racheter d’autre moteurs d’occasions, encore plus puissants. Nous devrions avant tout avoir des ressources qualifiées pour assurer l’entretien. L’entretien coûtant cher, avoir surtout une gestion saine de la société pour espérer le faire en temps et en heure, la Mamwe enchainant les scandales financiers à répétition. Il appartient donc à nos politiques et aux responsables de la société susmentionnée, d’orienter les investissements dans la formation continue. Elle est peut-être là la magie. Celle qui redonnera de l’électricité et de l’eau à toute la population.


Le communiqué nous apprend que cette situation était prévisible : « Les régions subissent des coupures généralisées puisque les groupes sont maintenant sollicités au-delà de ce qu’ils sont en mesure d’offrir ». Pourquoi la société d’Etat a-t-elle attendu aussi longtemps pour procéder à la révision des groupes électrogènes ? Et comment a-t-on pu laisser pourrir la situation jusqu’à en arriver là, alors que comme le précise le communiqué, ceci est dû au « dépassement de ses horaires et de maintenance ».  Gouverner c’est prévoir et on aurait du mal à croire et à comprendre que les responsables de la SONELEC n’étaient pas au courant de ce qui était en train de se passer. Que pousser à fond les moteurs sans entretien, ne pouvait que les affaiblir. Nous attendons donc les sanctions adéquates, comme ce fut le cas contre la secrétaire générale du ministère de la Santé, qui a signé l’autorisation de production et d’exportation de « bangue » depuis nos iles. Sauf si à la SONELEC, les responsables sont intouchables, protégés par ceux qui sont plus haut. En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.

 

Khaled SIMBA

La cour suprême a sonné le début des festivités en publiant la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle et gubernatoriale. Zéro surprise. On prend les mêmes et on recommence. L’argent coulera à flots, on le sait. La question se pose juste sur le timing et sur les personnes à même de s’occuper de ces détournements de fonds publics.

« Des détournements de fonds, certes, il y a eus ». Et on recommence.

Dans quelques semaines, l’argent va couler à flots. Et il n’est pas sûr que vous en voyiez la couleur pour les 5 ou 10 années à venir, dès les élections finies. Mangez donc. « Ye sisa Mdru Hama », comme ont dit les anciens, avant qu’il ne soit trop tard. La justice l’a déjà prouvé, notre classe politique n’a aucune limite quand il s’agit de faire gagner leur camp. On pille les caisses de l’Etat, sous la couverture de nos amis au gouvernement. Et on se laisse aller à un clientélisme flagrant, en distribuant des cadeaux à la veille des élections. Il est rarement question d’idées et de programmes établis. Une petite brochure à distribuer à gauche à droite, à qui s’y intéresse. Une liste de promesses sous un graphisme bien travaillé, à la limite du foutage de gueule. Et Hop ! Personne ne vote pour un programme, en tout cas pas le bas peuple, tellement affamé et assoiffé, que quelques billets d’Al-habib Said Omar suffisent à s’attacher leur soutien inconditionnel, semblent penser nos politiciens. Ne refusez surtout pas. Prenez en le maximum. Il vous appartient. Mais choisissez le bon. Pas le moins mauvais. Le meilleur. Parce qu’il nous faut le meilleur. Pas celui qui veut juste chasser Azali.

Aboudou SOEFO, ancien secrétaire général de la  CRC (principal parti au pouvoir), confirme un détournement orchestré par son ancien parti, dans un post Facebook, daté du 12 décembre 2017. « Des détournements de fonds, certes, il y a eus », affirme-t-il, serein. Il poursuit calmement, en donnant des détails bien précis sur la somme, le but et le commanditaire de ce détournement. « … 32 millions de nos francs décaissés aux hydrocarbures début 2006… ». Plus loin, « …Un détournement auquel j’ai participé avec d’autres camarades pour le compte de la CRC. ». Il précise enfin, que cette somme a servi à la campagne d’Ibrahim Halidi, candidat du CRC pour l’élection présidentielle. Et voilà la boucle est bouclée. SOEFO a purgé sa peine et payé sa dette à la république. Il s’est expliqué devant la justice et de manière publique.

Mais comme le colonel Azali Assoumani et son putsch, il lui restera toujours une dette morale envers le peuple comorien, pour avoir influencé négativement son avenir.

Il est très marrant d’observer le positionnement actuel des grands partis politiques, en premier lieu la CRC, « condamnée » par la justice, à travers ses cadres de l’époque. Il est affligeant de voir avec quelle facilité ces partis avancent leurs pions sans prendre en compte les condamnations passées. Le clientélisme est toujours légion, au vu et au su de tous. En témoigne l’opération « chaussure de foot », qui serait selon toute vraisemblance, lancée par le commissaire au plan, à la veille du double scrutin qui s’annonce. Une opération qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celles des équipes du « Mzé Mwendza Mvu » alias Mamadou, qui ont offert des maillots de foot à certaines équipes, à la veille du scrutin de 2016.

La pratique est habituelle et connue de tous. À chaque période de vote, l’argent tombe littéralement du ciel. Et à chaque fois, ce sont les mêmes personnes qui reviennent, comme pour nous narguer. Les anciens membres de la CRC qui ont programmé le détournement, forment aujourd’hui pour la plupart, l’état-major de la « nouvelle » CRC et/ou du RADHI. Le mal est bien profond et ne se limite pas à quelques personnalités. Ils n’hésiteront pas à reproduire le schéma d’antan. Il s’agit tout de même de deux partis politiques d’envergure, qui jouent un rôle clé dans les Comores d’aujourd’hui. Le premier étant la propriété du président de la République, le deuxième ayant à sa tête, celui qui chuchote à l’oreille du président, Houmed Msaidié.

CRC, Radhi, UPDC, JUWA… Tous sans exception ont joué le jeu du clientélisme et pour certains du détournement de fond public, pour servir une campagne et pas seulement. Ils referont la même chose encore cette fois. Et pour toutes les fois qui viendront. Pour que ça change, c’est le système qu’il faut changer. Et pour ce faire, c’est toute cette classe politique qui doit sauter. Ce ne sera pas pour cette fois, malheureusement. Mais on ne désespère pas. En attendant, soyons intègres, soyons citoyens, soyons Comoriens, et le meilleur suivra.

 

Khaled SIMBA

« C’est  trop exiger de la politique que lui demander de réaliser le bonheur et le sens de la vie ». MAX WEBER.

Professeur Djaffar MMADI
Université des Comores
Professeur Djaffar MMADI à l’Université des Comores

Je l’avais dit à travers mes publications et je le répète encore une fois, la démocratie est une finalité comme le développement d’un pays. Pour y parvenir, il faut, c’est un tourisme, en prendre le chemin et faire, dans la bonne direction, les premiers pas. La démocratie est aussi un apprentissage : comme de se tenir  debout et de marcher pour un enfant, comme de nager ou de conduire une voiture ; on hésite, on tombe, on coule ou on cale avant d’acquérir les automatismes de la fonction et de dominer ses règles…au point d’un d’en faire une « seconde nature » de ne plus pouvoir oublier ni revenir en arrière.

 Cependant, depuis quelques temps, nous constatons que notre pays, a choisi de faire une marche arrière quant à la définition réelle de la démocratie : le pluralisme des partis politiques et des candidatures lors d’une élection ne suffit pas, tant s’en faut, même si les scrutins se passent sans fraude criante et sans que leurs résultats soient sérieusement contestés. Il n’y a pas de démocratie sans justice indépendante, intègre et respectée ainsi que tous ses auxiliaires. Il n’y a pas de démocratie sans le contre pouvoir d’une presse  elle aussi indépendante. Cela, c’est le fondement, mais il n ‘y’a pas non plus de démocratie au sens plein du terme lorsqu’il y a des prisonniers politiques au sort obscur et incertain, ou lorsque la liberté de circuler est arbitrairement contrôlée, ou bien encore quand l’éducation et la santé ne sont pas dispensées à un niveau décent.

   Contrairement à l’eau qui, pourvu qu’on la distille, peut-être absolument  pure, la démocratie n’est jamais absolue ni parfaite certes, la dictature non plus, d’ailleurs, c’est l’objet de mon article : sommes-nous encore dans une démocratie ou une vraie dictature ? 

 Dois-je rappeler aux jeunes moins de trente ans qu’à l’époque, pour un rien, les militaires débarquaient et tiraient à balle réelle, confondaient Mohamed ADAMO  et l’autre ADAMO  d’Iconi porté disparu à jamais… ?

  Cela étant, notre devoir à nous en tant qu’intellectuels, en tant que réveilleurs de conscience, nous qui subissons l’arbitraire à dose plus ou moins concentrée, est de ne pas être inertes, passifs et aveugles.

 Ce qui se passe à l’heure actuelle dans nos villes et villages, c’est du déjà vu. Raison pour laquelle, nous devons réagir, protester, sensibiliser l’opinion  publique intérieure et extérieure, dire non aux tenants de l’arbitraire, leur rappeler s’il le faut le devoir de Mémoire.

  En réalité, quand  on est gouvernant, on devrait mettre un point d’honneur à faire parcourir à son peuple des pas décisifs vers la condition démocratique. Il est aberrant que, par confort de pouvoir, un gouvernant refuse ce défi, change la constitution, suspend les autres textes institutionnels, dans le seul but de se maintenir au pouvoir, se remplir les poches et maintienne en même temps son peuple année après année, dans le sous développement politique et économique.

 Je me dois également de rappeler  une autre vérité même si son évocation déplait : le développement économique, la notion d’émergence dont parle sans cesse le président Azali n’a aucun sens, sans le respect de la vie humaine.

 Tout compte fait, les idées démocratiques sont-elles, chez –nous particulièrement, en progrès ou en recul ? Je dirai sans hésitation aucune en recul. Il suffit d’observer ce qui se passe autour de vous. Or s’engager dans la voie  démocratique lorsque l’on est au pouvoir, c’est d’accepter  de le perdre  par le vote  des citoyens. Et lorsqu’on est opposant, choisir d’y parvenir (et croire que c’est possible). Non plus par fusil mais par les urnes.

 C’est pour les uns et les autres, entrer dans un système qui a ses règles.

  Tenter de faire autrement, c’est rentrer dans une impasse. Or de l’impasse sortent des incidents ; la violence nait ou renait de la querelle des chefs. On fait appel à l’étranger, ou on le prend à témoin. Signe que contrôle de la situation politique chez nous, échappe  à la classe politique  notamment aux gouvernants.

  On en est là. Nul ne peut dire lequel de ces cas de figure passera le test de l’histoire à mes yeux, il ne fait aucun doute, tant qu’il y aura des prisonniers politiques, la démocratie sera mise à mal et la stabilité n’existera plus….

Seul un régime qui saura respecter toutes les institutions démocratiques sans tricher et s’occupera vite et bien de l’économie et de la démocratie, nous sauvera, d’une nouvelle dictature  incarnée par un homme fort.

 Comme l’avait bien dit, l’ex-président OBAMA « l’Afrique n’a pas besoin des hommes forts, elle a besoin des institutions fortes. »

Professeur Djaffar MMADI

Université des Comores

Le parti Ulezi, un parti qui lutte pour l’unité nationale et la justice équitable annonce son soutien au candidat Mouigni Baraka Saïd Soilhi aux élections présidentielles. Réconforté par la présence des différentes formations politiques, le parti Ulezi, dit-on, défendra l’unité, le travail, la justice sociale, le progrès et l’égalité hommes-femmes.

Ulezi est une formation politique qui fait partie de l’union de l’opposition. Il s’est décidé de soutenir Mouigni Baraka Said Soilhi aux présidentielles car, selon le premier secrétaire d’Ulezi, Natuk Mouzaoir, « il est le candidat du changement. » Le Parti Ulezi a décidé d’intégrer l’ARC afin de mieux apporter son soutien à Mouigni Baraka Said Soilihi. Soucieux du développement du pays, Natuk Mouzaoir affirme que « Mouigni Baraka est un candidat sérieux, travailleur dont le souci permanent est de défendre l’unité nationale et l’intégrité territoriale, prioriser la valeur du travail, facteur de sérénité et de stabilité, éradiquer la pauvreté, élément privant les comoriens de se hisser, relier l’efficacité économique et l’égalité sociale, privilégier l’égalité et la parité Femme-Homme, garantir l’indépendance de la justice, donner à la diaspora la place qu’il mérite tant dans le développement économique que dans la sphère de prise de décisions politiques, entre autres. Il est le candidat proche du peuple, crédible pour apporter une véritable alternative face aux défis que notre pays doit faire face. »


Mouigni Baraka Said Soilihi et les autres partis politiques de l’ARC ont accordé une place importante au projet du parti Ulezi, selon le premier secrétaire dudit parti Ulezi. « Ceci nous a permis de nous abstenir de présenter un candidat issu de notre organisation à ces scrutins anticipés. De ce fait, Ulezi s’engage auprès de Mouigni Baraka Said Soilihi et à l’intérieur de l’ARC pour l’unité nationale et d’une justice équitable. Plus que tout, Mouigni Baraka propose un projet politique offensif capable d’apporter des solutions concrètes dans la lutte contre le chômage des jeunes en accompagnant les investissements productifs. Ulezi se bat pour que tout comorien puisse vivre de son travail. Le patriotisme qui nous unit, animera notre combat pour le salut de la nation. Mouigni Baraka Said Soilihi accompagné de l’ARC et Ulezi conduira les Comores au sommet de la réussite économique », conclut Natuk Mouzaoir. Ulezi s’engage auprès du candidat pour défendre les valeurs d’unité nationale et paix sociale.
KDBA

Candidats, qu’avez-vous à nous dire ?

Candidats, qu’avez-vous à nous dire ?

Aux urnes, citoyens ! Les prochaines élections présidentielles et gouvernatoriales donnent le signal du parachèvement des réformes institutionnelles proposées par les assises nationales. Malgré les multiples tentatives de déstabilisation perpétrées par la classe de l’opposition, le processus de réorganisation des institutions de la république et de démarrage des différents chantiers de développement suit son cours, avec la satisfaction de la population de l’intérieur comme de l’extérieur. Si les Comoriens ont l’habitude des consultations électorales et que certaines analyses montrent que depuis 2006 le taux de participation au vote  connait une légère diminution, les élections prévues en mars et avril 2018 sont, pour l’Histoire des Comores,  plus que déterminantes. Non seulement qu’elles consistent à donner au pays un nouveau président de la république et de nouveaux gouverneurs pour les trois îles, mais aussi et surtout parce qu’elles marqueront le symbole des Comores nouvelles en appliquant la première recommandation des assises nationales, celle de doter au pays d’institutions permettant de mettre en place les différents chantiers de notre émergence. Devant toutes les péripéties ayant animé la scène politique ces deux dernières années, les Comoriens, méfiants mais aussi exigeants attendent de ceux qui briguent la magistrature suprême un nouveau discours, de nouveaux thèmes de campagne, un projet politique. Le temps des discours théoriques, de l’invective, de la violence verbale est révolu. Cette fois-ci, les Comoriens se rendront aux urnes pour exprimer leurs voix et confier leur destin à des hommes et des femmes épris de patriotisme et de volonté. Des hommes et des femmes capables de concrétiser leurs projets, de relancer et pérenniser  l’activité économique, de faciliter la création d’emplois, de donner à nos enfants une école digne, citoyenne, une lumière qui nous éclaire dans l’avenir, de nous offrir des soins médicaux appropriés… Quels thèmes seront donc abordés dans les meetings politiques et les réunions publiques ? Si on s’accorde à dire que l’actualité politique comorienne ne manque pas de sujets à débats et de thèmes à aborder, certains d’entre eux s’imposent et deviennent incontournables.

L’Emergence  des Comores, horizon 2030 : Azali, seul candidat crédible

Dans son discours à Hadjambou dans le Hamahamet, à l’occasion d’un meeting politique regroupant les femmes Azalistes, la première dame Mme Azali Ambari n’a pas manqué d’insister sur le sens et la valeur de l’émergence. Tout en rappelant l’importance sociale de la femme dans la vie de chaque nation, elle finit par démontrer que « l’émergence n’est pas un vain mot. » Loin d’être un rêve, l’émergence se construit progressivement et exige la participation de chaque citoyen. Et les femmes sont les plus sollicitées puisqu’elles jouent un rôle vital. Si les détracteurs d’Azali véhiculent aujourd’hui, dans les médias, un discours négativiste sur l’émergence, c’est parce qu’hier ils étaient incapables d’améliorer le quotidien du citoyen. Le président Azali, en ayant l’audace et la volonté optimiste d’envisager l’émergence des Comores, est confiant en notre avenir. Il s’aligne avec d’autres pays comme Madagascar et le Sénégal, par exemple. Dans ces deux pays, l’émergence ainsi déclarée montre progressivement ses effets. Au Sénégal, le trafic ferroviaire est modernisé et le pays se dote d’un véritable grand aéroport aux normes internationales. A Madagascar, la lutte contre la pauvreté et la réconciliation nationale sont inscrits dans les priorités de certains partis politiques dont l’IEM (Initiative pour l’émergence de Madagascar), formation politique du président fraichement investi Andry Nirina Rajoelina. Il n’est donc pas étonnant si les Comores s’engagent dans cette voie de l’émergence par des réalisations visibles inscrites dans le projet politique du candidat Azali en 2016. En effet, seule la candidature d’Azali Assoumani qui est à même de mener le pays à l’émergence. Les arguments de fond sont visibles et tous les citoyens en sont convaincus. Les Comoriens ont donc un choix sensible et déterminant  à faire : il ne sera donc pas question de donner sa voix à un candidat sans projet crédible et dont le discours se limiterait à la tournante et aux détenus politiques.

La question de Mayotte

A l’instar de toutes les échéances électorales depuis 1990, la question de Mayotte reviendra sans doute au menu des sujets à aborder. Mais comment ? Avons-nous encore envie d’entendre la même chose ? Certainement non. La question de Mayotte, vieille de 45 ans, devra être abordée avec souveraineté et efficacité. Le récent bras de fer entre la France et les Comores est le symbole d’une diplomatie rayonnante au service de la dignité de l’Etat comorien. Dans le paysage politique actuel et au vu des différentes expériences que nous avons vécues, seule la démarche entamée par le ministre Souef M. El-Amine, est mesure de redorer le blason de la diplomatie comorienne et de défendre la dignité du Comorien. En s’inscrivant dans une posture de préservation de la dignité du citoyen comorien, le ministre des relations extérieures réitère la volonté de déclarer Mayotte comme terre comorienne.

La justice et la liberté d’expression

Ces deux thèmes feront certainement leur entrée dans la campagne électorale. L’opposition s’appuiera sans doute aux derniers procès tenus au Palais de Justice de Moroni ayant conduit à l’emprisonnement de plusieurs Comoriens. Sans pour autant solliciter la grâce présidentielle, les discours de campagne tenteront d’influencer les électeurs vers un acharnement et un climat de haine au président de la république. Ils oublieront de rappeler aux Comoriens qu’il s’agit d’un tribunal d’exception qui a auparavant existé pour d’autres procès dans le pays. Ils oublieront de nous rappeler les tentatives de sabotage perpétrées par les avocats des prévenus. Ils oublieront, enfin, de nous rappeler qu’il s’agit de tentative de meurtre et d’assassinat dont les témoignages des prévenus en sont les véritables preuves.

Quant à la liberté d’expression, on n’évoquera pas les ravages des ravages des réseaux sociaux où les pseudo-journalistes tiennent quotidiennement des chroniques. Est-il possible de parler de privation de la liberté d’expression quand les médias locaux et nationaux bénéficient de l’appui matériel de l’Etat ? Y-a-t-il interdiction de s’exprimer quand les colonnes de la presse publient des chroniques pour critiquer le gouvernement ? Quelle liberté nous prive-t-on quand les médias d’opposition continuent à fonctionner sur la plateforme numérique ? Les fervents séparatistes qui tiennent un discours de menace, de haine et de provocation ont-ils été inquiétés ?

Candidats, levez-vous. Qu’avez-vous vraiment  à nous dire ?

 

Issa ABDOUSSALAMI

Sociologue, doctorant à Aix-Marseille Université

Enseignant de Lettres à l’académie de Créteil

Après le Bleu, on passe à l’Orange…

Après le Bleu, on passe à l’Orange…

Selon des experts les indicateurs  économiques  risquent de  virer au rouge sur fond  de  populisme excité par le BREXODE causé par le BREXIT en  Angleterre. Au pays du président  Macron, les  responsables  étatiques  broient du noir sous les poussées  de  fièvre des  gilets jaunes, au pays d’Andry Rajoelina celui  qui  «est passé  du  statut de Président insurrectionnel à celui de Président démocratiquement  élu, hier le régime des «bleus »(entendre par là les hommes à la  cravate bleue du parti  HVM) a passé le pouvoir à l’Orange.

Meneur charismatique  d’une révolution populaire qui  rêvait de  changement,  le nouvel homme d’Etat qui prête serment aujourd’hui selon notre  confrère Phil de Fer «va revêtir, à la  fois avec  fierté  et humilité son costume de Chef Suprême , le temps de la cérémonie d’investiture » et tout  au long d’un mandat  durant lequel à Madagascar «il va devoir répondre aux immenses espérances de sa population.» L’article cité précise «La différence est essentielle aux  yeux aux yeux de la Communauté internationale. Le rêve est  donc devenu réalité pour Andry Rajoelina et ses  supporters qui ont mérité la victoire.»

 

Le  nouvel homme  fort de l’île a  eu une journée très chargée hier. Le  clou de la rencontre avec les  grands  de  ce monde la veille  de l’investiture au  cours de cette mondanité à l’Hôtel Carlton a été la présence de l’ancien  président  Nicolas Sarkozy la personnalité  pivot d’un contexte géopolitique internationale devenu incontournable. Dans  toute la capitale,  dans la soirée d’hier c’était la  liesse dans les  snacks et les lieux  de  rendez-vous  des  noctambules. C’est pour  vous  dire que quoi qu’on  dise l’élection  d’Andry Rajoelina  à la tête de l’Etat était mille fois préférable à  celle  d’un Marc Ravalomanana  qui a déjà montré ses limites  en matière  de la conduite  des  affaires  de l’Etat.

 

Dans l’entourage du nouveau président  de la  4ème République, le  principal  souci de tous  tourne depuis quelques  jours  autour du  casting de la  composition du nouveau  gouvernement. La crainte de  tous est  de  voir des  revenants  qui traînent  des  casseroles réapparaître au  grand  jour à la  grande  déception  de  tous. Prenons les  cas de  ces  consuls nommés dans  des conditions pas  très  claires  du  tout. Qui a trouvé  que ce  kidnapping  d’un  consul à Antsiranana  relève  d’un contexte qui mérite d’être approfondi sérieusement ? Personne !

A l’heure  actuelle, tout le pays  est  confronté  et à l’attente de  la composition  du premier  gouvernement  qui  contre  toute  attente sera  dirigé  toujours  et  encore par Christian  Ntsay.

 

Force est pour nous  de  reconnaître que  les  révélations  sur   ces  noms  et  identités remis à la presse  n’étaient  que  des leurres destinés à donner  à la presse et à l’opinion les moyens  de dénoncer les  sales réalités  d’un  contexte politique qui  risque  de  mettre le  nouveau président dans une  mauvaise posture. Qui oserait  affirmer  la main  sur le cœur que  des  personnalités connues dans leurs  activités  affairistes seraient dignes  d’être les  titulaires  des postes  consulaires  accrédités par les  autorités malgaches. Serait-ce parce  que les  natifs  de  ce pays ne  sont  ni dignes  ni  compétents pour  occuper ces  postes ?

 

Pour les nominations  des futurs ministres, le  grand public  souhaite  que  désormais, la  composition  des membres  du  gouvernement n’aligne plus  des  personnes  au passé pas  très flatteur. En  clair : on  souhaite  tous voir  Andry Rajoelina ne plus  subir les pressions parentales,  régionales  et même diplomatiques dans le choix  des ministres  qui  seraient  appelés à contribuer à la  réalisation  de l’émergence  d’un  mieux-être de la population. Comment,  chers lecteurs  voulez-vous  qu’on passe sous silence les prouesses malsaines  de ces prétentieux  qui  veulent  devenir  ministres rien que pour  assouvir leur cupidité égoïste et un soif  de pouvoir qui n’a  rien à  voir  avec les intérêts  supérieurs  de plus  de 20 millions  de  Malgaches. Alors  qu’une minorité  de  grandes fortunes jouissent  des privilèges  exorbitants  et  du  droit  de dicter leur  bon vouloir à nos  dirigeants.

 

Osons  croire que l’arrivée  d’Andry Rajoelina  au pouvoir  sera le  début  de la fin  d’une mauvaise  gouvernance  au profit  d’une minorité oligarchique favorable à  des  affairistes  Karana  et  étrangers. L’article 32. de l’arrêt portant résultat de l’élection présidentielle du 19 décembre 2018 énonce clairement «  Monsieur Andry Nirina RAJOELINA est proclamé élu Président de la République. Il prendra ses fonctions à partir de sa prestation de serment en audience solennelle de la Haute Cour Constitutionnelle. Conformément à l’article 48 de la Constitution, la passation officielle du pouvoir se fera entre le Président sortant et le Président nouvellement élu en présence du Chef de l’Etat par intérim. »

 

Que    dire alors  de  ce  décret du  gouvernement portant nomination du Grand Chancelier de l’Ordre National Malagasy, faisant  référence à une  lettre datée  du 18 janvier 2019,  au nom de Madame Ramaholimihaso née Ramanandraibe Razafindrahata Madeleine ? Serait-ce parce  que  vu l’urgence ? Ou serait-ce parce  que pour  des  motifs inavouables, il y  avait lieu  de ménager  des  susceptibilités à  fleur de  peau, il  avait  fallu mettre dame Madeleine au  devant de la scène pour les  besoins  de la cause durant l’investiture sur le  site du Vatomasina  en présence des chefs  coutumiers mobilisés  comme  figurants pendant la cérémonie.

 

RAZAFILAHY