ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Les candidatures à l’élection présidentielle de l’Union des Comores doivent être déposées entre le 7 et le 17 novembre prochains. Et si l’on croit bien aux intentions des uns et des autres du côté de l’opposition, la bataille s’annonce rude. A condition que l’élection soit bien sécurisée.

Analyse. « Le prochain président sera encore Azali, vous devez le savoir », assure un très proche du couple Azali, officiant aussi dans un cabinet ministériel. « Il n’y aura pas de surprise », renchérit un jeune ex-prisonnier du régime Azali, se trouvant actuellement à l’extérieur. C’est un sentiment partagé par beaucoup de Comoriens persuadés que les autorités sortantes disposent de toutes les forces militaires et financières pour conserver le pouvoir.

Au sein du gouvernement, on pense la même chose. Ses membres se projettent pour une victoire écrasante dès le premier tour comme en 2019. Un ministre confiait récemment à ses interlocuteurs que « la CRC pourrait diriger le pays jusqu’en 2034 ». C’est d’ailleurs cette peur qui a conduit plusieurs membres de l’opposition à renoncer à cette élection sans avoir vraiment un autre moyen de se débarrasser d’Azali qu’ils qualifient de « dictateur usurpateur du pouvoir ».

Mais, ce fatalisme n’a pas fait sombrer tout le monde. Des partis politiques forts, des personnalités de grande envergure voient l’avenir autrement. Pour eux, il y a une petite lumière à l’horizon qu’il faut aller amplifier. Et ils se basent d’abord sur le bilan catastrophique du régime depuis 2016, puis sur la volonté du peuple comorien d’en finir avec Azali, et surtout sur la volonté de la communauté internationale d’aider le pays à se remettre la tête à l’endroit.

Le discours tenu depuis quelques semaines par l’ancien gouverneur de Ngazidja Mouigni Baraka Said Soilihi, l’intronisation d’un candidat par le Juwa, principale formation politique de l’opposition comorienne, et la détermination des différentes coalitions, illustrent parfaitement cette volonté d’aller à l’affrontement politique et faire échouer les plans du régime Azali. Et le mouvement commence à galvaniser les foules parmi les électeurs.

« Azali n’est pas capable aujourd’hui de gagner une élection. Son mauvais bilan et le rejet de sa personnalité au niveau du pays le disqualifient automatiquement», croit-on au niveau de l’opposition qui se dit prête à aller au combat et de défendre ses résultats.

Voilà pourquoi, celle-ci exige que l’armée ne soit pas mêlée dans le processus électoral au-delà de son rôle de maintien de l’ordre. « Cette fois, nous n’allons pas fuir nos responsabilités. Nous serons dans les bureaux de vote, nos militants y seront avec engagement. L’objectif pour nous est d’être sûr que les résultats sortis des urnes sont à notre faveur. A partir de là, on se battra », prévient Mouigni Baraka Said Soilihi.

On entend le même son de cloche au sein du parti Juwa qui mobilise ses équipes et ses militants dans les trois îles contre les éventuelles fraudes électorales. D’autres mouvements politiques conduits par des jeunes leaders : Ulezi, Badili, Huri…, font le même constat et se préparent, eux aussi, pour ne laisser aucune chance à la mascarade annoncée.

Il reste à savoir comment procéder si le régime en place continue de verrouiller les institutions électorales et nommer ses hommes aux postes clés. « La communauté internationale va se baser sur les résultats issus des urnes. Si on gagne, elle va nous accompagner pour que le gagnant dirige le pays », assure l’ancien gouverneur et candidat malheureux aux élections de 2016 et 2019.

Mais pour y parvenir, tout le monde doit agir : les électeurs, les fonctionnaires, les partis politiques, les groupes de citoyens, les professionnels de la sécurité et les journalistes, même les juges. Ce n’est que collectivement que l’on peut faire respecter les normes et exiger qu’il y ait une élection démocratique, libre et transparente dans notre pays.      

Ali Mmadi

La première chose que l’on remarque en descendant sur l’aéroport de Moroni aux Comores est le magnifique océan. La beauté des plages grises est intense – mais aussi refroidie par la lave et les restes de voitures d’occasion. De l’aéroport, nous sommes partis visiter une initiative gouvernementale soutenue par le PNUD sur l’agriculture. En route , on voit des groupes de femmes attendre pour aller chercher de l’eau avec leurs jerrycans. On constate également une forte présence de déchets plastiques.

Mais ensuite, nous arrivons au Centre Rural de Développement Économique (CRDE ) à Diboini, – et observons comment les défis que nous venons d’observer se transforment en opportunités – et comment cela, apportent un changement transformateur pour les gens.

Le projet « Renforcement de la résilience des Comores aux risques de catastrophes liées au changement et à la variabilité climatique » financé par le Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) a déployé une station météorologique automatique qui a renforcé la collecte de données et amélioré les prévisions climatiques. Ces données, essentielles à l’adaptation au changement climatique, sont transmises à la Direction Technique de la Météorologie, où des techniciens formés par le projet analysent et émettent des prévisions vers quatre autres stations installées sur d’autres parties de l’île. En bref – grâce à cet investissement, les communautés majoritairement des femmes sont mieux placées pour synchroniser leurs activités agricoles, et peuvent donc espérer de meilleurs rendements, malgré la pression du changement climatique.

Dans le même CRDE, un projet financé par le Green Climate Fund (GCF) a mis en place des réservoirs de collecte d’eau fournissant aux agriculteurs l’irrigation, ce qui a augmenté leur production et doublé leurs revenus. L’objectif global du projet, qui est d’étendre l’accès à l’eau potable de ses 15 % actuels à 60 % des 450 000 habitants de l’île, est un exemple classique de la façon dont les ressources de développement peuvent être ciblées pour apporter des changements transformationnels critiques, à grande échelle.

Pour augmenter la productivité agricole, promouvoir la sécurité alimentaire et garantir des revenus plus lucratifs aux agriculteurs, le PNUD a aidé le gouvernement à développer des variétés améliorées de banane, de manioc, de patate douce et de gingembre ; para vétérinaires formés, amélioration de la disponibilité des médicaments vétérinaires dispensés et pratiques d’élevage. Tous ces efforts ont abouti à la production de races améliorées de vaches laitières, modifiant radicalement les enjeux au profit des populations.

Dans toutes ces interventions, ce qui a été la clé du changement transformateur a été le choix stratégique du gouvernement et de l’équipe des Comores du PNUD de mettre les communautés au centre de l’attention, afin que leur agence soit sécurisée ; et de chevaucher chaque projet géographiquement en tirant parti des activités des autres, et en apportant ainsi un changement percutant à 360 degrés.

L’objectif est clair : renforcer la résilience et intensifier l’impact.

Dans une île où environ 80% de la population rurale dépend de l’agriculture pluviale pour sa subsistance, ce secteur doit être le fondement pour catalyser le développement. Et avec les fondations réussies de l’adaptation au changement climatique posées, il est maintenant temps d’approfondir les investissements dans le renforcement de la résilience. C’est aussi le moment de passer à l’échelle. L’intégration de solutions inter-portefeuilles est essentielle à la mise à l’échelle, par exemple en incorporant la production d’énergie durable à des approvisionnements en eau améliorés ; assurer l’accès au marché pour que les agriculteurs réalisent des bénéfices grâce à leur production accrue et offrir des opportunités de valeur ajoutée, notamment grâce à des investissements dans l’amélioration des infrastructures (comme les routes et la chaîne du froid).

Investir dans la valeur ajoutée des matières premières agricoles des Comores doit être la prochaine étape vers la modernisation et l’industrialisation. En collaboration avec le gouvernement et les banques de développement, le PNUD Comores travaille déjà pour offrir des prêts concessionnels permettant aux petites et moyennes entreprises de créer des produits à valeur ajoutée. Mais ce n’est pas assez. Nous devons travailler avec les communautés pour attirer plus d’investissements, attirer plus de partenaires et étendre ces bonnes leçons non seulement aux Comores, mais aussi dans d’autres pays de la région, pour élargir le panier du changement transformateur.

Les petits États insulaires en développement comme les Comores ouvrent la voie en Afrique.

Avec les Comores assumant la présidence de l’Union africaine en 2023, il y a une occasion unique de faire exactement cela : mettre ces expériences à profit à l’échelle continentale. À bien des égards, les défis et les opportunités que nous avons vus aux Comores reflètent ceux d’autres régions d’Afrique. À l’instar des Comores, mettre l’Afrique sur la bonne voie pour atteindre les ODD nécessite des investissements à grande échelle pour réaliser une transformation économique structurelle, renforcer la résilience à long terme aux chocs actuels et futurs, réduire la dépendance de l’Afrique (en particulier vis-à-vis de la nourriture et du carburant) et augmenter sa capacité de production. Le renforcement de la résilience des systèmes alimentaires africains est essentiel pour la sécurité alimentaire et stimulera la productivité agricole du continent, tout en établissant une base solide pour l’industrialisation basée sur l’agro. Il permettra à l’Afrique de rentabiliser ses atouts en tant que région abritant 60% des terres arables inexploitées du monde.

Alors que l’Union africaine consacre 2023 comme l’année pour accélérer la mise en œuvre de la Zone de la Libre Echange Africaine (Zlecaf), les pays africains ont une opportunité unique de se positionner pour améliorer leurs exportations sur un marché de 1,4 milliard de personnes et un PIB combiné de 3,4 billions de dollars. Un marché unique en Afrique doté de la libre circulation des biens, des services et des personnes modifie radicalement la trajectoire de développement du continent d’une manière extrêmement positive – avec la perspective de sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté et 69 autres de la pauvreté modérée, augmentant ainsi les revenus de 450 milliards de dollars d’ici 2035 et stimuler le commerce intra-africain de 33 %.

Cela peut être un marché pour les Comores… et pour les autres États membres de l’Union africaine – si les bons investissements sont faits.

Nous avons quitté les Comores avec l’espoir : que l’approche Diboini, si elle est mise à l’échelle, offre à ces belles îles une nouvelle possibilité de développement : celle qui est ancrée sur l’agence – autonomiser les communautés et maximiser la valeur de leurs actifs pour lutter contre la pauvreté, créer de la richesse – et repousser sur les rigueurs de l’urgence climatique.

Nous sommes également partis avec la certitude que cette nouvelle approche peut sauter directement des îles de la lune à l’Afrique et, en fait, au reste du monde.

NOURA HAMLADJI : Directrice Régionale Adjointe, Bureau régional pour l’Afrique

RIAD MEDDEB : Conseiller principal pour les PEID

PRADEEP KURUKULASURIYA : Directeur et Coordonnateur exécutif, Nature, climat et énergie, PNUD

 

 

 

Dialogue national : « Entre doute et sincérité »

Dialogue national : « Entre doute et sincérité »

Alors que le chef de l’Etat n’a toujours pas gracié les prisonniers politiques pour un climat d’apaisement, le citoyen comorien mis à l’écart, l’idée de vouloir instaurer un « dialogue national » afin de mettre un terme au conflit est loin d’être un canal des solutions. Les comoriens sont « entre doute et sincérité » dans la mesure où les vraies bases d’un dialogue franc et inclusif reposent sur le rapprochement de toutes les parties prenantes : opposition, gouvernement et société civile pour un objectif bien défini. Commentaire.

La tentative du président Azali Assoumani d’instaurer un dialogue national aux Comores est-elle une chance de mettre fin au conflit né au lendemain des élections anticipées de 2019 ? Une problématique qui reste jusqu’alors sans réponse. La crise post-électorale a déraillé le pays sur la voie de la démocratie et a basculé sur une autre forme plus dangereuse : liberté d’expression muselée et mesure drastique contre toute manifestation même pacifique. Plus d’une trentaine de prisonniers politiques, parmi lesquels figurent des anciens chefs d’Etat, des cadres de l’opposition et des citoyens lambda périssent dans les geôles du grand maître pendant que d’autres sont en résidence surveillée. Un grand nombre des politiciens se trouvent en exil. Les pro-dialogues nationaux ignorent peut-être ce constat. En ce rendez-vous encore historique, le citoyen comorien voit son implication oubliée pendant que son rôle en tant que médiateur indépendant est primordial. Et les débats s’intensifient, entre ceux qui sont confiants pour ce grand rendez-vous et les citoyens qui restent méfiants.

Le dialogue devait dégager des pistes de solution sur la vie sociopolitique du pays et son destin. Le citoyen lambda, victime de la politique politicienne, reste vigilant. Il connaît déjà la mélodie et la danse. Il n’est pas bête au point qu’il ne se souvient toujours pas des derniers évènements, notamment la conférence des bailleurs de fonds à Paris qui n’a rien donnée comme résultat et les assises nationales traduites à un coup d’épée dans l’eau. La société civile est consciente des enjeux et compte établir ses préalables mais le président de la République règne en maître, lui-même les a déjà fixées : prochaines échéances électorales de 2024 sans tenir compte de la vie des comoriens de tous les jours. Dans une analyse un peu croisée, le président de la République n’a pas le droit à l’erreur. Il devait avoir une oreille attentive sur toutes les parties prenantes pour éviter le fiasco.

La vie quotidienne de chaque comorien grimpe tous les jours : jeunes diplômés sans emploi se jettent dans les mers de Mayotte et la méditerranéenne pour espérer une vie meilleure, hausse des prix des denrées alimentaires, hausse des tarifs douaniers pour toutes marchandises importées et hausse des prix de data. Ce qui signifie que ce dialogue devait jeter les bases solides d’une politique stable afin de dégager des vraies pistes de solution.

L’opposition et la société civile absentes pendant que le pouvoir rassure en effet que « seule la volonté affirmée des uns et des autres permettra de sortir le pays de cette situation ». Le paradoxe, une chanson que bon nombre des comoriens l’ont déjà entendue dans les assises nationales puis dans les grands meetings du pouvoir en mars 2019. Le pouvoir continue à faire rêver et plonger les comoriens dans l’utopie : l’émergence. Sachant que les pays émergents comme le Rwanda de Paul Kagamé, le premier combat mené est de faire table rase, réconcilier la classe politique Rwandaise déchirée par la guerre civile de 1994 et mettre à terme les conflits entre les tribus. Dans notre analyse, les conditions propices pour un dialogue national ne sont pas réunies. Le climat politique et social n’augure rien « de l’esprit inclusif, encore moins sincère concernant ce dialogue », car il y a bien un côté sombre de cette messe nationale dont le citoyen comorien est « entre doute et sincérité ».

Kamal Said Abdou

 

 

Dialogue national : ce que je crois

Dialogue national : ce que je crois

Pour une société en perdition, une nation fracturée et un Etat gangrené, notamment par la corruption, le dialogue est sans aucun doute le moyen le plus efficace pour tenter de retrouver le bon chemin et se réconcilier. Seul le dialogue permet de faire le bon constat, de souligner les travers et de proposer des perspectives.

Toute personne dotée de raison connait les vertus d’un dialogue et ne peut qu’inciter et se réjouir de sa tenue. Plus particulièrement dans un pays ravagé par la pauvreté, où les valeurs de cohésion sociale de justice égalitaire sont abandonnées voire foulées aux pieds, et dont les dirigeants ont démontré depuis près de cinq décennies leur incapacité à gouverner de façon harmonieuse et à répondre aux attentes de la population.  C’est bien le cas des Comores. Et l’appel au dialogue prôné par le gouvernement, trois ans à peine après les assises, illustre parfaitement la sévérité et l’incongruité de la situation.

Oui en Union des Comores, rien ne va. Le peuple est moralement atteint. Et personne ne croit sérieusement en des lendemains qui chantent. La jeunesse désespérée perd les repères et s’engage sur une pente dangereuse. Le chômage explose, la pauvreté s’accroit, la violence prend un visage jusque-là inconnu, les injustices s’accumulent et les fonctionnaires n’en peuvent plus à cause des salaires trop bas, souvent versés dans la douleur et de l’inflation galopante.

Ce dialogue annoncé fin février est une sorte d’autoflagellation pour un gouvernement et un président qui ont toujours fait l’apologie du chaos en niant l’existence du moindre problème dans le pays.  De leur petit monde arrogant et suffisant, de l’antichambre où les visiteurs-courtisans font les éloges habituels de la politique du vide, ils ne se rendent pas compte des drames régulièrement vécus par le peuple, ce peuple si loin de leurs préoccupations.

Mais comme le dit si bien le vieil adage : mieux vaut-tard que jamais. Ce dialogue pourrait avoir le mérite de tout réparer, de réconcilier nos populations et refaire de nous une vraie nation.

A condition que ce dialogue soit un moment de sincérité, plutôt qu’un nouveau cirque destiné à amuser la galerie et à faire croire que la méchanceté demeure une spécialité de l’autre camp.

Cette sincérité doit être perceptible dans la capacité du gouvernement à écouter l’opposition et la société civile jusqu’à parvenir à des compromis acceptables dans l’intérêt supérieur de la nation. Mais continuer à chanter le même refrain d’une vieille musique en criant que les autres chantent faux : qu’ils ont toujours tort ou qu’ils sont de mauvais perdants est synonyme d’échec prévisible. Un dialogue sous forme d’un débat entre soi aboutira aux mêmes résultats que ceux des assises de 2018 véritables jeux de cirque dont les clowns de service n’amusaient que les metteurs en scène et dont le bilan est catastrophique pour les institutions, et surtout pour les citoyens qui en paient un lourd tribut.

Voilà pourquoi je ne suis pas d’accord avec mon confrère Ahmed Ali Amir quand il charge, dans le journal La Gazette, l’opposition pour son refus de participer à ce dialogue. Il l’accuse d’avoir « fait un aveu d’échec » tout en prétendant faussement que c’est la première fois dans l’histoire qu’une opposition refuse de dialoguer avec un gouvernement en qui, elle n’a plus confiance.

Quant au coordinateur national du dialogue, il m’a sidéré lorsque lors de son premier entretien avec le journal Al-Watwan, fin novembre après sa nomination, il considère comme illégitimes les préalables de l’opposition, notamment la libération des prisonniers politiques. Selon lui, « les problèmes politiques que le pays vit en ce moment peuvent être posés au sein même du dialogue. Ceux qui doivent prendre part au dialogue ont sans doute des préoccupations qui leurs sont particulières et ils ont intérêt à prendre part au dialogue pour poser leurs problèmes au lieu de faire la politique de la chaise vide».

Toutes ces déclarations cautionnées par le gouvernement ne contribuent pas à l’apaisement. Au contraire, elles amplifient la méfiance et renforcent le sentiment général qu’il s’agit d’une opération à desseins multiples autres que la réconciliation du pays.

Mais il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Il reste encore quelques semaines pour essayer de raccorder les violons et mettre tout le pays sur le même diapason. Retrouvons la foi vers laquelle notre nation s’est toujours attachée. S’il faut tout changer, et vite, alors il ne faut pas hésiter, si c’est pour le bien du peuple comorien. Par exemple : libérer les prisonniers politiques pour ouvrir cette voie de la confiance, ne serait que réparer une injustice qui n’a que trop duré ; reconnaitre que la réforme constitutionnelle de 2018 n’a pas respecté les règles des institutions et qu’elle les a rendues encore plus fragiles ne saurait être une abdication, mais plutôt une marque de respect vis-à-vis de ces mêmes institutions et du peuple qu’elles sont censées être à son service.

Je comprends que pour une grande partie de nos compatriotes le désespoir est si profond, qu’elle refuse de croire à des lendemains radieux. Mais, je reste persuadé qu’une petite lumière peut émerger à tout moment pour illuminer les cœurs de nos dirigeants et apporter de l’espérance dans la communauté nationale. Il suffit d’y croire et d’agir avec courage et sincérité.

Ali MMADI    

« En Politique, ce qui arrive souvent, c’est l’imprévisible. » Jean D’ORMESSON de l’Académie française (1925- 2017).

D’ici quatre ans, notre pays, l’Union des Comores fêtera ses 50 ans d’Indépendance. Pour cela, rappelons d’abord quelques événements historiques : 6 juillet 1975, 3 Août 1975, 13 Mai 1978, 26 Novembre 1989, 27 Septembre 1995, 3 Août 1998, 6 novembre 1998, 30 Avril 1999… ne vont pas sans la tentation, sans la tentative de changer l’homme comorien.

Révolutionnaires conquérants de l’inutile, qui participent à l’espoir de changer la société comorienne pour un lendemain meilleur ou à l’espoir de changer l’ordre social, l’ordre colonial établit par les Blancs pendant plus d’un siècle et demi de colonisation : transformer les conditions d’existence pour déterminer et instaurer une autre conscience : celle qui effacera le pouvoir des colons et qui mettra désormais en place un « homme nouveau ».

N’est-ce pas une tâche impossible ? Mais c’est rêver de justice, rêver d’aboutir à une égalité entre hommes et femmes comoriens (Président ALI Soilihe) ; égalité des citoyens désaliénés, non exploités, à égalité de chances, parce que libérés du système colonial et instaurer une nouvelle voie, celle qui mène vers un monde nouveau, dans un Etat démocratique, qui ressemblerait à celui des révolutionnaires français, ayant pour devise : « liberté, égalité, fraternité » (Selon le souhait du feu Président Saïd Mohamed Djohar et sa fameuse démocratie). 

Vous croyez rêver, diront les autres ! la fraternité, entre colon/colonisé, entre Bourgeois/paysan, entre riche et pauvre n’existe nulle part au monde surtout pas aux Comores. Pourquoi ? Parce que le monde est fratricide. L’histoire, notre histoire est faite de bruit et de fureur, de sang, de sueur, de peines et de larmes ; en un mot, notre histoire du moins celle de ces cinquante dernières années d’indépendance, est marquée par la violence. Violence entre le bras de mer qui sépare Anjouan et Mayotte (trop de morts), violence en tous lieux, de tous temps avec les mercenaires français dont Bob Denard en tête. Cette violence est inhérente à la vie politique de cet Etat/Nation depuis juillet 1975. Plusieurs de nos chefs d’Etats ont été sauvagement abattus par le système colonial Français. Cette violence rythme la vie des hommes politiques comoriens : le monde Politique comorien est constitué d’une part, par les victimes (nationaux) et d’autre part les bourreaux et leurs complices (Anciens colons et mercenaires Français).

Quant à la classe politique d’une manière générale, car elle aussi, elle a sa part de responsabilité dans cette violence aveugle, les leaders de ladite classe s’accusent mutuellement et chaque camp désigne l’autre comme l’enfer. Comme disait Jean Paul Sartre, l’enfer c’est les autres.

Aux yeux de l’Ancien Président Ahmed ABDALLAH ABDEREMANE (Dieu ait son âme), l’enfer ce n’était pas le colon Français, ni le Mercenaire Bob Denard mondialement connu. C’était plutôt ALI Soilih car il a osé ouvrir une nouvelle page de l’histoire des Comores indépendantes pour prendre part à une révolution, en croyant faire l’histoire sans savoir l’histoire qui est faite.

Une participation solidaire à des entreprises libératrices, à la construction d’une issue qui, comme l’horizon, recule au fur et à mesure qu’on avance.    

Bientôt 50 ans d’Indépendance, pourtant on a l’Impression que c’est aujourd’hui que ça commence…

C’est pourquoi- je me demande et j’estime que je ne suis pas le seul ; qu’après la prise de l’indépendance, la liberté et l’égalité rêvées, la participation aux luttes afin qu’elles adviennent, qu’elles nous ouvrent la voie d’un lendemain meilleur, n’était-ce pas une grande illusion ?

Après 50 ans d’indépendance, le moment n’est-il pas venu de prendre conscience que toute action est liberticide et inégalitaire certes, mais en même temps que toute action n’est pas vaine ?

Chacun de nous n’a-t-il pas le devoir de faire énergiquement, sa longue et lourde tâche, car tout travail est un trésor, participer à rétablir la grandeur de cet Etat/Nation et puis mourir…

J’insiste, il ne s’agit plus de rêver d’ailleurs et de demain, mais de participer ici et maintenant pour redonner l’espoir au peuple comorien, sans être au service d’un absolu, ou en quête d’un absolu, engendrant l’Impossible, mais de changer le quotidien du commun des mortels.

Il s’agit de lutter dans la mesure de nos moyens contre la maladie, la misère, la pauvreté, contre la dictature et la corruption. Il s’agit de ne pas oublier le présent pour l’avenir. Certes je sais bien que la vraie générosité envers l’avenir c’est de tout donner au présent.

2025, c’est presque demain, pour réussir ce pari, il nous faudra regarder à plusieurs dans la même direction. C’est aussi le sens des combats auxquels il faut participer en vue de la liberté et de l’égalité, du respect de la loi, de la démocratie et du droit de l’homme.

Professeur Djaffar MMADI

Universitaire, Ancien Ministre                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          

Le dialogue national, une supercherie de plus

Le dialogue national, une supercherie de plus

Je veux ici dénoncer la supercherie du dialogue national. Le Chef de l’Etat réitère son coup de maitre des assises. Occuper les comoriens avec des palabres, les amuser avec un budget conséquent mis à disposition, produire un gros bouquin de recommandations édictées et claironner partout que les comoriens ont décidé que…

Son lancement est décrété le 23 novembre 2021 par le chef de l’Etat Assoumani Azali. Les articles 1 et 2 reprennent sans vergogne les mêmes motivations jetées aux oubliettes du décret d’appel aux assises nationales du 15 septembre 2017 : « un climat d’apaisement en vue du développement socio-économique…dans la paix et la stabilité du pays ». Or le chef de l’Etat en a fait fi en 2018 comme il en a cure aujourd’hui.

Dans ce dialogue, il ne s’agira pas de remise en cause du cap choisi qui nous a amené à l’impasse actuel. Mais des questions savamment choisies afin d’orienter les réponses (sur la CENI, les circonscriptions, les élections de 2024 et de 2025) et des interdits à ne pas aborder (prisonniers politiques, mascarade des élections de 2018 & 2019).

Avoir suivi le Chef de l’Etat ces dernières semaines dans ses pitoyables mises en scène, puis avoir écouté la conférence de presse du Mouvement présidentiel le 21 décembre 2021 tenue avec beaucoup de dédains envers les potentiels partenaires, valablement je peux dire le « Grand débat » n’aura pas lieu à ce dialogue.

Interview du chef de l’Etat à Jeune Afrique du 17 novembre 2021

Le Chef de l’Etat a accordé, le 17 novembre, une interview à Jeune Afrique dans laquelle il explique « que la crise sanitaire a bouleversé l’agenda de développement du pays ».

Correction : dès Décembre 2019, bien avant la crise sanitaire, tout était déjà dérèglé chez nous. Aucune dynamique n’était en place. D’où la grande grève de janvier 2010 du secteur privé.

Contrairement à ce que Assoumani Azali a soutenu, «  …. il est temps aujourd’hui pour les Comores de revenir sur la scène internationale pour montrer leurs potentialités…. » . Ce ne sont pas nos potentialités qui constituent notre mise à l’écart international mais la gestion chaotique de l’Etat, doublée d’une corruption généralisée.

La Conférence des partenaires au développement (Cpad) fût une lettre morte. Et la fin de l’exposition universelle de Dubaï, coïncidera avec la période de dévoilement des conclusions du dialogue pour encore se donner du temps.

Le Chef de l’Etat a dû avoir un trou de mémoire d’avoir oublié ARMADA quand il a essayé de rassurer les hommes d’affaires émiratis à travers son interview. (ARMADA est un groupe émirati dessaisi de son projet d’Hôtel à la Grande-Comore sans respect des dispositions légales).

Quand il a évoqué le dialogue national, Assoumani Azali, a fait savoir que celui-ci « n’intervient pas dans les mêmes circonstances que le précédent ». Mais de quel précèdent dialogue faisait –t-il référence ?

Car après les assises nationales de 2018, il n’y a pas eu à ma connaissance de dialogue national qui a abouti à sa constitution de 2018.

Dans cette interview, Il y a eu ses contre-vérités mais il a aussi dit le fond de sa pensée quant aux tenants et aboutissants du dialogue : le processus électoral de 2024 et 2025.  

Devant le journaliste de Jeune Afrique, Assoumani Azali a affirmé que « personne n’a le monopole de l’opposition chez nous ». Donc il s’agira de susciter des vocations d’opposants car « …. nous discuterons avec ceux qui accepteront de venir».

Intervention de Bandamadji La Domba du vendredi 3 décembre 2021

Au cours de son discours à la grande mosquée de vendredi de la localité, axé sur le dialogue national, Assoumani Azali a justifié le choix de ses déplacements pour « aller à la rencontre des citoyens, les vendredis, un jour béni, plein de miséricorde ».

Je rappelle à Assoumani Azali que la définition de miséricorde est « Pitié par laquelle on pardonne au coupable » Comme je lui ai déjà suggéré, qu’il demande explicitement la miséricorde au lieu de faire des ronds de jambe.

Contexte politique oblige, Assoumani Azali en a profité pour rappeler que le dialogue national est d’abord « une initiative souveraine censée mettre à plat les divergences et les pistes pour des solutions ». Et le chef de l’Etat a bien insisté sur le pluralisme des opinions mais dans le cadre des élections de 2024 et 2025 et de leur processus.

C’est de la tromperie manifeste. 

Quand les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, analysés, c’est à partir de ce moment-là qu’on peut réconcilier et construire une autre histoire. Nous avons des choses à bâtir et à reconstruire pour notre nation. Le Chef de l’Etat Assoumani Azali doit se regarder le matin en se brossant ses dents et se dire qu’il ne construira pas un roman national avec des falsifications.

Cette mascarade de dialogue est devenu la mode dans certains pays francophones pour se défaire de la pression exercée par leur diaspora et l’UA et donner un gage ou un semblant de bonne volonté. Malheureusement nous ne sommes plus dupes et le peuple a encore en mémoire la supercherie des assises de 2018.*

Depuis les accords de Fomboni, plusieurs modifications de Constitution ont été opérées.  Cela n’a pas suffi puisque nous en sommes encore à la vieille d’une autre. Et ce dialogue-ci, prélude à une énième modification ne va rien donner pour plusieurs raisons :

  • D’un, seul le président va décider.
  • De deux, On ne peut faire un dialogue national avec seulement les responsables du chaos, ceux qui ne connaissent rien en politique économique ni en développement.
  • De trois, les résultats sont déjà connus.
  • L’objectif recherché est de juste rester et renforcer le pouvoir. Et non faire les restructurations ni relancer le pays, choses qu’ils ne veulent pas faire car ils ne savent pas faire.
  • Le Dialogue National, ce sera jusqu’à mi-juin 2022 pour manipuler et laisser le pays s’écrouler, l’économie s’effondrer, la population lassée de pauvreté, d’abus, de violence.

Pourtant ce dialogue n’a aucune base légale et rien n’est écrit nulle part. Assoumani Azali a signé le décret appelant au dialogue National sur des « vu » et un « Considérant mon discours du 9 septembre 2021 ».

Et ce seront toujours les mêmes tribulations conduites par les mêmes leaders, des tensions pré et post électorales, une énième modification de constitution, des fautes de gestion qui défient toute logique et qui demeurent impunies.

Cette fois-ci le guide suprême voudra se protéger en offrant comme cadeau de retour au bouc émissaire, la mise en place d’un 1er Ministre et la nomination des gouverneurs des iles pour finir d’achever l’autonomie des iles de l’Union.

De 2001 à nos jours, rien n’a changé à part les ex-dirigeants devenus des hommes d’affaires. Des grands paresseux qui ont fait de la politique un métier plus rentable que tout autre. Et les riches de notre pays au lieu d’être des produits du secteur privé sont plutôt des citoyens du secteur public.

Il urge de mettre fin à la récréation et réagir en patriotes. Nous n’allons pas abandonner notre pays à ceux-là même qui veulent nous apporter une nuit éternelle de non-droit et faire disparaitre notre monde.

Pour avoir des Nouvelles Comores, Il nous faut nous délester de toute cette génération politique à Beit Salam et dans les ministères et en finir avec ces « has been ». Et je ne veux même pas évoquer les coalitions qui font des partis et associations des GIE, un moyen pour certains, de se servir et non de servir le Peuple.

Une Nation qui aspire à l’émergence doit être gouvernée avec plus de rigueur, d’expertise, de noblesse et de grandeur d’âme.

Aux Assises Nationales, nous avons eu des personnalités qui émergeaient du fait de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle, les rendant éligibles à l’accomplissement de cette noble mission. Au dialogue national, Assoumani Azali n’a trouvé que des lampistes pour maquiller son échec. C’est du mépris. Les responsables du fiasco doivent se taire à jamais. Ils ne sont plus habilités à proposer, et encore moins à imposer. En imposant un cap et laisser des pauvres acteurs se charger de l’exécution, il ne pouvait trouver mieux pour cette supercherie.

Pour ma part, pas de dialogue avec le gouvernement, ni avec le régime d’Assoumani Azali. Je conseille plutôt de recourir à LA NEGOCIATION, la solution idoine qui s’offre à eux aujourd’hui.

Moroni le 22 décembre 2021

Mahamoudou Ali Mohamed

Président ANC

Alliance Nationale des Libéraux pour les Comores

 

Je suis un militant pour les Comores, ce qui m’autorise à dire ce que je pense quand elles sont menacées. Je n’ai nullement besoin d’autorisation pour dire mon opposition à ce dialogue. Quand Assoumani Azali va dans nos mosquées pour implorer et appeler au dialogue, moi je lui demande de réclamer que la miséricorde lui soit accordée pour nous épargner un autre simulacre tel que celui que ces affidés nous ont orchestré aux assises nationales. L’idéal de notre père Bazi a été trahi au crépuscule de sa vie. Notre père Djabir nous a quittés avec une grande amertume. Notre grand frère Nidhoim est parti vaincu aussi par la maladie. Où sont les bannerets d’Assoumani Azali aux assises ? où en sont avec leur conscience les Abdallah Msa, Mohamed Sagaf, Mohamed Ismaila, Djaé Ahamada Chanfi, Docteur Sounhadj, Bianrithi Tarmidhi.

 

 

Il a fait la prière d’al’ansri, puis s’est dirigé vers chez lui. Elarif Issihaka Said, ne faisait pas partie des ceux qui affrontaient les forces de l’ordre, le 9 décembre 2018 à Ikoni. Sinon au moment même où ses frères ont été tiraillés, au passage, Elarif a reçu une balle réelle, traversant et délabrant son cou.

Les détails viendront un moment, mais pour l’instant, sauvons l’enfant Elarif. Après les quelques petits moments sur le lit d’hôpital El-maaruf, le gouvernement du pouvoir en place, qui commande sans doute les forces de l’ordre qui l’ont mutilé, a procédé à son évacuation vers la Tanzanie, puis l’ile Maurice, et enfin ce dernier temps, depuis plus d’un an et demi, Elarif se trouve en Arabie Saoudite pour soi-disant des soins. « A un danger ? Elarif est exposé » Depuis ce temps, le jeune Elarif est abandonné… il ne reçoit pas les traitements adéquats à ses blessures. Seulement des cachets comme si atteint par une fièvre. Qui de nous qui ignore comment les wahabii saoudiens traitent les non saoudiens notamment étrangers noirs ? Ceux qu’ils prennent pour des sous-hommes.

 Alors sans doute, la sécurité du jeune Elarif à l’hôpital Saoudien où le pouvoir en place aux Comores l’a fait furtivement admis, n’est pas certaine. Ce faisant moins ou presque pas de sommeilles. D’après des renseignements dont on dispose, rien d’officiel comme dossiers médicaux faisant de lui un patient légal dans cet hôpital. Seulement un accord en tapinois entre des amis et la chancellerie… Et avec cette situation, on a beau à s’interroger. Mais pourquoi ce jeune est traité de la sorte par le pouvoir en place, qui l’a rendu infirme ? Pourquoi aucun traitement à la taille de ses meurtrissures, moment où il est le seul en ce moment dont l’état de santé exige un soin complet et efficace ? Comme se dit souvent, Elarif Issihaka doit trouver un hôpital qui lui prendra en charge pour des soins appropriés.

« Le cas… doit être préoccupant » Ce qui est récusable est que les actes et les gestes du pouvoir, se lisent comme amusement et réjouissance. Une déprédation de l’argent public à chaque levé du soleil traduisant de l’insouciance de ce clan face au peuple. Leur victime, innocente dans un dur moment. Les complices, les responsables et même les coupables… de son état actuel, se paient des billets de luxe, qui vont dans les dizaines de million pour s’offrir le plaisir. Et ce jeune innocent est orgueilleusement sacrifié. Le cas d’Elarif doit être préoccupant et que ça réveille les consciences d’autrui. Qu’il trouve un pays où des traitements dignes de ce nom seront assurés, comme les pays de l’occident. Sinon le pouvoir doit autoriser à ses proches de le récupérer depuis l’Arabie-Saoudite pour lui offrir des soins en France ou même le faire évacuer vers les Comores pour vivre au côté des siens.

Said Yassine Said Ahmed Rhône-Alpes

Indignation sélective. Peut-on s’interroger sur le comportement des ulémas comoriens ? Crainte ou appartenance au régime en place aux Comores ? En tout cas le doute et l’authenticité, n’ont pas d’intervalle de ressemblance considérable. S’ils ne sont pas conformes. L’Association des ulémas comoriens serait-elle CRC ?

Il est bien évident de s’interroger sur ces imams à la perception élitiste. Ces accros du « Ta’uhid », oublient les milliers di vie ôtées, amochées et/ou mises en danger sur le sol comorien depuis cinq ans. Et pourtant ils n’ont pas de cesse de prêcher à travers. Des prêches livresques et non conformes aux besoins du peuple comorien, peuple agonisant. Combien d’évènements douloureux et hors-religion sur le sol comorien devant interpeller ces pubescents, messagers de l’au-delà ? Seuls nous apprendre, la mort, le ramadan, la prière… ? Et les viols en cascade sur des mineurs, les assassinats ininterrompus, les incarcérations irrationnelles, la liberticide, les concussions des deniers publics, les enfants qui se sautent quotidiennement à cause du désespoir, les gens qui s’entretuent au jour le jour… tous portées dans le panier du pouvoir en place… ?

« Sage qu’il était, le prophète aurait laissé ce jeune tranquille »

Oui, il faut s’indigner contre les jurons contre le nôtre prophète Mohamed. Mais il y a pire aussi. Ces messagers de l’au-delà préfèrent crier aux menaces de la vie des « Prophètes » morts à s’intéresser de la vie des vivants, souffrant sous leurs yeux. Le prophète nôtre n’était ni injuste ni sélectif. Et pourtant nos ulémas, qui devraient être ses héritiers, sont loin d’être appropriés, tendancieux qu’ils sont. Dire que le prophète « Muhammad était-il mélomane et/ou d’une mère noire » est pire que les balles pleuvant et les tortures dans les cachots faisant des morts et des infirmes aux Comores ces derniers temps ? Deux de ces ulémas au premier plan lors de leur conférence, ont-ils eu un mot sur la dizaine d’enfants sans histoires mitraillés le 09/12/2018 sur leur chemin quotidien, dont un mort et des blessés parmi lesquels un plus grave ? Hamada Gazon et Elarif Issihaka, illustrent ce passage. Et l’autre qui au quotidien la souffrance de la famille de Mohamed Mwana de qui on prive le leur sans aucun péché… et qui se tait sans aucune voix ? Un des points composant la devise d’un imam ; la justice, la franchise, l’impartialité, l’absence de la crainte. Et pourtant le silence des ulémas comoriens est une caution à la tyrannie.

« Conception sélective »

Combien sont les douleurs qui rongent le pays, et qui auraient connu la voix haussée… de ces messagers de l’au-delà ? Les viols sur des mineurs, les assassinats, les repressions, la vie chère… la délinquance, tous qui passent sous leurs yeux. Qui des comoriens peut témoigner une voix levée de ces ulémas, quant à l’assassinat de Cdt Fayçal Abdoussalam, major Nasser Abdourazak Moutu et Salim Nassor… abattus et enterrés sans aucune enquête ? Qui pourrait témoigner une colère de ces Ulémas quand colonel Assoumani, disait ceci au Ritaj « Pour celui qui est mort à Ikoni, on a fait le fat’ha, c’est tout… » ? Et la mort tragique de Hakim Said Bapalé et son inhumation ignoble qui ne conforme ni à l’humain ni à la religion ni à la comorienne ? Fayna est violée, tuée, enterrée sans rien de rituel, la justice a libéré les présumés coupables. Et les viols sur des mineurs perpétuent… ces ulémas n’ont dénoncé ni les actes ni le sale boulot de la justice. Donc du temps que Mabedja a renversé une tendance, a ébranlé le pouvoir, ces barbus s’enfièvrent parce que la CRC et son gourou veulent finir avec ces jeunes. Dynamiques, ils viennent au secours du pouvoir sans tolérance. Blasphémer n’est pire que tuer et priver à son peuple les Droits.

Said Yassine Said Ahmed Rhône-Alpes

Le Colonel Azali Assoumani a fait un appel à un dialogue national sous l’égide de l’Union Africaine, dont le but serait la situation politique du Pays et les conditions du consensus pour les futures échéances démocratiques.

Le Mouvement Badili Comores prend acte de cet appel avec beaucoup de réserve. En effet, ce n’est pas la première fois que le Colonel Azali appelle à un dialogue depuis son accession au pouvoir en 2016.

La première fois, ce fut à l’occasion des Assises nationales, une idée récupérée de la société civile et détournée de son objectif d’origine qui était, selon le manifeste du Mouvement du 11 Août, d’examiner l’ensemble des questions clés qui pèsent sur le devenir du Pays et de dessiner une nouvelle voie pour la réconciliation et la renaissance. L’issu des assises est un pays encore plus divisé avec une situation économique et sociale lamentablement dégradée.

La deuxième fois, ce fut au cours de l’année 2018, sous les auspices de l’Union Africaine.  Alors que le dialogue fut rompu entre l’Exécutifs et les forces politiques de l’opposition parlementaire d’alors, le Mouvement Badili-Comores a demandé  de participer à ce dialogue avec la conviction que c’était le seul moyen de prévenir le pays d’une crise majeure comme celle que nous vivons aujourd’hui. Dans un communiqué rendu publique le 14 novembre 2018, votre Mouvement a fait état de sa déception en ces termes :

« Nous prenons acte de la volonté du Gouvernement et du Chef de l’Etat de torpiller le processus de dialogue initié à la demande de l’Union Africaine et son refus de regarder la réalité en face : celle d’un pays divisé, en crise profonde, qui ne peut envisager dans l’état actuel des choses, aucun processus développement durable ».

Par conséquent, tout processus de dialogue nécessite que soient réunies des conditions de son effectivité pour éviter qu’il ne se résume à un exercice de style.

 

Une crise existentielle dont les causes sont aussi lointaines qu’immédiates

Mis à part la crise séparatiste de 1997, les Comores connaissent aujourd’hui la plus grande crise de son histoire récente qui fragilise tous les fondements de la Nation : l’unité nationale et la croyance de tous dans le vivre ensemble, la croyance en des institutions légitimes et impartiales qui incarnent et préservent l’intérêt général, la confiance en une justice pour tous, la conviction sur l’idée que la nation soit notre maison commune et que nous devions tous la préserver.

Comment notre pays en est arrivé à cette situation ?

La vérité est que nous n’y sommes pas arrivés par hasard. La situation que connait notre pays est la résultante d’une trajectoire chaotique depuis son accession à l’indépendance.

Les faits marquant de cette trajectoire sont :

  • La gabegie et la corruption mêlées dans la gestion des deniers publics ;
  • Une gestion chauvine et partisane du pouvoir politique et de l’administration publique, aux antipodes de toute efficacité de l’action publique ;
  • Le déni de démocratie :
    • des élections truquées, à quelques exceptions près ; la dernière mascarade d’élection organisée en Avril 2019 étant le paroxysme de cette pratique, les citoyens ayant été empêchés d’aller voter ;
    • des médias privés muselés et ceux de l’Etat utilisés aux fins de manipulation de l’opinion publique au lieu de l’éclairer et l’éduquer ;
    • des libertés politiques bafouées ;
    • Une justice aux ordres des clans qui se succèdent au pouvoir.
  • Des institutions aux pas pour défendre les intérêts des clans au pouvoir au détriment de l’intérêt général ;

L’Accord de Fombomi de 2001 était censé mettre un terme à ce cercle vicieux. Il a conclu en l’instauration d’un Etat de droit protégeant scrupuleusement les droits humains, assurant l’indépendance de la Justice, consolidant le pouvoir législatif, sanctuarisant la bonne gouvernance en garantissant une autonomie d’action pour chaque île afin de mieux répondre aux préoccupations des comoriens. Une des mesures symboliques qui en sont issues fut la présidence tournante. Cette dernière mesure a été la seule à être « comprise » par la classe politique d’alors et à être appliquée pendant les 15 ans qui ont suivi, au mépris de toutes les autres : On a assisté à une mauvaise gestion du pays par les équipes dirigeantes à tour de rôle qui a fini par aggraver les défis posés lors de l’Accord de Fomboni. Pire, Le régime Sambi en 2010, puis celui d’Azali en 2018, ont respectivement rompu á ce consensus national en entreprenant des révisions constitutionnelles machiavéliques destinées à prolonger leur période d’exercice du pouvoir et de casser les institutions de contrepouvoir.  

Le régime Sambi va donner la première entorse à l’autonomie des îles, augmentera de manière discutable son mandat, le prolongera en plus contre toute disposition constitutionnelle, va casser le pouvoir parlementaire en instaurant la possibilité pour le Chef de l’Etat de dissoudre l’Assemblée sans donner, en contrepartie, la possibilité pour cette dernière de censurer le Gouvernement, va désacraliser le vote de l’Assemblée en le torpillant, à travers la loi de la citoyenneté.

Le régime Azali va achever l’entreprise à travers la suppression illégale de la Cour Constitutionnelle et le déni de tout pouvoir d’action aux gouverneurs, la suppression des vice-présidents et ainsi consacrant tous les pouvoir dans les mains d’un homme qui peut faire ce que bon lui semble sans aucun contrepouvoir. Et comme si cela ne suffisait pas, le pays a accentué les violences d’Etat contre les citoyens, le bâillonnement des personnes manifestant leur droit d’exprimer leur opinion.

Si le dialogue doit être une solution, elle doit permettre de faire table rase de tous ces sujets et apporter des réponses structurelles au-delà des personnes 

Pour le Mouvement Badili Comores, les principaux résultats doivent être :

  • Définir les grandes lignes d’une nouvelle constitution échafaudant une nouvelle République ;
  • Définir les grandes lignes des lois organiques portant sur les faiblesses institutionnelles qui ont fait reculer notre pays : le statut et la gouvernance de l’Armée, la justice constitutionnelle, l’organe de gestion des élections, la justice en général, les mécanismes de protection et de défense des droits humains, les mécanismes de lutte contre la corruption, le degré d’autonomie des îles, la consolidation du pouvoir parlementaire, les mesures de consolidation de l’unité nationale et de la cohésion sociale.
  • Traduire ces résultats en réalité institutionnelle.

L’expérience des Accords de Fomboni de 2001, des Assisses nationales de 2017 et du dialogue de 2018 ont montré que les conclusions issues de telles rencontres sont souvent sans aucun effet. Une entreprise de dialogue doit se poursuivre jusqu’à la mise en œuvre. 

Faire du dialogue un opportunité de changer positivement la trajectoire historique de notre pays

Avec de tels résultats, et de tels précédents, l’on doit créer les conditions pour que les organes du dialogue puissent voir une grande légitimité et une large représentativité, créer les conditions et donner le temps d’apporter les solutions structurantes.

C’est pour cette raison que le Mouvement Badili Comores propose un dialogue institutionalisé au sein d’une Transition inclusive avec :

  • La dissolution de l’Assemblée nationale et la mise en place d’une Assemblée constituante qui serait mise en place sur la base d’un consensus des acteurs politiques et sociaux ;
  • La mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale
  • La mise en place d’un collège judiciaire pour piloter le système pendant la Transition ;
  • La mise en place d’un collège militaire pour piloter l’armée pendant la Transition.

L’Assemblée Constituante sera l’opportunité pour les Comoriens de toutes les sensibilités, de prendre le temps pour discuter des questions pendantes et de construire des solutions durables. Elle permettra de refléter la réalité du rapport de force ambiante en termes d’idée et d’organisations et ainsi de donner une grande légitimité aux Conclusions. Le destin des Comoriens a souvent été défini par un groupe de gourous. Il faut en sortir. Ce serait ainsi renouer avec la démocratie.

Le Gouvernement de réconciliation nationale avec un Premier Ministre de Transition désigné par la Constituante, sera lieu de la préparation et de l’opérationnalisation des réformes indispensables énumérées plus haut. Le Gouvernement examinera en priorité les mesures d’apaisement aux plans politiques, économiques et sociales, pour créer les conditions d’un sursaut national.

Le collège judiciaire permettrait de s’attaquer aux dossiers pendants à connotation politique au sein du système judiciaire et de prendre des mesures conservatoires pour améliorer l’accès de tout comorien à une justice équitable, en attendant que des réformes structurelles soient entreprises.   

Le Collège militaire travaillerait aux mesures de mutation de l’Institution militaires vers la neutralité, le renforcement de son efficacité et le renforcement du moral républicain des troupes pendant qu’il travaillerait pour une reforme à soumettre au Gouvernement du Transition.

Le Mouvement Badili-Comores partagera sa contribution, sous forme de propositions détaillées et pragmatiques sur la gouvernance du pays dans ou en dehors du dialogue national.

Le Mouvement Badili Comores va continuer à travailler en alliance avec les forces politiques et sociales dont la vision du pays est proche, afin de faire de cette fenêtre ouverte au changement du pays ne soit pas, encore une fois, un rendez-vous manqué.

 

 

Après plusieurs tentatives pour obtenir un rendez-vous sur le site internet de l’ambassade de France en Union des Comores, le message reste le même pour plusieurs étudiants : « aucun créneau disponible ».

Un grand nombre d’étudiants voulant poursuivre leurs études en France craignent d’être en retard et se voir être refusés le visa et/ou rater les premières semaines de la rentrée universitaire. Par rappel, depuis l’arrivée de la pandémie COVID-19, les rendez-vous à l’ambassade de France aux Comores se prennent en ligne contraire aux années précédentes dont les dépôts se faisaient par ordre des premiers arrivés. Sachant que la rentrée académique pour la plupart des universités françaises est fixée à la fin de ce mois d’août et en début de septembre, nombreux sont les étudiants qui n’ont jusqu’à présent trouvé un créneau disponible pour la prise de rendez-vous. Et d’autres ont obtenu des rendez-vous qui dépassent leurs dates d’arrivé à leurs établissements.

 Ce système pénalise réellement des centaines d’étudiants comoriens voulant rejoindre la France pour les études universitaires.

Face à cette situation,  à l’urgence, un groupe de plus d’une cinquante d’étudiants est constitué le week-end dernier dans le but de s’adresser au consulat  pour solliciter une solution alternative. Une initiative qui est initiée par M. Elanziz Said Hassane, étudiant en France et ses collègues administrateurs du groupe Facebook AIDE CAMPUS France COMORES. Un groupe dont le but et l’entraide et le partage d’informations concernant les procédures d’inscription en France comptant aujourd’hui près de 20 000 membres.

Après avoir exprimé, par courrier électronique, leurs doléances qui les laissent dans l’impasse de finaliser leurs projets par les démarches consulaires au service des visas de l’ambassade de France aux Comores ce lundi dans la matinée, ce dernier leur répond dans le regret de ne pouvoir donner suite ni à leur demande de rendez-vous dérogatoires ni à l’augmentation du nombre de créneaux disponibles en cette période de très forte affluence

 Le consulat trouvera-t-il une option pour tous ces étudiants qui restent dans la crainte pour la poursuite de leurs démarches de demande de visa ? Seront-ils laissés à la merci par les autorités comoriennes et les représentants français en union des Comores ? Les étudiants eux-mêmes vont-ils se mobiliser afin de méditer pour une solution efficace sur cette situation qui ne leur avantage pas du tout ? Il n’est pas encore tard et ce n’est pas la première fois que les étudiants comoriens doivent se manifester pour pouvoir être entendu et avoir gain de cause.

Tarikaziz Ahamada