Le talentueux poète et slameur Rahim Elhad, connu sous le pseudonyme de Parolier du Karthala a présenté, mercredi dernier, son tout nouvel opus intitulé « Selebeyoon » devant des journalistes et artistes. Parmi eux, des figures de la scène artistique comme Lee Nossent et Faraz étaient présents pour témoigner de cet instant marquant dans la scène culturelle comorienne.
Composé de six titres, Selebeyoon signifie littéralement « carrefour », symbolisant une rencontre entre les cultures africaines et plus spécifiquement, celles des îles de la lune. Cet album, empreint de poésie et d’émotion, retrace le difficile parcours de l’auteur à travers l’Afrique de l’Est, avec des étapes marquantes au Burkina Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, avant son retour aux îles Comores.
Rahim y aborde des thèmes universels tels que l’amour, la peine, et la souffrance, tout en intégrant des éléments de la tradition et du patrimoine culturel des quatre îles comoriennes. Un moment fort de cet opus est sa dénonciation poignante du mur symbolique et physique qui sépare Mayotte des autres îles de l’archipel, un hommage à la tragédie du Visa Balladur.
Ce projet riche et varié s’est nourri de plusieurs collaborations, notamment avec Farid Youssouf et Faraz, apportant une dimension musicale et artistique encore plus profonde. À travers des chants, des contes, et une touche personnelle, Rahim réussit à capturer l’essence de son identité et de son héritage, tout en rendant hommage aux luttes partagées par les peuples africains. « Dans Idumbio, j’ai presque vécu tous ces moments si ce n’est la totalité. Loin des autres collaborateurs de ce projet, étant en période de confinement, je me suis inspiré de tous ses instants de bon et de mal pour le créer », a-t-il fait savoir.
Lors de cette présentation, le public, composé de personnalités du monde de la culture telles que la slameuse Intissam, elle aussi connue par sa diversité culturelle et son empreinte dans la poésie comorienne n’a pas caché son enthousiasme. Les spectateurs ont été émus par la force des mots et la sincérité qui se dégageaient de chaque titre. « Il n’y a vraiment pas grand-chose à ajouter, et dans la résonnance, tout est merveilleux. Ce qui m’a le plus marqué c’est qu’en écoutant attentivement il y a une touche particulière qui touche une île en particulier, chaque île est représentée à sa juste valeur », a décrit Lee Nossent.
Beaucoup ont salué la profondeur du projet, qui promet d’atteindre un public bien plus large à sa sortie officielle. Avec Selebeyoon, Rahim semble avoir trouvé un équilibre subtil entre la tradition et la modernité, réunissant les âmes insulaires autour de messages universels qui résonneront bien au-delà des frontières des Comores.
Inmadoudine Bacar