ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Visa Balladur : Un dou’an pour nos morts en mer

Alors que les Comoriens des autres îles avaient pour habitude de circuler librement à Mayotte, pour leur affaire personnelle ou des soins, le visa Balladur, du nom du Premier ministre en 1995 a édifié un blocus entre les Comores et Mayotte.

Ce mardi 18 janvier, marque la journée du visa Balladur. Elle est célébrée annuellement par la ville de Mirontsy et le Club Soirhane, par un dou’an en commémoration des morts du visa Balladur entre l’île comorienne d’Anjouan et l’île de Mayotte. 27 ans après, « nous pensons encore à ces milliers de morts de Mirontsy et d’ailleurs ». Une stèle est édifiée en 2019, à Mirontsy pour  » un rappel perpétuel ». Une centaine de personnes ont pris part à cette commémoration.

« Ce jour, nous sommes ensemble pour un rappel des morts dans la mer. Ils sont partis pour une île sœur. Ce sont nos familles, nos enfants, nos pères et nos mères. C’est une île sœur, Mayotte. Nous y allons pour la santé, la famille », dit Asma Abdallah Houmadi, membre du Club Soirhane et ajoute que « c’était ce jour qu’on nous a imposé ce visa Balladur. Nous voulions célébrer cette manifestation ce jour. Nous ne les oublions pas. Cette commémoration aujourd’hui, pour une prière. C’est la seule fois où nous pouvons penser à eux ».
« Il y 3 ans depuis qu’on organise cet événement de commémoration. C’est la grande catastrophe après les morts de Majungua. Depuis 1995 à nos jours, les morts sont estimés à plus de 20 000. Tous les ans, nous devons être. Nous devons perpétuer ce rituel », a fait savoir docteur Ansuffoudine Mohamed. Et d’ajouter : « les morts du Yemenia, en juin 2009, ne sont pas de 200, ceux des kwasa kwasa, sont de milliers de fois plus nombreux. Nous avons édifié une stèle en cet honneur. Nous avons eu cette idée, de faire un dou’an pour un rappel perpétuel ».

« Du vendredi au samedi, de l’an 2000, je suis parti avec 26 autres personnes pour Mayotte. 17 d’entre nous sont morts. La vedette s’est remplie d’eau. Je suis sauvé par des pêcheurs, après plusieurs heures à la mer, accroché à un bidon d’essence et un macabre. Sur les 17, certains sont morts à l’hôpital », raconte Abdou Ousseni, alias Doudou, 55 ans, originaire de Mirontsy. 

Ahmed Zaidou

Laisser un commentaire