ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Comores, COVID-19 et ses conséquences scolaires

« L’éducation des enfants, est une tâche très difficile que d’être confiée aux seuls parents », (Georges DUHAMEL).

Professeur Djaffar M’madi

Le COVID 19, a mis plusieurs pays dont le nôtre à genoux : cependant, aucun domaine ne fonctionne correctement. Le Ministre de l’éducation nationale est à boulet rouge depuis plusieurs mois déjà, avec l’intersyndical ; le protocole d’accord relatif aux avancements des enseignants n’a jamais été respecté par les autorités gouvernementales.

Les enseignants quant à eux, affichent un refus catégorique sur toute proposition formulée par le Ministère de l’éducation nationale. Un dialogue de sourd, s’installe entre les deux parties.

Cependant, COVID 19 s’invite sur la table de négociation, oblige les uns, les autres à faire une pause ; en attendant l’année scolaire comme l’année universitaire par ailleurs tire à sa fin. Le personnel de l’université au jour d’aujourd’hui, totalise deux mois de retard (Mars, Avril) en matière de paiement ; et chacun se demande : Que faire ? Sommes-nous encore capables de sauver l’année ou bien tout est perdu d’avance, ça ne vaut pas la peine. Ce sera une « année blanche », il faudra accepter la réalité et nous devons assumer les conséquences scolaires liées au COVID 19.

Nous savons tous que pas un ministre, pas une commission formée par des experts en matière d’éducation, pas un syndicaliste, pas un enseignant qui ne se soit désespérément gratté la tête pour savoir comment faire pour sauver cette année scolaire perturbée de fait par le COVID 19. Et chaque fois, c’est la même rengaine : quelle que soit le corps professionnel, les responsables défendent pied à pied la moindre parcelle de leur métier. Pour cela, une série de questions s’impose : devons-nous prolonger l’année, finir le programme avant de faire passer les examens ou plutôt exécuter les ordres, tous les ordres venant d’en haut, remplir les bulletins, même si certains enseignants n’ont pas eu le temps matériel, d’évaluer leurs élèves ? Je crois qu’il vaudrait mieux tenir compte des avis des uns et des autres, les positiver, prolonger l’année scolaire, proposer en parallèle, une réforme globale de l’enseignement susceptible de rester intangible pendant une longue période que de procéder par à- coups perpétuels et déstabilisateurs. Je pense d’une manière globale que le Ministère de l’éducation doit réévaluer la place de l’enseignant dans la hiérarchie sociale.  Si aujourd’hui toutes les structures éducatives (enseignement primaires, secondaires, supérieurs) sont fermées jusqu’à nouvel ordre, c’est à cause du COVID 19 ou DEING certes, mais pouvions-nous faire autrement ? Non pas du tout. Pourquoi ? Parce que le métier d’enseignant en soi est dévalorisé. Le système est par conséquent en souffrance et il nous faut, et le plus vite sera le mieux, trouver des solutions efficaces. En effet, le pouvoir politique et quelle que soit par ailleurs sa couleur doit en ce qui concerne le ministère de l’éducation nationale fixer des priorités.

Priorité des priorités c’est l’enseignement : revaloriser radicalement la fonction enseignante dans tous les niveaux, non seulement pour améliorer le sort matériel et les conditions de travail des fonctionnaires de l’Education nationale, mais plus encore, pour réévaluer leur place dans la hiérarchie sociale et accroitre leur efficacité. D’ailleurs, le malaise ne vient-il pas de la constatation que de plus en plus d’efforts donnent de moins en moins de fruits ?  

Les résultats des examens du baccalauréat chaque année illustrent bien ce malaise.

En contrepartie de cette revalorisation substantielle, trois ou quatre semaines prises sur les actuelles vacances scolaires, seront systématiquement consacrées à des stages d’échange et de perfectionnement pédagogiques ou de mise à niveau, mais aussi à des cours de rattrapage et de consolidation des acquis, le tout étant obligatoire.

L’engagement du Ministère de l’éducation nationale dans la bataille de revaloriser le métier d’enseignant et son acceptation des réformes structurelles qui favoriseront cette offensive auront pour résultats : amélioration de notre système éducatif, augmentation du taux d’admissions à tous les niveaux et l’ensemble découleront de cette stratégie offensive.

Si le gouvernement accepte de prendre en considération cette offensive, alors il faudra supprimer tous les redoublements.

Il n’a jamais été démontré que redoubler soit la panacée. Au contraire. Dans la plupart des cas d’échec scolaire, la répétition d’un programme n’est pas facteur de réussite. L’élève désabusé, démobilisé, voire indifférent, risque bien souvent de prolonger le malentendu qui s’est établi entre lui et l’école. Jusqu’au divorce. Il serait souhaitable de ne décider un redoublement que s’il est consenti par l’élève ou demandé par la famille. Dans le cas contraire, un système de cours de rattrapage et de soutien permettra à l’élève de se remettre à niveau.

Djaffar MMADI

Professeur des Universités, ancien Ministre

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