Un spectacle de grande désolation a régné du côté de Manjakamiadana depuis la nuit de samedi à dimanche. Un gros éboulement mortel s’est produit, à Ampamarinana, sur le versant de cette colline qui domine la capitale. Aux moins sept personnes dont un enfant de moins d’un an y ont trouvé la mort, ensevelis sous les décombres. Trois autres individus sont encore portés disparus hier soir. Les blessés, trois au total, ont déjà été pris en charge à l’hôpital HJRA à Anosy.
Le drame se serait produit dans la nuit de samedi vers 20h. A la suite de la grosse pluie qui s’est abattue sur la capitale, un pan de terrain et de grosses pierres situés derrière un bâtiment perché sur la colline ont glissé le long du versant qui donne sur le lac Anosy. L’éboulis de terres et de rochers a entrainé avec lui une maison à trois étages qui trônait en contre-bas du versant. L’effet domino continu. Trois autres maisons s’écroulent à leur tour.
Les secours n’ont pas tardé à venir sur les lieux du drame. Les gendarmes de Fiadanana seraient les premiers à arriver sur cet endroit. Grâce à la célérité des pompiers, trois personnes ont pu être sortis à temps sous les décombres. Elles sont immédiatement évacuées à l’hôpital. Il a fallu un temps fou, pour que les secours récupèrent le premier corps. Le premier bilan officiel de la gendarmerie nationale n’a été rendu public que dimanche après-midi. Il a fait état de 5 morts, 5 portés disparus et trois blessés ainsi que de gros dégâts matériels.
Vers 18h, deux autres corps ont été sortis des décombres. Il s’agit, selon les riverains, de celui d’une femme et d’un bébé. Sous les yeux en larmes de toute une famille décontenancée et d’une assistance abasourdie, venue très nombreuse quand même, pour constater de visu les dégâts, les corps ont été placés dans un camion pour être transportés à la morgue d’un hôpital de la capitale. Sur le lieu du drame, des groupes de secouristes et de bénévoles continuent les recherches.
Les autorités malgaches, représentées par deux membres du gouvernement démissionnaires de Christian Ntsay, le ministre de l’Intérieur et la ministre de la Population, ont fait le déplacement sur les lieux du drame dans la matinée de dimanche. Et c’est le président du Conseil pour le Fampihavanana Malagasy, Alphonse Maka, qui a clôturé le défilé des autorités en début de soirée, peu avant la récupération des corps d’une femme et d’un bébé.
Les autorités se jettent les responsabilités
Mais il n’y aurait pas que cet éboulement mortel d’Ampamarinana qui s’est produit dans la capitale la nuit de samedi à dimanche. D’autres cas d’éboulements et d’effondrement de maisons ont également été signalés dans le quartier d’Ambanidia. Un cas d’affaissement de la route a également été signalé à Betongolo coupant totalement la circulation dans le secteur. La grosse pluie due à une zone de perturbation dans le canal de Mozambique est considérée à l’origine de ce gros catastrophe ayant touché la capitale.
Joint au téléphone, la présidente d’un fokontany de Miandrarivo Ambanidia, a indiqué aussitôt dans la matinée que des maisons se sont effondrées dans son secteur. Plusieurs personnes en sont blessées. Toujours dans ce quartier, un autre cas d’éboulement menaçant des maisons a également été signalé auprès des autorités qui devraient être compétente, allant du fokontany à la région, en passant par les pompiers, le Bureau National de Gestions de Risques et des Catastrophes (BNGRC) ainsi que le district, mais les responsables se sont jetés les responsabilités.
Un des responsables du BNGRC ayant déjà effectué une descente sur les lieux quelques jours plutôt après avoir été alerté par le propriétaire d’un premier cas d’éboulement derrière son domicile, a orienté le déclarant vers le chef de district de Tana II. Ce dernier après avoir promu de se rendre sur les lieux aurait ordonné au président du fokontany de constater de visu la situation parce qu’il serait occupé par la visite des ministres sur le drame à Ampamarinana. La présidente du fokontany, elle, s’est dite préoccupée par les autres cas d’effondrement de maisons. Le Chef de région d’Analamanga a même été informé de la situation, mais il s’est contenté d’indiquer qu’il en informerait le chef de district.
Les pompiers, eux, indiquent qu’ils ne peuvent pas intervenir qu’après le rapport du président de fokontany.
La question se pose alors face à cette situation sur la responsabilité des autorités locales et centrales : à quoi sert le BNGRC s’il ne peut intervenir en cas de prévention des risques et catastrophes naturels ? Quel rôle le district et la région peut-il jouer pour le développement de leur fief s’ils ne sont mêmes pas capables d’apporter des solutions à des situations d’urgence ? Enfin, en quoi peut-il servir les autorités si elles ne peuvent agir en amont pour prévenir un drame ? Attendraient-ils qu’il y a toujours des morts avant de réagir ?
Source : Tribune de Madagascar