Entre plastiques, tissus, ferrailles, déchets organiques…, « ces produits qui nous tuent ». Ils sont partout. Dans la pluie, dans la nourriture, et même dans le placenta. Le plastique empoisonne tout. Il étouffe la vie au plus profond des océans comme sur les plus hautes montagnes et partout sur nos routes. Il provient des produits importés.
Les ordures et déchets ménagers détruisent et polluent la nature. A Anjouan, le pire est là. Dans le littoral de Mutsamudu, un homme, un seul, Adinane Mohamed Ibrahim, nettoie 6 jours sur 7 le bord de la mer sans masque ni gants. « Je ne mets pas de gants, car ils détruisent mes mains. Le masque gêne ma respiration en vue des va et viens que j’effectue longuement pendant, souvent des journées ensoleillées ou de pluies. Je travaille avec fierté. Je suis le seul des 7 personnes qui sont restées pour ce travail. C’est la quatrième année que je suis là », dit-il avant d’expliquer que « je ne trie pas. Ce sont des tonnes de déchets. Du plastique, à la ferraille, passant par le bois et les tissus de tout genre. Je me charge de mettre dans un sac et le reste se passe au site de recyclage à Dindrihari. Certains déchets sont entassés que je n’arrive pas à les déplacer. Ils sont entremêlés de tout type de déchets qu’on trouve. Il y en a encore et encore pendant la saison des pluies ».
« Dénoncer ne suffit pas, il faut agir »
Des déchets, il y en a, même ménagers, composés de nourriture en décomposition ou de restes de poissons. « Je sais que ça me détruit, mais c’est un travail comme les autres. C’est mon travail », précise-t-il. Certains de ces déchets proviennent des produits importés, mais aussi d’usines de transformation ou de mise en bouteilles. « Ces usines ne recyclent pas. Des associations en parlent, mais ne bougent pas le petit doigt. Dénoncer ne suffit pas, il faut agir, donner son idée. Ce sont nos déchets et notre pays », indique un environnementaliste de la place.
Selon un diplômé de l’université des Comores en science de la terre et de l’environnement, Nasserdine Abdoul-Karim, ces déchets sont une source de travail, d’énergie et peuvent, s’ils sont exploités, créer une plus-value à notre économie. « J’ai entendu l’histoire de ce jeune homme qui entretient le littoral. Il mérite du respect et tout l’amour du monde. Il doit être décoré et revoir les mérites de son patriotisme et de son dévouement. Je ne pense qu’il y a personne ailleurs qui fait le travail de ce jeune garçon », a-t-il encensé.
Le danger du plastique
Pour Nasserdine Abdoul-Karim, le plastique et autres déchets sont très dangereux. « Au niveau de l’air, de la terre, et même de l’océan. Au niveau de la terre, le plastique constitue un véritable problème, puisque le plastique est non dégradable. Il peut faire des millions d’années. Au niveau de la mer, il peut prendre la taille d’une île et empêcher les rayons du soleil de pénétrer au niveau de la mer », explique-t-il. « Les déchets font des dégâts. Surtout dans un pays comme le nôtre. Nous ne recyclons pas. Beaucoup d’animaux terrestres, marins et humains sont morts ou meurent à cause de nos déchets », a souligné le diplômé en science de la vie et de la terre.
Ahmed Zaidou