ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Ecole doctorale à l’Udc : Une loterie qui ne dit pas son nom

En début des festivités de la fête nationale, un atelier d’échanges portant sur « l’Université comme vecteur de cohésion et de développement économique », a eu lieu, hier. Une occasion de dresser un bilan précis de la situation universitaire et de tracer les voies et moyens à emprunter pour consolider cette institution.

À l’approche de la fête nationale, un atelier bilan de la situation universitaire et de réflexions sur des moyens et stratégies mises en place pour redorer l’image de l’institution a eu lieu, hier, à l’hôtel Golden Tulip. Le chef de l’Etat, Azali Assoumani a rappelé qu’il a laissé au pays, en 2006, des textes portant un nouveau système Licence, Master et Doctorat (LMD). « En quittant le pouvoir en 2006, j’ai donc laissé au pays, une institution, certes jeune, mais prometteuse. Les textes portant règlement général des études à l’Université des Comores ont été signés et le nouveau système Licence, Master, Doctorat (LMD) a été instauré, faisant ainsi de notre Université des Comores, une des toutes premières en Afrique à s’inscrire dans ce nouveau système. Les modalités d’organisation du Doctorat ont été également définies et les équipes de recherches ainsi que les journées de promotion de la recherche ont été organisées. Il ne restait à mes successeurs qu’à mettre en œuvre l’ensemble des orientations et des actions qui ont été initiées », a-t-il précisé. Et lui de regretter que malgré les efforts déployés, tout est resté identique. « Malheureusement, lorsque je suis revenu à nouveau aux affaires, j’ai constaté que tout était resté en l’état ou presque. Le nombre et la qualité des composantes sont restés identiques, les formations dispensées sont limitées à la Licence et à quelques parcours de Masters, et les statuts et les règlements initiaux n’ont pas évolué. J’ai alors dû reprendre quasiment le travail là où je l’avais laissé », dit-il.

De la nouveauté à l’université

Tout au long de son discours, le président Azali souhaite que l’Université réponde aux normes internationales. « Notre Université a, en effet, l’obligation et le devoir de répondre aussi bien aux besoins de la modernisation des Comores qu’aux demandes multiples en matière de connaissances nouvelles, de valorisation de notre culture, de promotion des savoirs et du savoir-faire sur le plan national. Elle doit également écrire une nouvelle page en étant guidé par l’ambition de son rapprochement avec le monde économique mais aussi le souci permanent de servir de levier pour soutenir le développement socioéconomique de notre pays», envisage-t-il. À l’en croire, la rentrée universitaire 2021-2022 portera des nouvelles visions et ouvrira une nouvelle page. « Des dispositions seront d’ailleurs prises par le gouvernement, pour vous accompagner dans la mise en place, dès cette rentrée, d’un office universitaire pour le conseil et l’orientation des nouveaux bacheliers et des étudiants, dans le choix de leurs formations supérieures. Cet office deviendra la cheville ouvrière pour l’organisation, chaque année, d’un salon annuel de l’Etudiant, pour permettre aux étudiants de mieux envisager leurs études universitaires et aussi pour promouvoir la relation entre l’Université des Comores et les milieux économiques. Et lui d’ajouter : «Ainsi, l’Université des Comores doit, dans un futur proche, se doter, dès cette rentrée, d’une Ecole doctorale pour permettre la préparation et l’organisation, dans les meilleurs délais, de la formation doctorale à l’Université des Comores. En effet, les décrets sur l’organisation des études que j’ai eus à signer en 2005, permettent, dès à présent, de faire évoluer notre Université vers ce 3ème cycle. Etant donné que ce cursus doctoral devra privilégier la co-diplomation avec les Universités partenaires, une école doctorale pluridisciplinaire regroupant plusieurs unités ou équipes de recherche, existant actuellement, devra être mis en place, dans un premier temps ».

Le chef de la nation estime que l’Université doit s’aligner à la numérisation et à la digitalisation. «  L’Université doit impérativement concevoir et déployer une stratégie exemplaire d’introduction et de généralisation de l’usage du numérique. Elle doit devenir aussi le vecteur principal de l’appropriation des TIC au sein de l’Union des Comores et ce, pour réduire la fracture numérique».

La révolte

Cette annonce du chef de l’Etat fait remous. Alors que des étudiants dénoncent une gestion opaque à l’université des Comores et des conditions déplorables au sein des sites de l’université, nombreux universitaires pensent que ce n’est pas le moment opportun d’ouvrir une école doctorale aux Comores. « Notre système de santé est malade. L’enseignement primaire, secondaire et universitaire est bouleversé. Je ne pense pas que le président s’informe de la situation que traverse l’université des Comores car il n’aurait pas déclaré que l’université doit se doter dès la rentrée prochaine, une école doctorale », a réagi un universitaire. C’est de la poudre aux yeux selon notre interlocuteur. « Nous devons nous révolter contre l’ouverture de cette école. Vous savez, des diplômés à l’université des Comores sont partis ailleurs pour leurs études, certains parmi eux sont en première et deuxième année. Notre université livre des faux diplômes », conclut-il.

Abdoulandhum Ahamada

 

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