ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Economie : Commerce informelle, le paradoxe

Le secteur informel a pignon sur rue surtout dans les grandes agglomérations du pays. Un secteur employant des milliers des jeunes et qui aurait dû être un maillon essentiel et indispensable pour l’économie, si et seulement si les autorités décident d’agir. La restructuration de ce secteur, permettra sans nul doute de résoudre, en partie l’équation du chômage des jeunes.       

Ils sont plusieurs jeunes à investir les rues de nos villes pour tenir des commerces de rue sous l’œil incrédule des autorités. Un secteur informel qui pourrait constituer un réservoir d’emploi pour des jeunes en quête d’emploi, à condition que les autorités décident d’agir en restructurant un secteur qui permet par ailleurs à des milliers des personnes à subvenir aux besoins de leur famille.   

La particularité de ce secteur aux Comores, ce qu’il concerne plusieurs secteurs parmi lesquels, le commerce, la pêche, le bâtiment, l’artisanat et l’agriculture. Said Nahouza, diplômé en Langues étrangères appliquées à l’université des Comores n’a pas hésité à s’installer à Volo-volo pour ses activités commerciales.

Ce jeune vendeur de vêtements pour femmes à Volo-volo estime que le secteur informel peut jouer un rôle central dans  l’avenir. « Si nous nous concentrons sur les ultimes objectifs du développement, il est évident que nous parviendrons à sortir des milliers des jeunes dans l’extrême pauvreté. Nous arriverons à lutter contre la malnutrition, l’illettrisme et les maladies. Si les autorités arrivent à structurer le secteur informel, il peut se développer, générer de revenus et créer des emplois pérenne », a-t-il déclaré.

Et de poursuivre : « individuellement et collectivement, nous devrons structurer les stratégies et programmes économiques et sociaux du secteur informel afin d’opérer un changement socioéconomique rapide et d’asseoir une base s nationale solide pour le développement durable et autocentré pour promouvoir ce secteur. Certes le secteur informel ne fournit pas autant d’emplois mais l’avenir est rassurant s’il est structuré. »

De son côté, Ali Saandi, vendeur de rue affirme que l’Etat ne créé pas d’emplois pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Selon lui, le secteur informel n’arrive pas à se développer. « C’est une activité à fort risque. Parfois nous vendons nos produits à perte et parfois. Le gouvernement ne nous accompagne point. Nous n’avons pas accès au crédit au moment opportun. Imaginez ceux qui se déplacent de Moroni vers les villes et villages pour espérer vendre leurs produits. Ils payent des frais de transport et ils ne vendent plus. Ils prennent des risques », fait-il observer.

Pour Farid Abbas, un économiste de son Etat, dans le pays, l’informel qui se veut être un levier essentiel pour une croissance durable et inclusif est un chantier.

 « Il s’agit de tout un cercle vertueux qui devrait contribuer à placer les Comores dans une nouvelle ère économique. Il est bien évident que le secteur informel pénalise celui du formel via plusieurs canaux, dont la concurrence déloyale qu’elle engendre, le manque à gagner à termes de recettes fiscales, la vulnérabilité des emplois et autres. L’intégration de l’informel s’impose plus que jamais, au regard du contexte actuel caractérisé, entre autres, par une tentative de relance économique bien qu’elle est accompagnée par des tensions inflationnistes », a-t-il analysé.

Inquiet de la monter des activités des marchands ambulants, l’économiste appelle les autorités compétentes à les intégrer aux processus de décision visant à accroître l’économie nationale.

Le secteur informel comprend des activités légales qui contribuent à l’économie mais ne sont pas taxées ou réglementées par le gouvernement ou couvertes par des accords formels. « Le secteur informel domine l’économie comorienne, ce qui limite la  capacité du secteur privé à se développer et à être pourvoyeur d’emplois décents. Pour autant, nous aurions tort de combattre ce phénomène par la répression et nous devons l’endiguer par des mesures et des dispositifs de sensibilisation et d’accompagnement telle est la conviction de l’Anpi », a défendu la directrice de l’agence nationale pour la promotion des investissements (ANPI), Mme Nadjati Soidiki.

Le secteur informel représente une part importante de l’économie comorienne. Il couvre une grande diversité d’activités, d’acteurs, de situations et ne peut donc pas être considéré comme un ensemble homogène. Si certains arrivent à en tirer un profit substantiel, la grande majorité des travailleurs de l’informel vit dans la précarité, évoluant parfois d’un univers à l’autre. Notons que l’économie informelle est la conséquence directe du chômage. Ce secteur ne fleurit pas dans l’archipel.

Nassuf. M. Abdou

 

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