ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Editorial : Le « laisser-aller », un facteur profond bloquant le changement

Aux Comores, le développement traine encore et ne risque pas de voir le bout du tunnel. La raison ? Partout dans l’administration publique et même dans tous les secteurs professionnels qui puissent exister en Union des Comores, il apparait en évidence une sorte de « laisser-laisser » qui en dit long sur le sens de la responsabilité et témoignant le manque de la culture de résultat.

Dans ce pays où on peut observer tous les maux de la vie que connait son peuple, où toute sorte de crise dans presque tous les secteurs s’identifie, on notera également la crise d’étique. Rares sont les personnes qui respectent les engagements de leurs responsabilités. Tout le monde peut faire ce qu’il veut dans son milieu de travail, surtout quand on est chef. Trop de maladresses et moins de résultats positifs. Le développement peine. Le manque de rigueur et de compte de résultats, le recrutement par affinité et l’incompétence sont les plus grandes barrières contre le progrès de notre chère Nation.

Le manque de rigueur dans la responsabilité individuelle

En réalité, dans le milieu de travail, les résultats doivent être le fruit d’un travail collectif. Mais cela est possible quand chacun est conscient de sa responsabilité quelque soit les fonctions qu’il occupe dans son secteur. Sauf que dans ce pays où l’on manque de tout en termes de développement, la paresse, le « laisser-aller » et la négligence sont devenus le caractère qui spécifie nombreux des travailleurs comoriens. Le pire se constate dans le secteur public où personne ne se soucie de rien. Simplement par ce que ce qui compte c’est le salaire qu’il personne à chaque fin du mois avec ou sans résultats, donc même sans avoir rempli les missions qui lui sont confiées. De ce constat, on comprendra pourquoi un agent de l’administration publique ou de n’importe quel service public se permet de s’absenter ou se rendre en retard au travail quand il veut. Ce comportement irresponsable est cautionné par l’absence de mesures pénalisant ce type de comportement dans le milieu de travail. Comment un employé qui s’absente sans autorisation, qui va au travail à l’heure qu’il veut et qui ne s’attend pas à une entrevue avec son hiérarchie pour une interrogation relative à ce manquement, peut s’inquiéter à fournir des résultats dans sa responsabilité ? Vous connaissez la réponse à cette question.

Les conséquences des recrutements complaisants

Oui, le recrutement complaisant fait partie des facteurs dangereux bloquant le processus du développement du pays. Il n’y aura pas d’initiative qui vaille au-delà de mettre fin à ce sport national. Ce modèle qui s’opère pendant les recrutements consistant à mettre avant le fait que l’intéressé (demandeur d’emploi) soit de la famille, ou de la région, du même village ou un copain et tout ce que vous savez, tue le progrès. Aucun développement ne sera durable si l’on continue à recruter avec cet état d’esprit et surtout par ce que la personne est proche du régime ou membre du parti de la mouvance présidentielle. Le plus souvent l’on recrute des incompétents, des incapables et ou des personnes qui manque le sens même de la responsabilité dans le milieu professionnel. On place souvent des gens dans le hasard dans des postes qui ne correspondent pas à leur profile dans le but de satisfaire un égo et c’est le pays qui paie les conséquences. Et l’on s’étonne si jusqu’alors le pays n’avance pas ou pousse très lentement.  

Que ce qui s’est passé à l’aéroport de Mohéli et de Moroni ne se reproduise !

Le 30 mars dernier, alors que nous rentrions d’une mission dans le cadre la lutte contre la covid19 à Mohéli, nous passagers de la compagnie Ab aviation avons vécu des mésaventures. Du jamais vu au 21ème siècle. Encore un exemple qui nourrit le désespoir. Nous avons fait le départ à 9h 30 heures que nous étions sensés arriver à Moroni. La cause ? L’avion n’a pas pu atterrir à trois reprises d’essais après avoir appelé le service de contrôle sans succès et a été obligé de retourner à Moroni. On nous dit que l’agent n’était pas en poste, une autre information indique qu’il manquerait un moyen de communication. De toute façon, aucune mesure ne s’en est suivie. Arrivés à Moroni, nous n’avions pas pu entrer en salle de passagers où nous devions en même temps récupérer nos bagages par ce que tout simplement un agent avait gardé les clefs et est resté dans l’autre aérogare. Nous avons passé une bonne dizaine de minutes d’attente dans la piste. Et cela avant d’entendre que aucun bagage n’a été embarqué car le kérosène mis lors de son retour à Moroni pour revenir une deuxième à Mohéli ne permettait pas à l’avion de transporter des colis. Nous n’en croyions pas nos oreilles, pourtant, c’était « rentrez chez vous jusqu’au jeudi pour revenir chercher vos bagages ». Tout cela est passé sans intervention d’un responsable pour demander des excuses. Ceux-ci sont aussi une illustration de « laisser-aller ».

Changeons de mentalités et nous pourrons ensuite espérer un développement quelconque.

 

Sultane Abdourahim Cheikh

Directeur de Publication

 

 

Laisser un commentaire