Notre pays est à la croisée des chemins. Les pénuries d’électricité récurrentes pour ne pas dire permanentes, loin d’être de simples désagréments, minent notre économie et compromettent notre développement. Selon le dernier communiqué de la Sonelec portant programme provisoire de distribution de l’électricité à Moroni, des régions entières de la capitale et de ses environs resteront dans le noir entre 9h et 17h, malgré la présence dans ces zones de (PME) petites et moyennes entreprises de production. Quel avenir pour ces entreprises et quel soutien prévu pour la circonstance. Dans ce même communiqué, rien ne laisse transparaitre une lueur d’espoir d’un retour à la normale dans un avenir proche. Pourquoi dans ce cas ne pas alterner les délestages entre les zones de la capitale au lieu de sacrifier une seule partie. Il est donc urgent de sortir de cette impasse et de prendre des décisions audacieuses pour garantir un avenir énergétique durable. Aucun développement n’est envisageable sans énergie.
Pendant des décennies, nous avons pallié les problèmes d’approvisionnement en énergie par des solutions de court terme, coûteuses et inefficaces. L’achat incessant de groupes électrogènes qui plus est de secours, dont la maintenance est souvent déficiente faute de compétences, est devenu une habitude qui nous a menés dans un cul-de-sac.
L’investissement dans les énergies renouvelables, notamment le solaire, est une initiative louable. Cependant, le choix des sites d’installation des premières centrales photovoltaïques s’est avéré peu judicieux. En concentrant ces installations dans des zones déjà faiblement alimentées dans la journée par la Sonelec, nous n’avons fait que déplacer le problème sans le résoudre.
La capitale, poumon économique du pays, souffre particulièrement de cette absence totale d’éléctricité. Le communiqué de la Sonelec vient entériner une situation qui date de plus d’un mois avec une partie de la capitale privée d’énergie surtout dans les horaires de travail. Les entreprises, contraintes de fermer leurs portes pendant des journées entières, voient leur productivité s’effondrer et les emplois disparaître. Ce cercle vicieux menace de plonger notre économie dans une spirale descendante. Si ce n’est déjà le cas. D’ailleurs la stagnation de notre taux de croissance pour ne pas dire sa baisse y est fortement liée.
Quelle solution pour sortir de cette impasse ? Ces solutions ne sont pas limitatives mais constituent le meilleur point de départ pour sortir des sentiers battus
- Prioriser la capitale : Concentrons nos efforts sur l’installation de grandes centrales solaires à proximité de la capitale. Les économies qui seront réalisées sur le carburant nous permettront de financer d’autres projets et de renforcer la stabilité du réseau.
- Renforcer les capacités de la SONELEC : Formons le personnel, investissons dans des outils modernes et mettons en place une gestion efficace de l’énergie. Il est inadmissible qu’à ce jour, il faut faire venir à chaque fois des techniciens étrangers pour réparer les groupes électrogènes. Il est également intolérable de constater qu’il faut des mois pour réparer des groupes électrogènes et pendant ce temps plonger la capitale dans le noir pour une durée indéterminée sans en assumer les conséquences.
- Développer un plan énergétique à long terme : Évaluons l’ensemble de notre potentiel énergétique, fixons des objectifs ambitieux. Dimensionnons nos centrales photovoltaïques pour apporter des vraies solutions.
Et pourquoi ne pas s’inspirer de notre île sœur Mayotte ? Mayotte produit environ 134 mégawatts d’énergie électrique dont 39 mégawatts proviennent d’énergie solaire. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même ?? La Grande Comores dispose plus d’espace que Mayotte. Tout est question de dimensionnement et d’expression des besoins.
Il est temps de sortir de la logique des solutions palliatives et de construire un avenir énergétique durable pour notre pays. L’enjeu est de taille : il s’agit de préserver notre économie, de créer des emplois et d’améliorer le cadre de vie de tous les Comoriens.
Au vu de la situation, la Sonelec ne sera jamais à mesure de maîtriser à court terme l’énergie thermique. Il est donc urgent pour sauver la capitale et ses environs, pour l’intérêt de l’économie du pays, de penser à un plan d’urgence d’installer une centrale photovoltaïque dans la région de bambao.
Il est paradoxal de considérer la fourniture d’électricité pendant le mois de Ramadan comme une prouesse et comme indicateur de performance, alors que c’est précisément à ce moment-là que les entreprises produisent le moins. Cette focalisation sur une période spécifique, souvent au détriment d’autres, montre à quel point nous avons perdu de vue l’objectif principal : assurer une fourniture d’électricité stable et fiable tout au long de l’année. En nous contentant de répondre à la consommation pendant une période particulière, nous perpétuons un système fragile et inefficace. »
Hamidou Mhoma