ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Chronique : Et si l’Assemblée était nationale ?

Deux pouvoirs qui d’habitude se croisent, mais dans un pays où les dirigeants donnent du sens à l’humain, au peuple de ce pays qu’ils administrent. Ce peuple qui doit être au dessus de son chef, le chef de l’Etat.

Comme toute la population ne peut pas occuper un palais, elle est représentée. Et ses légats s’appellent représentants parlementaires ou aussi des députés. Car députés par le peuple ; de circonscription en circonscription. Dans les pays où les dirigeants ont les cœurs ouverts à leurs peuples, ces députés représentent le deuxième pouvoir, appelé pouvoir parlementaire, donc derrière celui exécutif. Ces deux pouvoirs vont de paire, à la protection de son peuple. L’un vote les lois à la congruence du peuple qu’il représente et non à celle du président et l’autre exécute ces lois votées par ces représentants du peuple sans omission ni addition. Ressuscitant dans l’esprit, les Comores de jadis, Comores Etat-nation, qui ne sont qu’une nostalgie en ce moment, on n’enregistre que la nausée en vivant l’actuelle Assemblée en formalité azalienne. Déjà, d’où vient cette assemblée ? Si tout le monde se pose cette question une conscience pour les prochains moments serait prise.

«  Qu’est-ce qu’un député et quelles sont ses compétences ? »

1) Un député est un parlementaire qui, à l’Assemblée nationale, prend part au travail législatif et au travail de contrôle du Gouvernement. Et ce contrôle, doit être un équilibre, une force… qui se caractérisent par les conseils, les débats, les critiques… et les réponses… mais conformément aux orientations données par les attraits du peuple. Siéger ce n’est pas uniquement occuper l’hémicycle et lever les deux mains… en complicité du pouvoir. Comme il est bon chez l’homme d’avoir un esprit critique, ces hommes à l’hémicycle, doivent l’avoir aussi. Des fois ils doivent se remettre en cause en laissant leur conscience guidée par les besoins du peuple qui a fait d’eux ce qu’ils sont. Un député agit et parle au nom de l’intérêt général et non pas au nom d’un parti politique, d’un groupe d’intérêt ou d’un président.

2) Dans un pays où les dirigeants se respectent et respectent le peuple, le parlementaire en tout les le député dispose diverses compétences. Il dépose des propositions de loi, mais celles venant des besoins du peuple. Il peut aussi proposer, par amendement, des modifications au texte examiné et prendre la parole, en débattant, en corrigeant voire même en s’opposant à un texte… Il est le premier à interroger le gouvernement sur les soucis et nécessités du peuple.

« Un parlement fantaisiste »

Aujourd’hui quand on voit l’amusement parlementaire de l’Assemblée du pouvoir en place aux Comores avec la main levée en deux comme des mômes dans une cour de récréation, l’espoir d’une conscience est en congé. Cette Assemblée qui devrait laver un honneur tâché n’étant élue mais choisie indélicatement et sous pression… rate des occasions. Sans doute la modalité des choix de ces députés du pouvoir qui n’ont pas été élections dignes de ce nom, contribue aux causes de manque de débats à l’hémicycle. Une idée unique, sans contrepoids ni proposition dissemblable, pourrait sans doute, transformer l’auteur en instruis. L’absence de débat, la carence de prolepses, l’idée monocolore, l’Assemblée à sens unique, sont le symptôme des souffrances discrétionnaires que dégage le peuple servi des députés bénis-oui oui.

Quand sur les colonnes du journal du pouvoir Alwatwan se lit ceci « Moustadroine Abdou a montré sa fierté de clore la deuxième session ordinaire annuelle dans un climat de paix. Pour la première fois de l’histoire du parlement comorien, trente textes ont été adoptés en trois mois. ». C’est la foutaise  dans cette Assemblée. D’ailleurs le choix de ce président de l’Assemblée comme plusieurs choix dans ce régime ne dissimule aucunement l’intension et du socle des détenteurs des projets du pouvoir et du président de ce pouvoir, colonel Assoumani Azali. Bien sûr que ce n’est pas tous. Certains ministres, certains membres du cabinet présidentiel et une grande partie des députés ne sont que des auxiliaires mais en vérité, c’est un petit groupe qui réfléchit le destin qu’il réserve au pays et les envoie en exécution. En tout cas, en matière de dérapage, lors de la fin du régime… aucun membre quelle que soit la responsabilité n’aura l’exclusivité. Ils seront tous impliqués. Ce qui est aussi insupportable c’est bien la déclaration ironique du président de ce parlement. Déclaration selon laquelle : « les nouvelles lois qui viennent d’être adoptées traduisent le souci du gouvernement, et de la représentation nationale, de répondre aux attentes légitimes de la population. ». Mais de quelle population  population parle-t-il ? Celle à qui ce régime a volé la liberté, le droit et la dignité ?

Said Yassine Said Ahmed

Ecrivain (Rhône-Alpes)

Laisser un commentaire