ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

La commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé les résultats provisoires du double scrutin tenu le dimanche 24, dans la soirée du mardi dernier. C’est à travers une conférence de presse tenu hier à Moroni que le candidat Mohamed El-Had Abbas a contesté la décision prise par les 12 candidats de l’opposition.

Mohamed El-Had Abbas devant la presse

Alors que la Ceni s’est pliée, Mohamed Elhad Abbas candidat déchu appelle à une séance de vérité et de réconciliation. Le candidat malheureux aux élections des gouverneurs dans l’ile de la grande-Comore relève les dysfonctionnements observés dans l’organisation comme dans le déroulement du scrutin ayant même introduit tant de violences dans les différentes localités. Mohamed Elhad Abbas s’insurge contre le fait que les candidats ne soient pas en mesure  de se défendre légalement. « Les extraits de PV étant confisqués par la Ceni dont la possibilité légale d’accéder dans les lieux de dépouillement est incertaine », dit-il.

Manque des moyens légaux pour se défendre

Soucieux de la situation actuelle que traverse le pays, l’ancien garde sceaux pense que le présidant Azali Assoumani va prendre ses responsabilités pour la sécurité de ce pays. « Azali est conduit en erreur car les membres du gouvernement n’utilisent que la force alors qu’ils ont tous les moyens. Les résultats publiés sont erronés et que le constat est amère. Malgré l’absence des moyens légaux pour se défendre car on se trouve dans l’impossible », a-t-il fait savoir. Pour Mohamed Elhad Abbas, « c’est donc au président Azali de se demander s’il est réellement réélu dans une catégorie légitime ou illégitime. »

A cette occasion, le candidat malheureux a noté que vu la situation qui se présente dans le pays, il croit que l’opposition a mal réagi. « Il faut assumer les dégâts car  nous étions tous au courant de l’enjeu depuis le départ alors que nous avons pris l’initiative de prendre part à ces élections. Nous étions appelés à continuer le combat mais pas d’abandonner en pleine séance », montre Mohamed Elhad Abbas. « Je n’apprécie pas cette idée et je ne suis pas surpris de la situation actuelle. Nous sommes tous avertis. Je pense que le président Azali Assoumani doit tirer des conclusions car il est temps de passer à une séance de vérité et réconciliation pour le bien de notre pays », lance Mohamed Elhad Abbas. Selon lui, le président doit rectifier son équipe qui utilise la force comme étant la seule solution pour tout résoudre. Ce candidat condamne fermement l’attitude partisane de la Ceni qui risque d’enlever le caractère légitime de ces élections.

« L’opposition a pris une mauvaise décision »

Pendant que les autres candidats envisagent d’autres moyens pour montrer leurs désarrois face à ces élections dont l’opposition énonce un « coup d’état électoral », le candidat Abbas insiste qu’il n’y a plus les moyens légaux pour se défendre. Il se montre différent des autres candidats. « L’opposition a pris une mauvaise décision. Au lieu de se battre, les candidats ont préféré retirer leurs assesseurs dans les bureaux de vote. Je n’avais pas l’intention de poursuivre cette démarche mais mes assesseurs m’ont prévenu de la situation tendue alors qu’ils n’avons plus d’assurance. Ce n’était pas ni le moment ni l’endroit d’abandonner le combat », a-t-il montré. 

Du forcing ? Le candidat malheureux aux gubernatoriales, Mohamed Elhad Abbas dénonce le comportement de la Ceni ainsi que celui des candidats de l’opposition. Il ne partage pas le combat et le mouvement soulevé par les 12 candidats de l’opposition, qui ces derniers, ne reconnaissent pas les élections ni les résultats provisoires de la commission électorale nationale indépendante.

H.H

Au lendemain de la publication des résultats provisoires des élections du 24 mars dernier, l´alliance de la mouvance présidentielle se félicite des résultats et du déroulement du scrutin à travers une conférence de presse tenue hier dans son quartier général. Cette formation politique affirme que les résultats enregistrés sont les fruits du combat mené depuis deux ans.

La mouvance présidentielle en conférence de presse

« Le dépouillement et le comptage ont eu lieu en présence des membres des bureaux de vote et des assesseurs. Ce n´est plus une mascarade », a déclaré le directeur de campagne de l´alliance de la mouvance présidentielle, Houmedi Msaidié. Selon lui, le président Azali Assoumani a prôné l´émergence depuis 2016 et pour qu´il ait émergence, « il y a des bases et ces élections font parmi les bases. » La mouvance présidentielle a rappelé qu´elle avait présenté 4 candidatures. Une candidature aux présidentielles à savoir Azali Assoumani réélu dès le premier tour et trois candidatures aux gubernatoriales à savoir Anissi Chamsidine réélu également dès le premier tour à Anjouan et Sitti Farouata a Ngazidja et Mohamed Said Fazul à Mohéli qui passent au second tour.

Concernant le déroulement du vote, le directeur de campagne de la mouvance présidentielle a fait savoir que certains candidats de l´opposition n´avaient pas des assesseurs surtout à Ndzuwani et « c´est parmi les causes du boycott. » « Des assesseurs des candidats de l´opposition ont manifesté un esprit de civisme car ils ont refusé de quitter les bureaux de vote. C´est le camp de l´opposition qui a tout saboté et saccagé les urnes », a souligné Houmedi Msaidié.

A l´en croire le secrétaire général de l´alliance de la mouvance présidentielle, Ali Mliva Youssouf, la mouvance présidentielle s´est engagée main dans la main depuis deux ans à soutenir Azali Assoumani et à battre campagne pour lui contrairement aux autres candidats. « Les résultats proclamés sont les fruits de notre combat », dixit Mliva.

Cette formation politique se dit satisfaite du déroulement des élections tout en saluant la mission observatoire internationale des élections de son engagement. Selon la direction de campagne, la mission de l´Union Africaine a porté des recommandations et nous pouvons demander au gouvernement de porter des rectificatifs, dit-elle.

Kamal dine Bacar Ali

Appel de Marseille

Appel de Marseille

Communiqué

Les électeurs et les électrices comoriens ont été appelés aux urnes, dimanche 24 mars 2019, à l’occasion des élections présidentielles et des gouverneurs anticipées, pour choisir de nouveaux dirigeants pour leur pays.

Ce scrutin a été précédé d’une campagne électorale qui s’est déroulée dans des conditions acceptables et un climat relativement apaisé. Tous les candidats ont pu développer devant le peuple comorien leur vision en vue de solliciter sa confiance.

Ce climat aurait du continuer jusqu’au soir du dimanche pour que les électeurs des trois îles puissent départager les candidats de façon libre et transparente. Malheureusement, cela n’a pas été le cas.

Le gouvernement, l’Armée nationale et la CENI ont choisi de bafouer toutes les règles électorales, afin de favoriser un seul candidat, à savoir le président sortant M. AzaliAssoumani. 

Et la suite on la connait très bien : Bourrage des urnes dans les trois îles, fausses procurations fournies par la justice, tirs à balles réelles ayant causé des morts et des blessés graves à Anjouan et à Ngazidja, expulsion des assesseurs des bureaux de vote. Cela a été souligné par la presse locale et internationale, l’observatoire national des élections, et même la mission des observateurs internationaux conduite par l’Union africaine.

Cette dernière a clairement déclaré que le scrutin de dimanche n’a été ni transparent ni crédible.

Face à cette mascarade organisée pour faire gagner M. Azali par la force, 12 des 13 candidats à l’élection présidentielle se sont retirés du processus électoral après avoir essuyé le refus de la CENI de les recevoir pour qu’une solution soit trouvée à temps.

Ces 12 candidats ont par ailleurs appelé leurs assesseurs à se retirer des bureaux de vote et à ne signer aucun procès verbal. Par conséquent, ils ont rejeté le scrutin et le résultat qui en est issu. Dans la foulée, ils ont déclaré illégitime le gouvernement en place tout en appelant à la formation d’un gouvernement d’Union nationale de transition qui aura pour mission de rétablir l’ordre dans le pays.  

Le lundi 25 mars, l’ensemble de ces candidats sont descendus dans la rue de la capitale des Comores pour manifester leur désaccord et dénoncer la mascarade et l’escalade de dimanche, mais la manifestation a été réprimée, et encore une fois les militaires ont tiré à balles réelles et fait de nombreux blessés dont des candidats.

Conscients de la gravité des conséquences d’une telle situation dans notre pays, les Comoriens de l’étranger, plus particulièrement de France, ne peuvent pas restés insensibles. Ils doivent agir.

C’est la raison pour laquelle nous nous sommes réunis en collectif unique depuis Marseille pour apporter notre soutien aux 12  candidats, à l’ensemble de nos compatriotes qui défendent les valeurs de la démocratie et de la paix en Union des Comores.

Nous faisons appel à tous les Comoriens, notamment de l’Extérieur, pour qu’ils rejoignent ce mouvement afin d’organiser la résistance contre la dictature qui veut s’installer dans notre cher pays.   

Les Comores méritent la paix, la prospérité, et les Comoriens ont droit à une vie meilleure. Les Comoriens de l’Extérieur, de par leur engagement de toujours pour les Comores, leur intelligence, et leur attachement à la nation comorienne ont un devoir à accomplir dans ces circonstances.

 

Marseille le 26 mars 2019

Le collectif des Comoriens de l’Extérieur

collectif.comoriens.etrangers@gmail.com

Hier à l’hôtel Golden Tulip, les 12 candidats de l’opposition ont organisé une conférence de presse juste après leur rencontre avec la mission d’observation électorale. «  Nous ne reconnaitrons jamais  les résultats quels que soient  le pourcentage fourni » tel est le mot d’ordre de cette rencontre avec la presse.

«Faire tous les moyens nécessaires d’ordre civile pour chasser le colonel Azali, est notre priorité » disent-ils avec fermeté les 12 candidats de l’union de l’opposition,  à travers une conférence de presse qui a eu lieu hier mardi à l’hôtel Golden Tulip. Tous reviennent sur le même but selon lequel  la bataille pour les dernières élections est loin de prendre fin. Pour l’union de l’opposition, les dernières élections n’ont connu aucune fierté. Ils défient le régime en place et leurs partisans que personne d’entre eux n’est ni satisfait, ni certains qu’il est gagnant parce que tout est archifaux «  Nous persistons dans l’intransigeance par respect de notre pays et  nous y irons jusqu’au bout d’une manière ou d’une autre au point de faire disparaitre l’anarchie dans notre pays » lancent les candidats de l’opposition.

Tenant compte du rapport de l’Union Africaine qui ne reconnait pas la fiabilité et la transparence  des élections du 24 mars prochain, les candidats de l’opposition se sente victorieux et épauler par les organisations internationaux pour renverser le coup d’Etat orchestré par le régime du colonel Azali  Assoumani, qui tente de s’éterniser au pouvoir. Parmi les intervenants, le candidat aux présidentielles Ali Mhadji, ce dernier laisse entendre que   « Le Colonel Azali n’a ni le droit de retourner à résidence présidentielle car c’est un gouvernement illicite » dit-il. Selon lui, il s’agit d’un combat pour tous le peuple Comorien  mais pas seulement pour les douze candidats. « Notre pays doit être libre, toutes les instances juridiques doivent travailler librement sans aucune pression de quelconque » concluent les candidats de l’opposition avant la fin  de la conférence.

Nassuf.M.Abdou

Mbéni assiégée par les jeunes

Mbéni assiégée par les jeunes

Un climat de peur se poursuit sur le terrain depuis le dimanche 24 mars dans les trois iles de l’archipel des Comores. Toutes les institutions Etatiques au sein de la ville de Mbeni ont été fermées par les habitants hier mardi. A Mitsamiouli la route est barrée.

Ni entrée ni sorti, tous les issus étaient barrés. Hier mardi, la ville de Mbeni était sous un climat de colère. Les institutions étatiques cadenassées. Un   ras-de bol manifesté par la jeunesse locale contre le régime en place. Pourtant, une minorité de la population du pays est convaincu de l’émergence. Depuis midi la capitale régionale de Hamahamet, Mbeni, décide de mettre en boucle toutes les institutions étatiques qui s’y trouvent. Un correspondant du journal Al-fajr résidant à Mbeni affirme que «  tout est fermé et cadenassé. Les employés ont été chassés de leurs services et sont rentrés chez eux. »

Qui est donc le bouc-émissaire de la situation étrange que traverse  l’Union des Comores ces derniers temps ? Trop vite, ce sont rendues sur place les forces de l’ordre qui n’ont malheureusement pas pu remettre à l’ordre. La jeunesse de Mbeni était déterminée dans la décision. Les institutions ne sont pas les seules à connaitre l’impasse, d’ailleurs personne n’était en mesure de d’entrer ni de sortir  avec un automobile. La ligne goudronnée de M’béni et d’autres villes de la région de Hamahamet a été barricadée. Des pierres jetées en plein rue pour empêcher la circulation.

Pareil à  Mitsamiouli où la nouvelle  route goudronnée prend une nouvelle allure. De la gendarmerie jusqu’au stade de Saïd Mohamed Cheikh, aucune voiture ne pouvait traverser la zone. La population régionale crie et appelle à la force  de l’ordre pour libérer la route de Mitsamiouli vers l’aéroport.

Nassuf.M.Abdou (stagiaire)

Lors d’une une conférence de presse tenue hier mardi  au quartier général d’Aboudou Soefo, un  message fort et menaçant fut lancé par le secrétaire général Said Abdou du parti politique Duja Said Abdou. « Houmedi Msaidié, Maoulana Charif et Belou stoppez votre jeu dangereux » interdit-il.

La tension monte au créneau avant même que les résultats  des derniers scrutins soient rendues publics. Un message  fort et menaçant fut lancé lors d’une conférence de presse tenue hier mardi au QG du candidat au poste du gouverneur Aboudou Soefo. Le secrétaire général  du parti Duja, Saïd Abdou lance la sonnette d’alerte aux jeux dangereux que jouent le Directeur de Cabinet chargé de la défense, Mohamed Youssouf Belou, Maoulana Charif et Houmedi Msaidié. Selon lui ces derniers tentent techniquement de vouer la nation comorienne droit au mûr par des mesures frauduleuses visant à faire écarter  Aboudou Soefo des deux premiers au poste du gouverneur de l’ile de Ngazidja, des scrutins du 24 mars dernier. 

« Msaidié,Maoulana Charifa et Belou stoppez votre jeux dangereux même contre vous, si non  notre denier souffle est prêt à prendre fin pour la bonne cause de notre nation » menace Saïd Abdou, secrétaire général du parti Duja derrière la candidature d’Abdou Soefo. Selon lui, des sources anonymes chuchoteraient aux oreilles de certains proches du candidat, qu’Aboudou Soefo passerait à la tête des candidats au poste du gouverneur du première tour, pour Ngazidja. Mais, les trois autorités citées, tenteraient de disqualifier le fils de Ntsini Mwachongo Aboudou Soefo, ancien ténor du Crc. « Ce qui serait une erreur imminente qui pourrait menacer la stabilité de l’ile » laisse-t-on entendre. Avant même la proclamation des résultats provisoires de la Ceni, les conflits postélectoraux semblent s’inviter très tôt. Wait and see.

Nassuf M. Abdou.

                                 

Conviée à la presse à l’hôtel retaj, la commission des observateurs de la ligue des Etats arabes se dit satisfait du déroulement des scrutins du 24 mars dernier en Union des Comores. Malgré les irrégularités signalées partout dans l’archipel, la mission reste confiante quant à la démocratie.

Arrivé depuis le 20 mars dernier au service de l’observation des élections aux Comores, la Commission de la ligue des Etats arabes se dit confiant de sa mission qu’elle estime « accomplie » et « satisfaite » du déroulement des scrutins qu’elle a observés. C’est ce que l’on retiendra de la sortie médiatique d’hier au Golden Tulip pour cette mission d’observation. Même si, reconnait-elle des irrégularités signalées presque dans l’ensemble du territoire national de l’Union des Comores. Toutefois, une sorte de confusion et un constat entaché se pressentent. Etant donné que ces observateurs se seraient rendus seulement dans 6 centres sur 94 des bureaux  ouverts, et pourtant les  moyens  pour sillonner le pays ont été à leur disposition. Une explication dénuée de toute certitude de leur part au service de l’Union des Comores pour les élections du 24 mars dernier.

 «  La Mission d’observation a constaté qu’en dépit des tensions signalées dans nombreux des bureaux  de vote, des matériaux électoraux  ont été saccagés dans les dites bureaux, et  le scrutin a repris normalement jusqu’à l’heure légale de fermeture » laisse entendre le chef de la commission permanente de la ligue des Etats arabes aux Comores, Salah Miloud Ali Sahboun. Les propos de haut dignitaire de la ligue des Etats arabes semblent être super flou, dans la mesure où, dit-il, certains   matériaux plastiques ont été réduis en pièce et ensuite les processus électorales ont repris en toute forme. A cette occasion, la commission d’observation souhaite pour l’Union des Comores présenter  ses vifs remerciements et fait part de ses profondes reconnaissances, pour la sérénité vers une marche de prospérité inégale pour le pays.

Nassuf.M.Abdou

Le chef de l’État comorien sortant, Azali Assoumani, a été réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec 60,77 % des suffrages, selon des résultats annoncés mardi soir par la Commission électorale (Ceni).

Présidentielle aux Comores : Azali Assoumani sur lavoie royale

Azali Assoumani, au pouvoir depuis 2016, a très largement devancé son principal adversaire, Mahamoudou Ahamada, du parti Juwa, qui a obtenu 14,62 % des voix, a ajouté le président de la Ceni, Djaza Ahmed Mohamed, devant la presse à Moroni.

« Coup d’État militaire »

Interrogé par l’AFP, Mahamoudou Ahamada a immédiatement « rejeté les résultats », dénonçant « un coup d’État militaire à travers une élection présidentielle ».

Il a appelé « la communauté internationale à ne jamais reconnaître la réélection d’Azali ». L’opposition et la société civile comoriennes ont dressé un bilan accablant du scrutin organisé dimanche, dénonçant des bureaux saccagés, des urnes bourrées ou confisquées par la gendarmerie et des assesseurs de l’opposition empêchés de faire leur travail.

Source : Jeunes Afrique

OBSERVATOIRE DES ELECTION COMORES

OBSERVATOIRE DES ELECTION COMORES

Le 24 mars dernier, plus de 300 000 électeurs de l’archipel des Comores, ont été appelés aux urnes pour le premier tour de la présidentielle. 13 candidats dont le chef de l’Etat sortant, Azali Assoumani, sont dans les starting-blocks. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Comoriens et les Comoriennes ne se sont pas bousculés devant les bureaux de vote pour accomplir leur devoir civique. D’abord, de manière générale, les électeurs, désabusés par les acteurs politiques toutes obédiences confondues, ont cessé de croire à la magie du bulletin de vote pour changer leur quotidien. C’est du moins ce que ce jeune homme de 34 ans a laissé entendre en ces termes : « Les politiciens, du pouvoir ou de l’opposition, sont tous des menteurs. Donc, je préfère aller au champ ou me reposer ». Ce ressentiment vis-à-vis de l’ensemble de la classe politique, n’est pas propre à l’archipel des Comores.

Les Comores viennent d’organiser un scrutin sans suspense

En effet, de plus en plus, le phénomène peut être observé dans bien des pays africains. Et cela est préjudiciable à la démocratie. La deuxième raison qui pourrait expliquer le faible taux de participation, est liée au fait que plusieurs personnes s’inquiètent du risque de manipulation des résultats. Et à plusieurs niveaux, ce tripatouillage peut s’opérer, notamment après la journée de dimanche. Et la commission électorale chargée du décompte des voix ou encore la Cour suprême qui proclame les résultats finaux, sont particulièrement pointées du doigt pour leur manque de neutralité. De ce point de vue, un électeur y est allé de sa colère en disant ceci : « Cette journée ne sert à rien car on sait qu’il y aura des magouilles ». Et il ne croit pas si bien dire. En effet, dans la région du Nioumakelé, par exemple, des urnes ont été vues déjà remplies, dès 4h du matin. Et l’on peut accorder du crédit à ces informations puisque les autorités ont mis un point d’honneur à ce que les organisateurs de la société civile ne puissent pas participer à l’observation du scrutin. Et cela est la preuve, parmi tant d’autres, que le président sortant a des choses à cacher. Bref, pour appeler le chat par son nom, l’on peut retenir que les Comores viennent d’organiser un scrutin sans suspense. En effet, Azali Assoumani en sortira largement victorieux. Et les scores de type soviétique sont l’apanage des dictateurs. Et sans euphémisme ni autres formes pour enrober la réalité pour qu’elle irrite moins l’intéressé, il faut avoir le courage de dire que Azali Assoumani en est un. En tout cas, son cheminement politique ne permet pas de dire qu’il est démocrate dans l’âme. En effet, ancien officier, il accède au pouvoir et devient chef de l’Etat lors d’un coup d’Etat. C’était le 30 avril 1999. En 2002, le putschiste troque le treillis contre la veste et se présente à la présidentielle. Avec 75% des voix, il met fin au débat dès le 1er tour. Dans la foulée, il fait modifier la Constitution en son volet qui stipule que le chef de l’Etat doit être issu d’une île différente de celle de son prédécesseur. Pire encore, il tripatouille la loi fondamentale de l’archipel pour s’accrocher à son trône jusqu’en 2029.  Et pour être complet sur les basses œuvres anti-démocratiques de l’homme, les Comores fonctionnent pratiquement sous son magistère, sans opposant d’envergure, pour la simple raison que Azali Assoumani est allergique à toute forme de contradiction.

La France évite de mettre les pieds dans le plat

Avec un tel parcours, on ne peut pas promouvoir la démocratie. C’est pourquoi il ne faut pas s’attendre à ce que cette présidentielle accouche d’une alternance démocratique. De ce point de vue, l’on peut donner raison à tous ceux qui croient que les élections, dans les pays dirigés par les pouvoiristes ou autres dictateurs ou encore dictateurs éclairés, ne servent à rien. L’on peut également faire le constat que les putschistes qui, de manière opportuniste, ont troqué le treillis contre la veste, ont très rarement tiré la démocratie vers le haut. En tout cas, Azali Assoumani n’a pas un profil politique qui veuille qu’on lui donne le bon Dieu sans confession. Mais l’on peut, d’ores et déjà, imaginer quelle serait la réaction de l’Occident et plus particulièrement celle de l’ancienne puissance coloniale, c’est-à-dire la France, au cas où Azali Assoumani se succèdait à lui-même à cause de la fraude. Il n’est pas permis un seul instant d’en douter. La France prendrait acte de sa victoire. En tout cas, elle ne poserait aucun acte susceptible de le fâcher. Car, ce qui intéresse l’Hexagone dans ce pays de l’Océan indien, c’est beaucoup plus sa position géostratégique alléchante que la qualité de sa démocratie. Et puis, il ne faut pas oublier la délicate question de Mayotte, du nom de cette île comorienne que la France a bien voulu annexer. Il ne faut pas non plus oublier que nos « ancêtres les Gaulois » ont pendant longtemps été au cœur de bien des tragédies dans l’archipel et cela, via le tristement célèbre Bob Denard. Tout cela fait qu’aujourd’hui, la France évite de mettre les pieds dans le plat à chaque fois qu’un président comorien tord le cou à la démocratie. Et Azali Assoumani l’a compris au point qu’il ne se fixe aucune limite en matière de dérives.