ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Conviant la presse depuis la capitale de France, Paris, le candidat à la course des élections du 24 mars dernier, Saïd Larifou, regrette d’avoir soutenu temporairement le colonel Azali Assoumani lors des assises nationales et du referendum. Me Larifou soutient la diaspora comorienne en France afin de pousser Azali de plier ses valises.

Said Larifou en conférence de presse (photo d’archive)

« Certes le regret ne revient que si tard », entend-on. A travers une conférence de presse en France la semaine dernière, Saïd Larifou dit avoir regretté de soutenir le président Azali sur les événements politiques de 2018. « C’est une épouvantable erreur qui risque de vouer la nation comorienne au pied du mur », dit-il. Selon lui, son soutien à Azali ne peut être signifié qu’une erreur de jugement de sa part d’avoir pensé d’agir pour le bien de tous. « Le principe des assises est louable, j’ignorai que derrière son dos Azali avait ses principes en cachette », a-t-il souligné.

Conseillé depuis par ses proches de ne pas marcher communément avec le colonel Azali Assoumani, Saïd Larifou reconnait son erreur de jugement d’avoir été berné sa vigilance par la ruse du colonel. « On m’a signifié que le colonel est intentionnellement quelqu’un d’autre, mais, je n’ai pas cru, c’était une erreur de jugement, aujourd’hui tout est confirmé », regrette le chef de file du mouvement politique Ridja.

Loin d’être affaibli, les 12 Candidats de l’opposition courent ensemble auprès des instances internationales pour dénoncer les évènements qui émaillent sur le sol comorien ces derniers temps. « Des rendez-vous ont été pris avec diverses instances internationales au point de de dénoncer les dérives autoritaires, les intimidations et les arrestations arbitraires dont le président du CNT fait partie des victimes », lâche-t-il.

Tenant compte de l’importance capitale de la mobilisation de la diaspora comorienne en France métropolitaine, l’homme Droit se réjouit de voir le peuple demeurant à l’étranger contester la nouvelle politique de règne par l’usage de force et des mesures inconstitutionnelles investies par le régime en place. « Les manifestations qui s’organisent sur le sol français, est un signe fort de revendication du peuple comorien d’origine qui vit à distance pour montrer au monde que leurs esprits restent dans le pays de leurs ancêtres, Comores », conclut Saïd Larifou.

Chaher (depuis France)

L’Union des Comores vit un climat tendu ces derniers temps. Les régions, villes et villages décident de manifester contre le pouvoir après les élections dont des irrégularités ont été constatées. Les régions de Hambuu et Mitsamihuli ont barrées les routes, hier lundi. La circulation des moyens de transports en commun a été difficile.

La tension monte toujours. Les localités et les régions montrent également qu’elles ont les yeux rivés contre le régime en place. Des pierres, des troncs d’arbres ont empêché la circulation dans deux régions de la Grande-Comore. Mais des volontaires ont libérés la circulation. Selon une passagère de Hambuu, « la région s’est réveillée sous des routes barrées, mais, j’ai laissé des gens entrain de libérer les routes. »

De sa part, un jeune de la région de Hambuu a déploré le geste d’empêcher la circulation. « Tout ce qui a été fait hier, est inhumain. On se dit que nous sommes des musulmans alors que nous ne pratiquons pas la région musulmane. Notre religion a interdit de fermer ou barrer une route. Et si par hasard, il y a eu un accident ou on voulait transférer un malade à Moroni, comment allions-nous faire ? Il faut quand même mesurer les actes. Certes, les dernières élections constituent une psychose, mais il y a des moyens à manifester que de barrer les routes », a-t-il expliqué. « Si les routes sont barrées, c’est tout le monde qui en est victime », ajoute-t-il.

Dans le nord de Ngazidja, les routes aussi ont été barrées. Une menace de la sécurité ? La colère des citoyens monte toujours. Après des manifestations la semaine dernière dans certaines localités, cette fois, ils décident de barrer les routes. La semaine s’annonce très mouvementée à la grande-Comore.

KDBA

Au lendemain du double scrutin, le pays s’est transformé en un autre climat délétère. Des arrestations massives, des intimidations… Une situation qui choque l’opinion publique qui, cette dernière, ignore les motifs des arrestations.

Alors que les 12 candidats contestent catégoriquement le déroulement des élections et ses résultats, un Conseil National de Transition est mis en place, à la tête, le Colonel Soilihi Mohamed Campagnard. Ce dernier est en détention à la gendarmerie nationale depuis le 28 mars dernier, date à laquelle, des affrontements militaires ont eu lieu à Kandani. Après sa déclaration en tant qu’un président du Conseil National de Transition, Campagnard est débarqué dans sa résidence par la police d’intervention de la gendarmerie nationale. Dans sa déclaration, Campagnard a laissé entendre que si le gouvernement n’invalide pas les élections avant le 03 avril dernier (ndlr), « le 04 avril n’aurait plus d’activités économiques et professionnelles. »

Quelques jours après son arrestation, des arrestations continuent à se produire. Des militants du mouvement Hury du Dr Achmet, candidat malheureux aux dernières présidentielles, sont interprétés ainsi que d’autres personnes. Personne n’est en mesure de décortiquer les motifs de ces arrestations. C’est à la justice et la gendarmerie nationale, selon des citoyens, de décortiquer. « Nous traversons un climat de terreur. Le gouvernement nous prive le droit de s’exprimer. Depuis quelques temps, le pouvoir incarcère les autorités politiques, les journalistes et les citoyens lambda. La démocratie est baffouée », se plaint un membre de l’opposition. Un avis mal partagé par un proche du pouvoir qui selon lui, « si des personnes sont arrêtées, c’est parce qu’elles ont des questions à répondre à la gendarmerie ou à la justice. »

Le climat politique et social que traverse le pays à savoir les arrestations massives, les censures et confiscations de la presse, inquiète les citoyens. Le camp de l’opposition et le camp du pouvoir, chacun tire les ficelles et ce sont les citoyens lambda qui en sont les victimes. Les deux camps jouent leurs jeux de cache-cache.

La stabilité du pays est menacée depuis l’année 2018. Pourtant, à chaque fois qu’il s’exprime, le chef de l’Etat Azali Assoumani plaide pour la paix et l’unité nationale. Plusieurs personnes se trouvent aux mains de la gendarmerie.

Kamal dine B.A

Les rues deviennent des nouvelles vies politiques. Vendredi dernier, à Ngazidja, des manifestations sont organisées dans certaines villes contre le régime en place. A Ntsudjini, les manifestants dénonçaient le hold-up électoral. Tous les manifestants contestent les élections présidentielles et gubernatoriales.

Le retour des rassemblements à chaque vendredi ? Des nouvelles vies politiques dans les localités à la Grande-Comore. Le camp de l’opposition multiplie les actions afin de contraindre le président nouvellement élu de quitter le pouvoir. Après les manifestations des 12 candidats de l’opposition et des femmes, dispersées par les forces de l’ordre, les localités enchainent les manifestations. « Notre rassemblement est de contester les élections, de solliciter des nouvelles élections libres et transparentes et de chasser Azali au pouvoir pacifiquement et démocratiquement », a expliqué un des manifestants, vendredi dernier.

« Azali, quitte le pouvoir »

Les manifestants appellent au départ des organes électoraux, du chef d’Etat-major et du président de la république en exercice. « S’en tenir à la constitution et confier à l’organisation des élections à des hommes qui incarnent le système déchu est inadmissible. Nous ne laisserons pas notre combat et nous irons jusqu’au bout. Que le gouvernement ait conscience que le peuple en a marre de ses mensonges », renchérit-il.

La mise sur pied d’un conseil national de transition censé réformer le pays est adhéré par nombreux citoyens. « Nous voulons notre liberté », a dit notre interlocuteur. Lors d’une déclaration la semaine dernière, Mouigni Baraka Said Soilihi, vice-président du conseil national de transition, a indiqué que les actions de se libérer contre la « dictature » vont se poursuivre pacifiquement. Des hitma ont eu lieu dans les chefs lieux à Ngazidja. Cette fois, les manifestations.

Mais certains, affirment que le but de l’opposition est de mettre du désordre dans le pays pourtant, « les élections se sont déroulées dans des conditions meilleures malgré les quelques incidents dont les urnes saccagées », dit-il. « En réalité, il y a pas d’opposition aux Comores. Ce sont des gens qui veulent des intérêts personnels et ils manipulent les autres. Certains parmi eux avaient des fonctions dans notre pays, ils n’ont rien fait pour le pays. Au contraire, ils ont rempli leurs poches et aujourd’hui, ils veulent donner des leçons. Mais à qui ? Il sont tous des maudits », explique un citoyen apolitique. « Moi personnellement, je suis d’accord que des membres du gouvernement et des autorités politiques sont corrompus. Le président Azali pendant son mandat de trois ans a causé l’irréparable. Ce régime laisse des morts et des plusieurs blessés, des arrestations arbitraires. Le pays traverse la terreur et la peur. Le gouvernement nous chante à chaque fois que nous sommes un pays démocratique, alors que le gouvernement viole la constitution, les lois et la démocratie », regrette-t-il.

Accusé de faux, usage de faux et forfaiture au sujet de l’enquête sur la citoyenneté économique, l’ancien député de la région de Badjini et membre du parti Juwa est libéré samedi dernier. Mais aussi Dr Chakour, dont son accusation est liée à l’agression du gendarme bénéficie lui aussi, une liberté.

Député Sidi et Dr Chakour

L’ancien député de la région de Badjini et Dr Chakour, tous deux, membres du parti Juwa sont enfin libres. La nouvelle est tombée dans la matinée du samedi dernier. Presque 8 mois depuis que le député de la région de Badjini, membre du parti Juwa et ancien vice-président de l’assemblée nationale est accusé de faux, usage de faux et forfaiture au sujet de l’enquête sur la citoyenneté économique.

Agé de 64 ans, l’état de santé du député de Badjini n’était pas stable. Dans nos éditions précédentes, Djamalidine Soiliha, avocat de Sidi a souligné que des recours ont été exercés devant la chambre d’accusation demandant la libération de son client. Parmi les motifs évoqués, l’âge, la santé et les conditions de détention de son client. Sidi est libéré par la chambre d’accusation.

Autant que cette décision ait tombé dans la matinée, Plusieurs questions tournent autour de cette décision judicaire ayant mis en liberté le député Sidi, pendant que d’autres personnes citées dans cette affaire sont en prison. Quant à Dr Chakour, accusé sur l’affaire d’agression du gendarme le 30 juillet 2018, est libre. Celui-ci a purgé sa peine. Il a été condamné à 12 mois dont 8 mois ferme et 3 mois de prison avec sursis. Mais d’autres détenus sur le même chef d’accusation se trouvent derrière les bagnes. Al-Fajr a essayé de joindre leurs avocats, en vain. Précision dans nos prochaines éditions.

Kamal Saïd Abdou

Comme il a été prevue dans la constitution de l’Union des Comores du 30 juillet 2018, une session ordinaire est ouverte le vendredi dernier. Certains parlementaires remettent en cause l’ouverture de la session au motif qu’une partie des prérogatives de l’assemblée est dévolue au gouvernement.

L’assemblée nationale

L’assemblée nationale a ouvert depuis vendredi la session ordinaire de l’année. Une session prévue par la constitution. Abdou Oussein, président de l’assemblée nationale, précise que la constitution a déjà prévu que « chaque année, il y a deux sessions parlementaires. Le mois d’octobre et le mois d’avril précisément le premier vendredi du mois. » Mais de ce grand rendez-vous parlementaire, les députés n’auront qu’attendre les directives du gouvernement. « Le gouvernement va nous envoyer les lois, mais il n’y aura pas un débat fixe », a-t-il dit.

De l’autre côté, Ibrahim Mohamed Soulé, député de Moroni nord, souligne l’état actuel qui prévaut l’assemblée nationale. Faisant référence de la constitution nouvellement mise en œuvre, le député de Moroni nord « le gouvernement nous a pris tous » déplore-t-il. Mais dit-il, c’est à la session parlementaire que les vraies questions doivent être posées « mais je ne crois pas que ça sera le cas dans la mesure ou le président de l’assemblée est de leur côté », a-t-il insisté.

 S’appuyant sur les derniers évènements à l’assemblée nationale, Ibrahim Mohamed Soulé a souligné entre autres, le cas de la loi d’habilitation sur les conditions d’éligibilité du président de la république où le chef de l’état l’a décrété par ordonnance et le projet de loi relative à l’amnistie aux prisonniers politiques. « La nouvelle constitution de 2018 a fait que lorsqu’il y aura une proposition de loi, celle-ci doit être approuvée en conseil des ministres avant qu’elle soit transmise aux parlementaires », se plaint-il. La loi des finances de cette année est mise en exécution sans l’accord des parlementaires, les députés crient. Bien que la constitution ait prévu la session ordinaire au mois d’avril, mais le parlementaire issu du parti Juwa s’interroge sur la tenue de la session « comment tenir une session et pourtant nous n’avons pas travailler sur la loi des finances de cette année ? »

Kamal Saïd Abdou

Dans un contexte tendu entre l’opposition et le pouvoir en place suite aux élections du 24 mars dernier, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, président intérimaire du CNT a rejeté la tenue des élections aux Comores. Pour le président du Cnt « « Il n’y a pas eu d’élection, c’est un coup d’État. » 

Mouigni Baraka Said Soilihi

Des candidats aux élections présidentielles continuent à contester les résultats du scrutin du 24 mars dernier. Nombreux réclament la tenue des autres élections démocratiques, transparentes et crédibles. Urnes saccagés, bourrage et autres irrégularités constatées, selon le rapport préliminaire des observateurs internationaux. Un scrutin entaché. Mouigni Baraka Saïd Soilihi, un des candidats aux élections du 24 mars dernier rejette l’hypothèse des élections. Pour lui, il s’agit « d’un coup d’état. » L’opposition ne compte pas se branler les couilles, elle tente des actions afin de mettre fin la règne du colonel Azali Assoumani. Pour que cette démarche soit une réalité, Mouigni Baraka Saïd Soilihi a souligné que « d’abord, il faut que l’opposition s’organise. Et cela n’a pas été facile parce que, c’est douze candidats des partis politiques différents et d’ailleurs la plupart aussi, ce sont des candidats indépendants. Et c’est pour cela que nous avons créé le CNT ».

« Les résultats de la Cour suprême n’engagent pas les Comoriens »

 Pour Mouigni Baraka Saïd Soilihi, la victoire est de son côté, la création d’un conseil national de transition n’est pas en vain. Certes, le président Azali tient le monopole, mais le Cnt reste optimiste quant à la solidarité de ses membres et le soutien manifesté par la population, dixit-il. Qualifiant Azali comme un « dictateur », Mouigni Baraka estime que « nous pensons toujours que nous pourrons gagner, quelle que soit l’armada qu’il a. Il n’est pas le seul dictateur qui a cette armada. Mais après tout, ils sont tous tombés. » Bien que la cour donne faveur au candidat Azali Assoumani, avec un pourcentage de 59, O7%, le président intérimaire n’a pas mis de gants pour dévoiler le plan engagé. Vis-à-vis d’une telle victoire, Mouigni Baraka Saïd Soilihi se dit confiant du combat du CNT. Selon lui « Les résultats de la Cour suprême n’engagent pas les Comoriens. Nous comptons continuer le combat pour aller vers l’annulation de ces élections ».

Dans son mot d’ordre, le Cnt exige quelques reformes pour un véritable état de droit et le respect de la démocratie. A en croire le président du CNT, ceci demande « D’abord l’annulation des élections. Ensuite, la mise en place d’un gouvernement de transition et cette structure va bien sûr aller vers l’organisation d’autres élections, avec d’autres organes qui ne seraient pas la Céni qui ne seraient pas la Cour suprême d’Azali. »

La crise post-électorale déchire le pays, le Cnt se dit prêt à dialoguer pour l’intérêt de la nation. Pour un dialogue franc, le président intérimaire du Cnt Mouigni Baraka, a exprimé la disponibilité du Cnt sous des conditions « Nous sommes prêts à dialoguer, mais ce dialogue doit être bien sûr patronné par l’Union africaine. Mais je pense que c’est au cours de ce dialogue que tout sera décidé », précise-t-il. Le président Azali Assoumani tend la main au côté des adversaires politiques pour reconstruire le pays, de l’autre côté des arrestations, intimidations et musellement de la liberté de presse se poursuivent. Mais l’opposition se solidarise et fustige le gouvernement dans leurs agissements. « Mais les arrestations, ce n’est pas ça qui nous fait peur », a-t-il rassuré.

« Le sang, c’est Azali qui le fait… »

Dire que l’objectif de l’opposition est de faire du sang n’est plus dans leur perspective, « Et dire que la manifestation, c’est du bain de sang, le sang c’est Azali qui le fait parce que c’est lui qui a des armes » insiste-il. Un pouvoir affaiblit, mais qui fait semblant de continuer le combat. Le Cnt se mobilise et fait front contre le pouvoir d’Azali Assoumani. De cela, Mouigni Baraka affirme entre autres que « la réalité ici, c’est le pouvoir qui est faible. Mais la réalité du pouvoir, c’est dans la capitale. Donc, lorsqu’il y a soulèvement dans toutes ces régions, lorsque ces gens-là se sentiront tous concernés, le pouvoir ne résistera pas. Le pouvoir est dans l’impossibilité aujourd’hui de quadriller tous les villages. »

« Une seule vision, un seul combat, aucune division à l’intérieur du Cnt »

Autant qu’un seul candidat n’a pas signé la charte, déclare Mouigni Baraka ne signifie pas une division de notre part. « Ce n’est pas une division, chacun a sa manière de réfléchir. C’est plutôt l’échange, tout ce qui se décide, c’est que nous sommes tous d’accord. La charte vient d’être signée. Pour le moment, sur les douze candidats, il n’y a qu’un seul candidat qui n’a pas signé. Le plus important, c’est que chacun doit écouter l’autre ». Le gouvernement attaque aux membres du Cnt, mais la pression menée par le régime du colonel Azali aux yeux de Mouigni Baraka est insensé. « L’État fait tout pour étouffer le CNT. Donc ce n’est pas du retard, c’est la pression du groupe Azali, c’est insensé » a-t-il conclu. 

Kamal Said Abdou

Le 21 avril prochain, les élections du second tour auront lieu. A Ngazidja, le match oppose Mhoudine Sitti Farouata et Aboudou Soefo. A travers une conférence de presse tenue vendredi dernier, le député Mohamed Abdoulatuf insiste que l’île de Ngazidja demande un dirigeant capable de relever les défis des wangazidja et des comoriens en général.

Mohamed Abdoulatuf devant la presse

Les wangazidja ont répondu massivement aux urnes le 24 mars dernier. Bientôt, le second tour et député Mohamed Abdoulatuf appelle les grand-comoriens à voter en faveur d’Aboudou Soefo, un candidat, dit-il, qui reconnait les doléances du peuple. « Nous avons cru que notre candidat Aboudou Soefo sera élu dès le premier tour. Contrairement aux rumeurs, je vous confirme qu’Aboudou Soefo ne retire pas sa candidature. Il n’est pas le temps qu’Aboudou Soefo retire sa candidature car il est le seul candidat qui répondra les défis des grands comoriens », déclare-t-il.

Selon lui, la candidate n’est pas en mesure de répondre aux besoins des wangazidja. « Nous demandons un dirigeant expérimenté et Sitti Farouata n’a pas l’expérience. Le gouverneur d’aujourd’hui connait des lourdes tâches et Farouata n’est pas en mesure de les répondre. Je pense que Farouata est trompée par ses siens », indique le député Mohamed Abdoulatuf, du parti Radhi. Et lui de se plaindre, « ce qui m’inquiète de plus, la candidate n’arrive pas à lire un discours en shikomori. Les grands comoriens veulent un enfant de la grande-Comore qui sait lire le shikomori.

« Tous les politiques et administrateurs ne sont pas tranquilles car, certains parmi eux, attendent des arrestations, des licenciements », dit-il. Si dans des pays étrangers, des femmes dirigent leurs pays, c’est parce que leurs traditions ne les excluent pas. Mais aux Comores, on ne peut pas être gouverné par une femme, précise le conférencier. Le député appelle aux Ulémas de dénoncer cette candidature. « Le parti FNJ, un parti politique soutenant la politique du chef de l’Etat Azali Assoumani se solidarisait de la candidature de Mme Sitti Farouata car ils sont convaincus que cette candidature est hors normes », a rappelé le député.

KDBA

La chambre administrative de la cour suprême s’est pliée le mardi dernier. Selon elle, Azali Assoumani est réélu président de l’Union des Comores avec 59,05%. La déclaration de la cour suprême n’était pas étrange aux yeux des comoriens. Azali est réélu président de sa propre succession.

Un pari réussi ? Alors que les élections du 24 mars dernier sont contestées par nombreuses formations politiques et des personnalités politiques, la chambre administrative de la cour suprême a publié les résultats définitifs. Et c’est Azali Assoumani qui est sorti vainqueur. 83078 voix exprimées en faveur d’Azali selon la cour suprême, soit, 59,05%. Une victoire savourée par ses proches et sympathisants avant les résultats définitifs. Il est élu dès le premier tour avec son gouverneur à Anjouan, Anissi Chamsidine 61,28%. Ses gouverneurs à Ngazidja et à Mwali passent au second tour.

Derrière Azali Assoumani, il y a le candidat de Juwa, Ahamada Mahamoudou 15,71%. Ce dernier était le vrai challenger d’Azali. Les opposants du régime en place ne cessent de manifester leur mécontentement, de dénoncer les irrégularités électorales. Des irrégularités, qui, selon eux, « ont poussé la Ceni et la cour suprême à se déclarer en faveur du président Azali. »

A retenir que la situation post-électorale du pays ternie l’image de l’archipel. Avant, pendant et après les élections, les comoriens vivent un climat de peur, d’intimidation : arrestations arbitraires, insurrection, affrontements militaires, musellement de la presse. Les autorités au lieu de réfléchir du devenir du pays, elles s’occupent des festins.

KDBA

Les résultats définitifs des présidentielles et des gubernatoriales sont proclamés par la Cour suprême statuant en matière électorale. A Ngazidja et à Mwali, les électeurs sont attendus à nouveau aux urnes le 21 avril prochain pour le scrutin du second tour comme l’a précisé le décret portant convocation du collège électoral.

Le scrutin du second tour passionne-t-il les comoriens surtout les mohéliens et grand-comoriens ? Une seule certitude : au lendemain de l’élection présidentielle et des gouverneurs qui se déroulait le dimanche 24 mars dernier, c’est bien un mouvement riche et puissant qui lutte toujours contre les résultats et qui dénonce un coup d’état électoral, un hold-up électoral, une mascarade électorale. Un mouvement aux commandes d’un conseil national de transition veillant à la paix, la stabilité, la sécurité post-électorale.

Alors que plus de la moitié des électeurs s’opposent au régime en place et que  4 candidats sont en lice, le vrai match se joue à Ngazidja (Mhoudine Sitti Farouata contre Aboudou Soefo) et à Mwali (Said Baco Attoumane contre Mohamed Said Fazul). Des mascarades électorales, des saccages d’urnes, des bourrages d’urnes entre autres sont dénoncés par la quasi-totalité des comoriens. Les candidats de l’opposition, des femmes de différentes associations ont descendu dans les rues mais, tous, ont été dispersés par les forces de l’ordre.

Dans ces conditions, le scrutin ne semble guère passionner l’ensemble des électeurs des deux îles, pourtant confronté à des défis immenses. A commencer par les arrestations « arbitraires », le non-respect de la liberté d’expression, le hold-up électoral, la fusillade militaire à Kandani laissant derrière elle des morts et des blessés. Dans cet archipel moins peuplé, la richesse la plus indécente côtoie une misère terrible. D’où, la paix s’en va.

Les Comores, un des pays riches en matière de paix et de sécurité, détiennent désormais le triste extrême d’insécurité et d’instabilité. Une misère absolue qui touche l’ensemble du territoire national. A Mohéli, déversement des clous sur le tarmac de l’aéroport, à Anjouan, insurrection dans la médina, à Grande-Comores, coup d’état déjoué, affrontements militaires…

La réélection du président Azali Assoumani renforce pour certains le climat de terreur et de peur.  Lors de son élection en 2016, Azali avait promis de relancer une politique devant construire le pays et de lutter contre les actions qui gangrènent toutes les structures du pays. Certes, l’ancien militaire, a eu la chance de faire son mieux pendant deux ans et demi, mais la montée brutale des taxes douanières, le licenciement des jeunes et autres actions, font de lui, le président mal aimé de tout un peuple.

Très vite, le chômage atteint des records, touchant officiellement plus de 40 % de la population, et l’inflation se maintient contraignant à la survie une masse croissante de jeunes comoriens. Malgré une forte reprise depuis son arrivée au pouvoir, les réformes ont été trop lentes et les mesures de lutte contre la corruption ont déçu. En s’attaquant en priorité à ses adversaires politiques, le président a donné l’impression d’utiliser l’arsenal judiciaire pour juger les politiques, « sans traiter le fond. »

 Azali peut-il faire mieux ? En tout cas, il se recompose en permanence autour d’alliances. Les Comores ont connu le théâtre d’un duel électoral. Cette fois-ci, l’élection se joue entre 4 candidats issus du pouvoir et de l’opposition. Mais le second tour impressionne moins d’électeurs comoriens, dit-on.

Kamal dine Bacar Ali