ALFAJR QUOTIDIEN – Journal d'information quotidien comorien

Placé en détention provisoire depuis plus de 4 ans, l’ex-président des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi s’est présenté devant la cour de sûreté de l’Etat pour son jugement. Un procès tant attendu par tout le monde. Mais, suite aux observations des avocats de Sambi et la déclaration de l’accusé, les pro-Sambi dénoncent une justice « inégalitaire ».

Mobilisés devant le palais de justice de Moroni où s’est ouvert le procès de Sambi sur le programme de la citoyenneté économique, les sambistes ont manifesté leur ras-le-bol. Ils ont tous scandé, les poings levés, « libérez Sambi, libérez Sambi ». Tous craignent une justice illégale et ont dénoncé une justice au rabais. Les débats des avocats de Sambi et la petite déclaration de Sambi ont fait pâtir les sambistes avant d’applaudir l’ancien président. « J’ai aimé son discours cohérent avec des mots pesés malgré que j’avais les larmes aux yeux », a exprimé le jeune Djaffar Ali Said, devant le palais de justice de Moroni. Une déclaration qui fait du tollé à l’opinion publique.

« Il est clair que c’est un dossier politique et non juridique. Les juges de la cour de sûreté ne sont pas légaux et ne se conforment pas à la loi. D’ailleurs, cette cour a été annulée par les députés, et Azali n’a pas du tout respecté les processus juridiques qui les assiègent. C’est de l’anarchie et de la turpitude. Alors, le président Sambi a pleinement, le droit de refuser de ne pas être jugé par une cour qui ne se conforme pas à la règle et aux normes logiques. Et les juges ont été humiliés par l’avocat belge et les autres avocats de Sambi », a indiqué Ahamada Mfoungouliyé.

Le désordre juridique

Le jugement de l’ancien président Sambi reflète « d’un pur désordre juridique de la part du gouvernement et des juges manipulés par les autorités gouvernementales », selon un citoyen. Car, selon lui, « séquestrer un ancien président pendant 4 ans, démontre la pure oligarchie, masquée par la haine et de la rancune ». Donc, Sambi et ses avocats ont le droit se replier et de se méfier de la justice comorienne. « Sambi a été séquestré par le gouvernement et ses alliés durant 4 ans dans son domicile sans jugement. C’est un dossier purement politique qui ne se conforme pas à la constitution ni au texte juridique. Cependant, assiéger une cour  de sûreté qui ne se conforme pas à la loi est une pure erreur juridique. C’est une succession d’erreurs dès le début de l’appréhension de Sambi en 2018 jusqu’à nos jours. Si j’étais à la place de Sambi, je ne retournerai plus à l’audience pour le deuxième jour du procès (Ndlr, aujourd’hui) », a-t-il critiqué.

Par contre, Ismael Moussa, présent à l’audience, critique l’ancien président Sambi puisque Sambi aurait régularisé et structuré le fonctionnement de la justice lors de sa mandature de 2006 à 2011. Et selon lui, cette démarche empêcherait le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. « Certes, Sambi est victime de cette manigance et de la machination des gouvernants et des juges, mais, lors de sa mandature, il avait la possibilité de réglementer  l’appareil judiciaire en optant des meilleurs juges et donnant à la justice son indépendance totale. D’ailleurs, ceux qui le jugent aujourd’hui, notamment le juge Omar et ses consorts, ont été presque les mêmes visages à l’époque de sa présidence. C’est du tour en tour. Donc, Sambi doit assumer toutes ces conséquences », a-t-il souligné. 

Abdoulandhum Ahamada

Présent hier matin pour son procès sur l’affaire de la citoyenneté économique jugé par la cour de sûreté de l’Etat, un des accusés, l’ex-président Sambi, inculpé pour haute trahison n’est pas jugé. Convaincu que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas constructifs avec « une cour de sûreté incompétente », Sambi déclare que « je ne suis pas prêt à être jugé par une justice illégale et des juges illégitimes. » 

Hier matin, le procès de la longue attente est ouvert sous haute surveillance. Il s’agit du procès sur la vente des passeports comoriens à des étrangers. Les anciens vice-présidents, Nourdine Bourhani et Mohamed Ali Soilihi, l’ancien ministre Mohamed Bacar Dossar et l’ancien président Sambi sont tous concernés de ce procès. L’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est accusé de « haute trahison » après avoir été inculpé de « détournement de deniers publics, corruption et faux et usage de faux. Les anciens vice-présidents ainsi que l’ancien ministre sont inculpés pour « corruption, faux et usage de faux et détournement de fonds publics ». Ils sont jugés par la cour de sûreté de l’Etat. Une haute juridiction dénoncée par les avocats de la défense.

Sambi en colère

Tout ne s’est pas passé comme on l’aurait souhaité. L’accusé Sambi s’est retiré de l’audience parce que les observations de ses avocats ont été vidées par la cour de sûreté de l’Etat. Après concertation avec ses avocats, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi s’est autorisé à une déclaration. Il a haussé le ton et s’est emporté dans une colère saine. « J’ai suivi les débats de mes avocats et ont fait des observations que vous venez de les rejeter. J’ai entendu dire que les assesseurs de la cour ne sont pas nommés légalement et le président et illégitime. Je vous demande de me prouver les documents montrant que j’ai détourné des fonds publics et/ou j’ai reçu des pots de vin. Tout le peuple comorien m’écoute. Et si vous ne me donnez pas la parole, peut-être vous ne m’écouterez jamais », a souligné l’ex-président Sambi.

L’accusé pour haute trahison, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, a déclaré que « je ne suis pas prêt à être jugé par une justice illégale et des juges illégitimes ». L’ex-président vit un enfer depuis plus de quatre ans. Et son procès est l’un des procès les plus attendus et les plus marquants de l’histoire. Toutefois, Sambi refuse d’être jugé par une cour « illégale ». Rappelons que Sambi avait déclaré que : « je ne suis pas peur de la justice, j’ai peur de l’injustice. »

Les avocats de Sambi « non désirés » ?

Sur ce, les avocats de Sambi solidaires, se sont également retirés car leur client a refusé d’être jugé « illégalement. » « Nous sommes là pour défendre notre client. Et s’il quitte la salle d’audience, logiquement, nous ne pouvons pas rester », a soutenu Me Mahamoudou. Pour un des avocats de Sambi, « monsieur le président, on est venu ici pour assister à un procès indépendant dans le respect du droit de la défense. Il vous a été soulevé des exceptions ce matin, oui, pardonnez-moi, vous êtes en droit de le faire, mais ça n’empêche ; je peux vous répondre que je n’ai jamais vu un président de Cour d’appel de chambre d’accusation statuer uniquement sur la liberté sans examiner les faits. A chaque début d’audience, il y a un examen des faits. J’estime que nous sommes non désirés dans cette affaire. Nous nous estimons que le conseil n’est pas équitable. Il n’y a pas d’indépendance, donc nous sommes obligés de nous retirer », a-t-il également soutenu.

Rappelons que l’ancien président a été mis en résidence surveillée depuis le mois d’avril 2018 par une note signée par le secrétaire général du ministère de l’intérieur avant d’être mis en détention provisoire dans sa résidence considérée comme annexe de la prison de Moroni. Il faudra rappeler aussi que l’accord initial portait sur 4000 familles pour un montant de 200 millions de dollars d’investissements. L’enquête parlementaire remise au président de la République (mise en cause par certains parlementaires) mentionne 48 000 passeports dont 971 millions de dollars de recettes ne sont jamais versés dans les caisses de l’Etat.

Le procès renvoyé

Après plusieurs observations de la défense vidées, la cour de sûreté de l’Etat a décidé de renvoyer le procès jusqu’à ce mardi matin. Sachant que les avocats de la défense pointent du doigt cette haute juridiction et dénonce « une cour incompétente. » Bien que la partie civile a demandé de maintenir le procès pour que la vérité soit connue. 

Nassuf. M. Abdou

Le procès sur l’affaire de la citoyenneté économique a lieu aujourd’hui au tribunal de Moroni. Plusieurs autorités dont l’ex-président des Comores, Sambi sont concernées par ce procès. Et ça sera peut être l’un des plus grands procès de l’histoire des Comores. Sambi sera jugé par la cour de sûreté de l’Etat pour « haute trahison. »

La longue attente. Détenu depuis plus de quatre ans pour une affaire de « détournement de deniers publics, corruption, faux et usage de faux », dans l’affaire de la citoyenneté économique, l’homme politique et ex-président, Ahmed Abdallah Sambi sera jugé pour « haute trahison. » Une accusation critiquée par les proches de Sambi tout en dénonçant un acharnement contre l’ancien raïs. Un impressionnant dispositif de sécurité sera mis en place au tribunal de Moroni afin d’éviter les débordements.

Alors que la loi n’a pas défini la haute trahison, ni fixé les peines, ni prévu la procédure, il convient, selon l’ordonnance de renvoi, de se faire une construction juridique de cette notion de haute trahison. « Ce renvoi devant la cour de sûreté de l’Etat constitue le summum de l’illégalité et de la violation des règles de la procédure ainsi que des droits de la défense », se plaint Me Mahamoudou, avocat de Sambi. Quant à Tislame Sambi, « on nous parle aujourd’hui de haute trahison, un crime qui viendra justifier une peine plus lourde devant la cour de sûreté de l’Etat dont les décisions ne sont pas susceptibles de recours », a-t-elle dénoncé.

Pour rappel, Sambi avait été placé en résidence surveillée en 2018 pour troubles à l’ordre public puis placé en détention provisoire dans l’affaire de la citoyenneté économique trois mois plus tard. Et ce lundi, s’ouvre le procès de l’affaire de la vente des passeports comoriens.

Nassuf. M. Abdou

Un jeune étudiant comorien au nom de Aboubacar Dainane est jugé devant le tribunal de première instance de Guinée (Conakry) le lundi 14 novembre 2022. Le jeune étudiant risque 15 ans d’emprisonnement selon le média guinéen Guineematin. Le verdict est attendu le 28 novembre prochain.

Placé en détention provisoire depuis 2020 après avoir été accusé de viol sur une fillette de 8 ans, Aboubacar Dainane risque une peine de 15 ans d’emprisonnement. Aboubacar Dainane est d’origine comorienne de l’île d’Anjouan (Lingoni). Et selon un étudiant comorien à Conakry, « notre frère est conduit en erreur. Puisque quand la famille de la fillette l’accusait d’avoir violé leur fille, il est conseillé de porter plainte par quelqu’un se trouvant aux Comores. Par conséquent, il a été arrêté et placé sous mandat de dépôt depuis le premier trimestre de 2020. Apparemment des enfants de cette famille jetaient des pierres sur sa maison, il a parlé à leurs parents. Et ils l’ont accusé de viol sur leur fille », a expliqué notre source.

Selon Guineematin, « Aboubacar Dainane, imam dans son quartier à Sonfonia, est accusé d’avoir violé la fillette dans sa chambre alors que celle-ci y était allée pour regarder la télé. Il aurait reconnu à l’enquête préliminaire s’être servi de ses doigts pour atteindre les parties intimes de la fillette. »  Et le procureur d’indiquer que « l’accusé invitait la petite fille à regarder la télé chez lui. Il en a profité pour abuser d’elle, il la mettait sur ses genoux pour la doigter. Et pour l’amadouer, il lui a donné des billets de 2000 GNF, mais devant vous ici, il dit avoir reconnu parce qu’un policier le lui avait conseillé. Et le rapport-médico-légal confirme que la fillette a été touchée. Les agissements de l’accusé sont constitutifs des faits de viol. »

Quant à l’avocat de l’accusé, il a demandé des preuves concrètes pour que les faits soient constitutifs. Puisque, « défend-il, quand les femmes veulent nous créer des problèmes, elles réussissent toujours. Mon client est innocent ». Le verdict est attendu le 28 novembre prochain.

Nassuf. M. Abdou

 

 

Un dossier purement « politique », selon son avocat Me Mahamoudou. Placé en détention provisoire depuis plus de quatre ans dans l’affaire de la citoyenneté économique, l’ex-président Sambi sera jugé devant la cour de sûreté de l’Etat pour « haute trahison ».

4 ans de détention sans jugement, la famille de Sambi ne cesse de dénoncer une détention arbitraire. Dans un communiqué publié par la fille de Sambi, on ne peut lire « aucune compétence pour juger le dossier de la citoyenneté économique et encore moins juger un ancien président de la République pour haute trahison. » Et le communiqué d’ajouter : « nous étions les premiers à réclamer un procès pour rétablir l’innocence de notre père. Cependant, notre père n’a jamais bénéficié d’une telle justice. L’incompétence de la cour de sûreté de l’Etat, conjuguée à l’absence des preuves démontrent clairement un acharnement judiciaire et politique contre notre père. »

Contacté par Al-fajr depuis la France, Me Mahamoudou, avocat de l’ancien président, a préféré ne pas répondre à nos questions. Toutefois, le mystère demeure sur ce dossier dit « citoyenneté économique » auquel plusieurs personnes citées sont blanches comme neige. Or, pour la nécessité de l’enquête est de garantir l’impartialité et assurer le principe d’un jugement contradictoire, ces personnes doivent  aussi comparaître devant cette haute juridiction du pays afin de donner beaucoup plus d’éclaircissements.

En mémoire, l’ancien président Sambi a été accusé de « faux et usage de faux, détournement des deniers publics, forfaiture et corruption » sur l’affaire de la vente des passeports à des apatrides des pays du Golfe. Il faudra rappeler aussi que l’accord initial portait sur 4000 familles pour un montant de 200 millions de dollars d’investissements. L’enquête parlementaire remise au président de la République (mise en cause par certains parlementaires) mentionne 48 000 passeports dont 971 millions de dollars de recettes ne sont jamais versés dans les caisses de l’Etat. 

Kamal Said Abdou

 

 

Alors que neuf personnes ont été placées en détention provisoire depuis le 05 janvier 2022 et jugées le 29 septembre 2022, dans l’affaire des lingots d’or, le verdict est tombé : Yasser Ali Assoumani, Harifadja Abodo Nourdine Fardy, Aynou, Nadhuf, Elhad sont condamnés à 7 ans de prison ferme avec une amende de 1 million de francs comoriens pendant que d’autres contrebandiers sont condamnés à 5 ans de prison et deux relaxées (Abdoulmadjid et Mohamed Moussa).

Après presque dix mois de détention provisoire, la justice comorienne a rendu son verdict sur les neuf personnes arrêtées depuis janvier dernier. Yasser Ali Assoumani, Harifadja Abodo Nourdine Fardy, Aynou, Nadhuf, Elhad sont condamnés à 7 ans de prison ferme avec une amende de 1 million de francs comoriens. D’autres personnes sont condamnées à cinq ans de prison et deux autres relaxées, à savoir Abdoulmadjid et Mohamed Moussa par la justice. Pour l’avocat de Aynou et Kamardine, « ce sont des décisions très lourdes contre mes clients. » « Aynou est condamné à 7 ans ferme avec amende et Kamardine est condamné à 5 ans. J’estime que des décisions ont été importantes à prendre que celles-ci », estime l’avocat. Interjeter un appel ou non, l’avocat se réserve d’en parler avec ses clients.  

Pour rappel, 49 kg d’or évalué de plus de 1,241 milliards de francs comoriens ont été saisis à l’aéroport de Moroni fin décembre 2021. Ces objets sont fondus sous forme de lingots d’or venant de Madagascar et les trafiquants avec des agents de l’aéroport ont voulu faire passer ces lingots d’or et être vendus à l’étranger. Trois personnes dont deux de nationalité malgache (extradées) sont les acteurs. Ils sont accusés « des faits graves de corruption active, abus de fonction, complicité intéressée à la fraude contrebande, participation à un groupe criminel organisé dans l’affaire de trafic illicite d’or. »

Abdoulandhum Ahamada

Encore un rebondissement sur l’affaire de l’ancien président Sambi, détenu dans le cadre de l’affaire de la citoyenneté économique. Selon les informations en coulisses, les visites de l’ancien président Sambi seraient suspendues. Contacté hier par Al-fajr, Me Mahamoudou, avocat de l’ancien président a confirmé cette information bien qu’il ne l’ait pas reçu officiellement.

La mesure concerne tout le monde même son avocat serait privé de visite à son client. « Oui c’est vrai selon une information que j’ai reçue de la force présente à Voidju », affirme Me Mahamoudou. L’avocat affirme n’avoir reçu un courrier de la part du juge saisi du dossier et il ignore où provient cette décision. N’ayant pas connaissance de la nature de cette décision, Me Mahamoudou n’a pas fait commentaire.

Pour rappel, l’ancien président Sambi est inculpé depuis 2018 pour « détournement de deniers publics, faux et usage de faux et forfaiture » dans l’affaire dite de la citoyenneté économique. Une affaire qui consistait à vendre des passeports comoriens à des bédouins du Golf. 4 ans depuis, l’ancien président Sambi n’est pas jugé. Aucune date pour la tenue de l’audience n’est fixée. Encore faut-il rappelé que le montant du fonds qui serait détourné n’est pas connu.

Ce qui laisse croire que le dossier de l’ancien président est vide. Si non avance Tislam, la fille de l’ancien président, le code de procédure pénal indique clairement que la détention provisoire d’un citoyen ne peut être que de 8 mois. « La justice n’a que faire du droit en ce qui concerne Sambi. Elle agit comme une mafia qui a pris un homme en otage sous couvert d’une procédure judiciaire », regrette-t-elle. De son côté, l’avocat de l’ancien président Sambi, ne cesse de qualifier la détention de son client comme une « séquestration. »

Kamal Saïd Abdou

Le procès pénal était depuis toujours notre objectif principal, a déclaré hier devant la presse, Saïd Attoumani, président de l’association des familles des victimes du crash qui a déploré les manœuvres orchestrées par la compagnie et la complicité de l’Etat comorien pour étouffer l’affaire. Mais le cas des 68 passagers de nationalité comorienne reste perplexe.

Ce n’était pas un combat facile parce qu’il n’y avait pas d’armes égales. « C’était une association contre des Etats. On était en face d’une compagnie aérienne appartenant à deux États, l’Arabie Saoudite et le Yémen, l’Etat comorien propriétaire de l’aéroport, la France, pays d’adoption et les Etats Unis, qui ont loué l’appareil », a expliqué le président de l’association des familles des victimes.  À l’entendre, 13 ans de combats marqués par des souffrances et des difficultés. Selon lui, l’association s’est battue pour avoir le rapport technique depuis 2013 et qu’elle a eu 3 ans après. « La compagnie ne voulait pas que ce rapport soit publié. Et pourtant, ce rapport n’a rien à avoir avec la judiciaire. C’est un rapport permettant de connaître de façon sommaire les causes », rappelle-t-il. Les Comores ont joué un rôle quasiment important pour  freiner l’obtention de ce rapport, selon lui.

La complicité de l’Etat comorien pour étouffer l’affaire

«  Alors arrivé à ce stade, je ne peux pas énumérer tout ce qu’on a eu comme gain de cause mais le bilan est positif », s’est réjouit-il.  Si l’on en croit Saïd Attoumani, l’obtention du rapport technique ne doit poser aucun problème. « Mais nous étions en face d’une compagnie complètement inhumaine, criminelle et voyoute qui n’entendait pas  les douleurs des familles. À chaque État, il fallait se battre », indique Saïd Attoumani  qui regrettera  par la suite la collaboration de l’Etat comorien avec la compagnie  aérienne Yéménite pour étouffer l’affaire. «  Depuis le premier jour la plupart de nos adversaires, notamment la compagnie Yemenia ou même ses complices ne voulaient pas que cette affaire existe parce que ça leur aurait arrangé. Je pense que le fait de se regrouper ensemble pour créer une association  a fait en sorte que l’affaire Yemenia existe aujourd’hui. Je crois qu’on devrait tous être fiers», précise-t-il. Le procès a duré 4 semaines durant lesquelles, les familles ont été appelées à témoigner à la barre.

Qu’en est-on des 68 passagers de nationalité comorienne ?

Pour l’association, il s’agit d’un moment très fort car il a permis aux familles d’exprimer la douleur et les peines durant 13 ans de combat. Une peine pénale a été requise contre la compagnie et le délibéré est attendu le 14 septembre prochain. Le sort des 68 comoriens de nationalité comorienne est dans l’incertitude. Le procès n’a concerné que les comoriens de nationalité française. L’ouverture d’un procès pénal aux Comores au lendemain du crash fut un véritable fiasco.  « Ce point de 73 victimes de nationalité française concernées par le procès nous a déchiré parce que c’est un accident. Toutes nos familles ont la même douleur et la même peine. Alors comment peut-on organiser un procès qui ne concerne qu’une partie des victimes, c’est qui ne tient pas la route moralement. En tout cas, un procès pénal a été ouvert aux Comores en 2009. Cette procédure est apparemment en cours et elle doit être suspendue en un moment donné. Je ne sais pas où en est», se plaint-il. La possibilité de réouverture du procès aux Comores est peu probable dans la mesure où la loi comorienne mentionne qu’après trois ans, si aucun acte de juge n’est posé dans cette affaire alors la procédure est éteinte. Ce qui laisse entendre que les 68 comoriens victimes du crash du 29 juin 2009 sont des « cobayes ».

Kamal Saïd Abdou

L’affaire est certainement bouclée à la brigade de recherches de la gendarmerie, 4 jours après les faits. Le coupable est un jeune de 18 ans à peine. Après une première déclaration, le procureur de la République, ce samedi, revient à nouveau annoncer que le présumé coupable a avoué.

C’est un multirécidiviste et un connu dans sa région, dit-on de lui, qu’il est « dérangé ». Ce dernier avoue son crime et son mode opératoire. Le crime est-il prémédité ? C’est la question que se posent plusieurs centaines de personnes aux Comores et à l’étranger.
Pour ces hommes en uniforme, il fallait avoir toutes les versions, les témoignages et voir si tout cela est crédible ou tient la route. Un corps entaillé de partout, ayant subi des mutilations, des affaires laissées par le ou les coupables, c’est ce que la gendarmerie a trouvé dans la chambre de la victime, madame Sitti Hafsoit Dhoiffir Mohamed. Et plus tard des suspects.

Après des recherches, descentes et interrogations, le coupable est sorti du tas parmi les présumés. Le travail des officiers de police est compliqué. Encore une fois, ils ont montré leur aptitude de recherche face à un meurtre. « Dans la réalité, les enquêtes sont généralement moins dramatiques, et plus chaotiques que dans la fiction, mais dans les deux cas, leur cadre de travail repose sur l’information. Les indices que dévoilent ont tous un contenu informatif. Les enquêteurs s’intéressent particulièrement au type d’information que l’on appelle une preuve. De la scène de crime au procès, en passant par l’arrestation, la preuve est l’élément vital de toute enquête », explique un sociologue de la place. Pour comprendre, nous avons fait des recherches minutieuses sur tous les aspects liés aux crimes. Nous apprenons que « Si l’homicide volontaire n’a pas été prémédité, il s’agit d’un meurtre. Si l’homicide volontaire a été prémédité, il s’agit d’un assassinat ».

Le condamné à mort, doit-il fusiller ?

Dans la cour du palais de Justice de Mutsamudu, nous apprenons que « Il n y a pas d’infraction si trois éléments constitutifs ne sont pas réunis. Il y a l’élément moral, légal et matériel. Ces derniers sont si le délit est prémédité, est cité par le code pénal et s’il est vraiment commis ». Nombreuses personnes sont ceux qui réclament la peine de mort. Et dans tout ça, que ce qui nous apprend la Loi n°20‐038/AU du 29 décembre 2020 portant Code Pénal, Promulguée par le décret n°21‐018/PR du 16 février 2021 ? Dans son Article 4, on apprend que « Les peines criminelles sont : la mort, la perpétuité et la réclusion de dix à trente ans. Toute condamnation à une peine criminelle entraînera, de plein droit, la dégradation civique et l’interdiction légale. Le condamné à mort sera fusillé », lit-on. Ce sont en partie les attentes de la population et d’autres prônent pour la barbarie, être traîné et lynché par toute une population. La peine de mort sera-t-elle appliquer ? Doit-on nous attendre à un soulèvement populaire ?

Que nous apprend le parquet de la République sur l’enquête ?

Ceci dit, le procureur de la République, pour la deuxième fois en 6 jours après les faits. Mohamed Abdou Amane explique que « Son interpellation est le résultat de plusieurs investigations techniques et scientifiques par la géolocalisation et l’identification du téléphone Motorola appartenant à la victime. Il s’agit d’un jeune cambrioleur notoire, multirécidiviste, d’ailleurs, bien connu dans sa région et dans le milieu judiciaire », dévoile-t-il et précise que « Devant les enquêteurs, il a reconnu les faits qui lui sont reprochés et a donné le maximum des détails sur son mode opératoire. Il reconnaît également avoir volé deux téléphones portables de marque IPhone 13 et Motorola, de l’argent. Il a reconnu enfin que le sac noir abandonné dans la maison contenant des sandales et une clé, lui appartient. Il a précisé qu’après avoir pris la fuite, en cours de chemin, l’Iphone 13 est tombé par terre et s’est cassé. Pris par l’angoisse d’être attrapé, il est passé sur la route vers le magasin 7/7, et s’est caché dans une cour, sur des fleurs où il a caché l’iphone 13 puis a pris le chemin vers chez lui. Force est de rappeler que le présumé est retrouvé avec un tricot de couleur verte comme il a été bien décrit par le gardien pendant sa fuite. Et ajoute que « Pour ce qui est de la présente procédure, en raison de la gravité des faits et conformément à l’article 79, code de procédure pénale, s’agissant d’un crime, nous allons saisir un juge d’instruction pour l’ouverture d’une information judiciaire », confia-t-il.

Ahmed Zaidou

Lors d’une déclaration devant la presse nationale, le procureur de la République expose les faits qui ont survenu au meurtre, les preuves et le nombre de personnes en garde à vue. Il se réfère premièrement au rapport du médecin.

Le commandant de la gendarmerie, le directeur général du Cosep et des éléments de la brigade de recherches de Moroni sont à Anjouan. C’est suite à l’assassinat d’une mère de famille à Mutsamudu, lundi dernier, dans son domicile. 20 personnes en garde à vue. Un sociologue explique les raisons de la forte augmentation de la criminalité dans le pays.

Le parquet de la République a présenté en premier lieu ses condoléances à la famille de la victime après cet acte criminel et ignoble. « Dans la nuit du 26 au 27 juin 2022, aux environs de 1 heure du matin, madame SITTY HAFSOIT DHOIFIR, âgée de 50 ans, mère de 4 enfants a été victime d’un assassinat dans sa résidence située à l’intérieur de l’hôtel Johanna Linvingstone, sis à Chitsangani-Mutsamudu. Les faits ont été commis dans sa chambre à coucher et certains de ses biens sont volés parmi lesquels une somme de 500 000 kmf et son téléphone portable de marque Iphone 13.

Un transport sur le lieu est effectué au cours duquel un couteau présumé être l’arme du crime, un sac, des chaussures et des traces sont relevés et font l’objet des scellés », a fait savoir le procureur de la République. « Suivant le rapport médical délivré par le médecin ayant examiné la victime, plusieurs coups ont été observés au niveau de son coup jusqu’à la nuque, de la poitrine, du bras droit et sur l’avant-bras. Le travail technique effectué par les services compétents et les investigations menées par nos brillants et vaillants enquêteurs de la brigade des recherches, sous la supervision de la hiérarchie militaire et judiciaire, a permis d’identifier le téléphone portable volé et l’interpellation d’un individu qui le détenait », a-t-il ajouté.

Lors de la perquisition faite dans son ghetto, la coque du téléphone en question a été retrouvée sur la table avec la pochette. Après un ratissage et fouille sur le ghetto de cet individu, l’écran du téléphone recherché, a été retrouvé dans un endroit qui a servi à bruler récemment des ordures, selon le procureur de la République. On apprend également que « pour le moment, 26 personnes sont auditionnées dont 20 en garde à vue pour nécessités d’enquêtes ou et indices graves et concordants. Des investigations complémentaires sont toujours en cours afin de consolider les éléments de preuves recueillies et identifier toutes les autres personnes impliquées dans les faits incriminés ».

On suppose aussi que parmi le nombre de personnes en garde à vue, plusieurs étaient à l’enterrement. C’est là qu’on nous apprend que « l’auteur revient toujours dans la zone du crime et pour voir le tempérament sur ce qu’on sait et ce qu’on dit ». Un sociologue de la place, Nassuf Mohamed, explique la criminalité grandissante dans notre société. « Elle est liée à plusieurs facteurs : politique, économique, social, mais par-dessus tout culturel et éducatif. En effet, au-delà des clivages et causes immédiates, nous avons adopté une culture étrangère importée par différentes voies dont nous ne comptons pas nous y étaler au détriment de notre qui avait jadis pour socle une éducation coranique et spirituelle assidue », dit-il.

« Nous pouvons affirmer sans appel que notre pays a perdu cette notion de stabilité légendaire depuis que les écoles spirituelles s’adonnent plus à vivifier ce savoir qui apporte la paix, la stabilité. Oui, nous aurons compris, le seul moyen de combattre ce fléau est de revenir à la source », estime-t-il. Selon lui, la paix est notre plus grande richesse. Les valeurs acquises de la religion sont notre notice pour le bien-être collectif. Les écoles spirituelles sont notre gage de paix, de stabilité et de prospérité. « Nous avons cessé de donner à nos enfants, l’éducation à laquelle nous avons eu droit. Ainsi, nous récoltons les aléas de cette éducation de plus en plus permissive », regrette-t-il. Sur les réseaux sociaux, notamment Ndzuani info, on affiche des photos de personnes qui seraient les potentiels suspects et auteurs du crime.

Ahmed Zaidou